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Comment les collégiennes et lycéennes ont-elles préparé le #Lundi14Septembre ?

Les élèves de tous les lycées de France ont été invitées à contrer les dress-codes de leurs établissements scolaires et à venir habillées comme elles le voulaient. Leur but ? Dénoncer le sexisme effrayant et culpabilisant qui perdure dans les collèges et lycées.

Être une femme, c’est être insultée. Régulièrement. Gratuitement. Dans la rue, par exemple, parce qu’on a eu le malheur de porter un décolleté ou un short par 34°C… L’espace public n’est pas toujours un endroit sûr. Et malheureusement, les collèges et lycées ne sont pas vraiment mieux.

Puisque l’objectif de l’école est d’apprendre, on pourrait croire que c’est tout ce qui compte : l’éducation, et non l’apparence physique des élèves. Mais c’est loin d’être le cas, puisque de nombreux établissements scolaires en France imposent des dresscodes qui ciblent majoritairement (si ce n’est uniquement) les filles, jusqu’à refuser l’entrée à celles qui oseraient montrer « un peu trop » de peau.

Le lundi 14 septembre 2020, un mouvement de grande ampleur a été initié. Ce n’était plus seulement l’initiative d’un établissement ou d’un groupe de personnes dont il était question : c’était de la France entière.

#Lundi14Septembre lance une lutte contre les dresscodes sexistes dans les lycées

Les filles de tous les lycées français ont été invitées à rejoindre le mouvement, qui fait parler de lui sur les réseaux sociaux avec le hashtag #Lundi14Septembre.

Les garçons étaient évidemment également invités à soutenir leurs camarades et même à porter eux aussi les fameux vêtements interdits par les dresscodes (qui varient selon les établissements).

Sous ce fameux hashtag, on trouve un flot de tweets encourageants ainsi que des marques de sororité.

Bien sûr, on y voit aussi des critiques négatives venant de gens qui n’ont toujours pas réalisé que la manière de s’habiller, ça ne regarde personne d’autre que soi-même ; que le fait même d’imposer des règles vestimentaires strictes est une aberration, qui plus est à un âge où l’on se cherche en tant qu’individu !

EH BIEN ON DEVRAIT, beberekt, aller en réunion gouvernementale en crop top ! Est-ce que ça nous empêche de bosser ? Non. Et si ça « déconcentre » les hommes, alors c’est eux qu’il faut éduquer.

Certains pensent aussi que s’habiller « normalement » à quelconque signification, comme si, finalement, ce n’était pas totalement subjectif.

Les dresscodes comme moyen de contrôler les femmes

Les dresscodes sexistes dans les collèges et lycées font l’objet d’un débat régulièrement évoqué dans les médias. Sur madmoiZelle, de nombreux articles ont été écrit sur le sujet, donnant la parole à celles et ceux qui ont décider de se soulever contre ces mesures ridicules.

On en arrive au point où certaines filles ne peuvent porter ni jupe, ni short, ni dévoiler leurs épaules. Leurs ÉPAULES ! La question se pose : est-ce que ces dresscodes à sens unique ne seraient pas là pour exercer un contrôle sur les femmes ?

Sophie Barre, coordinatrice du mouvement féministe #NousToutes, explique à madmoiZelle :

Le vêtement est une manière matérielle, concrète, de réduire les femmes à une forme d’obéissance, et véhicule la « culpabilité » supposée des femmes dans les agressions qu’elles peuvent subir.

À la fois on les assigne à être des objets de désir, à la fois on leurs met des injonctions à ne pas être trop sexuelles…

Une vraie gymnastique mentale impossible à maintenir, surtout quand on est entourée de femmes sexualisées, dénudées. Sophie Barre poursuit :

Nous vivons dans un monde où la publicité et le marketing reposent sur la sexualisation des femmes. Les corps féminins sont dépersonnalisés — souvent il s’agit même de femmes-troncs — et très souvent nus. Donc il faudrait se cacher au collège, mais voir des femmes dénudées sur les abribus ?

Sans oublier que le porno est très accessible.

Au final, les femmes ne peuvent pas gagner. La ligne parfaite entre ce qui va être perçu comme correct et féminin et ce qui va être jugé provocant n’existe pas.

L’injonction féminine, c’est de porter du maquillage, de jolis bijoux, d’être bien coiffée… Sauf que si on va trop loin, on passe de « pas une vraie femme » à « tu es une salope ».

Les lycéennes vivent sur la corde raide : « il ne faut pas être prude, mais ne pas être une fille facile ». Les injonctions contradictoires les assaillent de toutes parts.

S’il est important que cette révolte des lycéennes ait lieu, c’est parce que la tenue vestimentaire est au cœur de beaucoup de combats féministes, selon la coordinatrice de #NousToutes.

C’est un combat qui englobe aussi la culture du viol et la culpabilisation des victimes. Toutes les femmes peuvent être considérées comme potentiellement responsables du désir des hommes… Alors que le problème, ce ne sont pas les victimes mais bien les agresseurs.

Certaines femmes ont aussi profité de cette mobilisation pour évoquer le port du voile, et c’est ainsi que #Gardetonvoile a rebondi sur #lundi14septembre.

Bien que dans ce cas précis, ce soit une règle dictée par la loi et non seulement par les dress-codes qui varient selon les écoles, il s’agit d’une énième interdiction qui ne concerne que les femmes.

Les dresscodes sexistes insultent les filles et les garçons

La raison qui revient souvent pour justifier la mise en place d’un dresscode, c’est que les tenues des filles déconcentreraient les garçons. Ces fameux garçons incapables de se contrôler, qui ne pourront pas étudier correctement s’ils sont distraits par une camarade de classe qui aura eu le malheur de porter un top à bretelles !

Sophie Barre rappelle que les garçons reçoivent eux aussi leur lot d’injonctions (« cacher leurs émotions, séduire, être doués en sport… ») mais que les règlements intérieurs ne s’intéressent que rarement à leur look et leur apparence physique.

Ces règles vestimentaires sont d’une part extrêmement rabaissantes pour les garçons qui sont réduits à des hormones sur pattes, et d’autres part toxiques pour les femmes, auxquelles on fait comprendre que chaque recoin de leur corps peut générer une pulsion sexuelle chez un homme dont elles seront tenues responsables.

Les dresscodes enseignent aux plus jeunes que le corps d’une femme est un objet de désir, et qu’une fille devrait gérer sa tenue en fonction des réactions qu’elle pourrait provoquer chez un garçon. De quoi élever des harceleurs sexuels en puissance et des victimes qui sont blâmées pour ce qu’elles ont « bien cherché »…

Et tout ça, sans même parler du fait que ces idées reçues sont incroyablement hétéronormées, puisqu’elles partent du principe que les garçons sont forcément attirés sexuellement par les filles.

Les dresscodes sont sexistes et « anti-jeunes »

Comment reconnaître un dresscode

qui n’est PAS sexiste ? Toujours selon Sophie Barre, un règlement vraiment égalitaire ne doit pas mentionner le genre des personnes concernées.

On pourrait imaginer un établissement où les règles seraient : portez une tenue qui correspond à ce que portent les adultes travaillant en entreprise. Les gens savent à quoi cela correspond, et le règlement concernerait alors les garçons comme les filles.

Mais actuellement, ce n’est pas le cas. Les garçons peuvent venir en T-shirt de foot sans problème, alors que ça ne correspond pas à un vêtement correct d’entreprise !

C’est de la mauvaise foi de prétendre que les critères imposées aux filles correspondent juste à une « tenue correcte en entreprise ». Ce n’est pas ce qu’on exige des collégiennes et lycéennes.

Au final, sur ce quoi se basent donc ces dresscodes pour décider de ce qui est correct ou non ? La coordinatrice de #NousToutes explique à madmoiZelle que selon elle, ces dresscodes témoignent, en plus du sexisme, d’un côté « anti-jeunes ».

Pour prendre l’exemple du crop top : c’est une pièce qui est caractéristique du vestiaire des adolescentes. C’est intéressant d’étudier ce vêtement, car souvent, les filles le portent avec un jean et des baskets. Elles montrent certes leur nombril, mais pas leur jambes ni leurs pieds…

Les femmes qui enseignent portent parfois des jupes au-dessus du genou, et elles en ont le droit puisque le règlement ne s’adresse qu’aux élèves. Et historiquement, les jambes, les chevilles ont été plus sexualisées que le ventre ! Donc c’est absurde d’interdire un crop top qui dévoile le nombril, « zone neutre », mais de ne rien dire devant une prof aux jambes nues.

Et c’est sans parler de l’impact que ce genre de règles peut avoir chez une adolescente.

J’essaye de me mettre dans la peau d’une fille qui a fait du shopping, a acheté un crop top, et se rend au lycée avec, en toute innocence, toute contente…

Bien sûr que certaines filles ont envie d’être jolies, voire de séduire, mais pas dans un sens sexuel ! Elles ne choisissent pas leur tenue de cours pour « faire bander les garçons » !

Alors se faire convoquer dans le bureau du proviseur qui lui déclare que sa tenue peut exciter les garçons, c’est humiliant. Elle peut rentrer chez elle en ayant quelque chose qui s’est cassé, en elle, d’avoir été sexualisée ainsi.

Et justement, c’est la sexualisation des adolescentes par les adultes qui est l’un des points alarmants de ce genre de règles vestimentaires.

Les dresscodes sont des exemples de la sexualisation des enfants par les adultes

Tout cela met en lumière un aspect préoccupant de ces débats sur les dresscodes.

Ce sont les ADULTES qui décident que les vêtements des FILLES MINEURES sont « à connotation sexuelle ». Car ce ne sont pas les adolescents en cours avec elles qui viennent s’en plaindre. C’est le personnel éducatif !

Pire encore, Sophie Barre rapporte que cette sexualisation commence extrêmement tôt :

J’ai une amie qui a été convoquée par une institutrice lui expliquant que sa fille de 10 ans, qui commençait à peine à être formée, devait porter des brassières parce que la vue de ses tétons « perturbait les garçons ».

Dès l’enfance, on commence à mettre dans la tête des garçons que leur camardes peuvent être des objets sexuels, alors que sans cette intervention des adultes, ils n’y auraient pas forcément pensé d’eux-mêmes.

Les adultes à l’origine de ces règles vestimentaires sexistes véhiculent des préjugés obsolètes dont la société française n’est toujours pas venue à bout en 2020 :

Ce sont en effet les adultes qui ont des présupposés profondément ancrés sur la nature impulsive des hommes (lesquels seraient incapables de se contrôler) et sur les filles (qui seraient des tentatrices, des dangers).

Ces idées reçues sont dangereuses puisqu’à cause d’elles, les garçons peuvent être amenés à devenir des agresseurs, et les filles agressées à se sentir coupables alors qu’elles n’ont rien fait.

Une lycéenne se dresse contre un dresscode sexiste

Une élève qui étudie au lycée Borda, à Da,x a créé jeudi le compte Instagram @borda_revolte, après avoir vu l’affiche sexiste de trop collée à l’entrée de son établissement scolaire. Voici un petit échantillon du dresscode :

dress code affiches

L’adolescente a souhaité rester anonyme, mais parle à madmoiZelle de son initiative :

Comme d’habitude, ces règles imposées par mon lycée ne concernaient que les femmes.

J’ai donc créé le compte Instagram ; dès le lendemain, il y avait déjà 800 abonnés, et des personnes avaient lancé un hashtag, #bordanombrilchallenge.

Si les filles ne respectent pas ces règles, elle risquent des punitions et sont forcées de se couvrir d’une veste qu’on leur prête, malgré la chaleur estivale.

Ils nous donnent un énorme manteau pour nous cacher.

Au début, c’était surtout des remarques sexistes, du genre : « Tu ne peux pas porter de débardeur à cause de ta grosse poitrine ». Mais depuis peu, ils nous mettent des punitions, des avertissements et appellent nos parents…

Mais ils n’ont pas le droit d’après la loi : ils peuvent exiger d’une tenue, mais pas aller jusqu’à nous punir si on ne le fait pas.

La lycéenne a décidé de se rendre au lycée en crop top : un vrai acte politique. Comment le personnel éducatif a-t-il réagi ?

Aujourd’hui, le proviseur était à l’entrée pour regarder nos tenues, et la CPE m’a envoyé un message pour me convoquer afin de s’entretenir avec moi. Mais j’ai refusé, sauf si je pouvais venir avec d’autres élèves.

On a déjà essayé d’échanger avec le personnel, mais ils sont très fermés. Il prétendent qu’on ne veut pas respecter les consignes parce qu’on « veut juste faire un défilé de mode », qu’on est pas à la plage, etc. C’est vraiment compliqué de dialoguer avec eux, ils sont beaucoup sur la défensive.

 Aujourd’hui, ils menacent même de porter plainte contre certains élèves.

Avec d’autres lycéens et lycéennes, cette jeune fille a donc créé une pétition, collé des affiches, et décidé de porter des tenues encore plus courtes que celles qui sont interdites ! Une manifestation a aussi eu lieu ce lundi 14 septembre :

La manifestation d’aujourd’hui n’a pas eu une grande ampleur, même si des journalistes sont venus nous interviewer et nous prendre en photo. Mais on recommence demain.

J’interroge mon interlocutrice sur la place des garçons dans ce combat.

Au début, les garçons n’ont pas vraiment réagi, mais ensuite j’ai reçu beaucoup de messages de lycéens qui soutenaient la cause, qui me disaient qu’ils allaient venir en débardeur…

Certains ont été assez réceptifs et m’ont envoyé des dessins et des photos pour mon compte Instagram.

Au sujet des garçons qui soutiennent les filles, Sophie Barre m’explique qu’elle a beaucoup d’espoir :

J’aimerais bien entendre des garçons qui se révoltent aussi. J’aimerais les entendre dire : « Arrêtez de les emmerder, on est pas des agresseurs, on est capable de se concentrer en cours ! » ou « Ne nous donnez pas de leçon avec votre ministre agresseur ! »

Les lycéennes semblent décidées à faire entendre leur voix, qui se fait de plus en plus forte, alors que c’est la France entière qui lutte contre les dresscodes sexistes avec le mouvement #Lundi14Septembre.

L’étudiante du lycée Borda a d’ailleurs grandement nourrit le mouvement en créant son compte @borda_revolte, qui a pris de plus en plus d’ampleur à mesure qu’est passé le week-end. À ce jour, il compte plus de 2000 abonnés.

Le mouvement initié au lycée Borda de Dax n’est pas un feu de paille : l’élève à son origine est déterminée.

On va continuer tous les jours. J’aimerais aussi que le compte Instagram s’ouvre à plus de lycées, car d’autres établissements de France sont dans le même cas : je reçois beaucoup de messages d’élèves qui étudient ailleurs.

Ce que j’espère, c’est que tous les lycées s’unissent et se battent, pour qu’on nous laisse être libres de nos choix et de nos tenues.

L’adolescente ajoute qu’elle souhaite faire du lycée, censé être un espace sûr, un endroit plus accueillant :

Ce n’est pas normal qu’on nous interdise ça en cours, alors que dans la rue, une femme ne se sent déjà pas bien… Le lycée, c’est le seul endroit ou on est censées se sentir en sécurité.

Quand les adolescentes éduquent les adultes

Pour Sophie Barre, #Lundi14Septembre est une source d’espoir et de progrès :

Il y a un enjeu important de formation des adultes. Plein de grandes personnes vont aujourd’hui prendre une grosse claque !

S’il n’y avait que trente filles dans un lycée qui se révoltaient, ils pourraient encore les punir, prétexter que ce n’est qu’une bande de rebelles.. Mais si ça devient la majorité, comment vont-ils les sanctionner ? Ça va les prendre de plein fouet comme une déferlante.

Ce que font ces filles est extrêmement courageux, elle vont avoir un impact énorme. J’ai envie de leur dire : « Bravo et merci, vous êtes entrain de vous frayer un chemin, à la force de votre corps et de votre garde-robe ».

Face aux actualités de ce type, on peut parfois avoir l’impression que c’est de pire en pire, ce qui est bien heureusement faux : le fait que les inégalités de genre soient plus que jamais au cœur des débats montre au contraire que les femmes ne supportent plus de courber l’échine. Elles décident de sortir du silence, de se révolter.

Prendre conscience de la dure réalité peut avoir un effet pesant, mais c’est bel et bien une avancée. Sophie Barre confirme :

Dans mon établissement, il y a deux ans, on a eu des élèves recadrées parce qu’elles portaient des crop tops, mais il n’y a eu aucune rébellion : elles sont rentrées dans le rang, réduites à l’obéissance, alors que même leurs mères les ont défendues.

Et deux ans plus tard, dans un lycée voisin, il se passe la même chose, mais la réaction est bien différente. Aujourd’hui, les filles n’ont plus la patience et se rebellent. Même certains professeurs soutiennent les élèves ! En deux ans ça a bougé, et ça me donne beaucoup d’espoir.

Les femmes parlaient déjà, mais la société a les oreilles qui se débouchent, et leur parole commence à être entendue.

La révolte contre les dresscodes stricts des établissements scolaires recueille un écho qui est aujourd’hui en train de prendre une ampleur nationale, car se réapproprier son corps et ses vêtements, c’est un enjeu féministe.

Comment former les ados à l’égalité ?

#NousToutes milite pour un brevet basé sur le modèle du brevet de sécurité routière :

Les gens respectent les limites car ils les ont apprises. C’est dans la loi. Et nous pensons que la non-violence s’apprend, donc on pense que dès l’école, il faudrait former les jeunes et les professeurs.

Il y a plein de gens dans l’Éducation nationale qui savent le faire, il faut juste libérer des heures… Mais aucune politique ne le prévoit.

Aujourd’hui, il existe un ou une « référent·e égalité » dans les établissements scolaires, mais bien que ce soit dans la loi, il n’y en pas tant que quelqu’un ne se porte pas bénévole. C’est ce que Sophie Barre a fait dans l’établissement où elle-même travaille, car « Il n’y a aucune démarche pour aller demander si certains veut bien le faire ».

Pour se renseigner davantage sur ces problématiques, l’experte #NousToutes conseille le centre Hubertine Auclert, plein de ressources et d’outils sur les sujets d’égalité.

Tout comme Sophie Barre, je suis hyper fière de voir ces jeunes personnes si courageuses lutter pour leurs droits et faire entendre leur voix. J’espère que ce mouvement aura l’ampleur qu’il mérite et fera bouger les choses.


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Les Commentaires

39
Avatar de Coco.lalie
24 septembre 2020 à 13h09
Coco.lalie
Pour prendre l’exemple du crop top : c’est une pièce qui est caractéristique du vestiaire des adolescentes. C’est intéressant d’étudier ce vêtement, car souvent, les filles le portent avec un jean et des baskets. Elles montrent certes leur nombril, mais pas leur jambes ni leurs pieds…

Les femmes qui enseignent portent parfois des jupes au-dessus du genou, et elles en ont le droit puisque le règlement ne s’adresse qu’aux élèves. Et historiquement, les jambes, les chevilles ont été plus sexualisées que le ventre ! Donc c’est absurde d’interdire un crop top qui dévoile le nombril, « zone neutre », mais de ne rien dire devant une prof aux jambes nues.

Je voulais revenir sur ce passage notamment parce qu'il est complètement faux.
Déjà, en tant que prof, bien sûr qu'on peut aussi se prendre des remarques sur notre tenue de la part de la direction de l'établissement : pendant mon année de stage, les inspecteurs avaient même insisté sur le fait que ça faisait partie des critères d'évaluation de notre compétence, que les débardeurs et autres tenues aux épaules apparentes ou aux jambes trop dévoilées n'étaient pas acceptées. Et on est également soumis à des règles, on est dans notre environnement professionnel donc non, on ne vient pas en crop-top ou en mini-jupe, même si ce sont des pièces de notre garde-robe habituelle. Cela ne me semble même pas absurde qu'on demande aux professeurs d'avoir une tenue "professionnelle", de même qu'on a un positionnement et une attitude professionnels face aux élèves (on ne leur tape pas la bise, on ne dit pas de gros mots, on doit utiliser un vocabulaire et une syntaxe corrects, on ne doit pas présenter nos opinions personnelles, etc.)
Ensuite, sous-entendre voire dire que les règlements intérieurs sont par essence sexistes, c'est de moins en moins vrai (et heureusement d'ailleurs !). Dans l'établissement dans lequel je suis actuellement, on refuse les jeans troués, les sous-vêtements apparents et le torse apparent ainsi que les tongs/claquettes, pour les filles comme pour les garçons, pour des raisons de sécurité pour les chaussures, pour des raisons de "professionnalisme" pour les vêtements. Et quand on explique aux élèves que c'est leur lieu de travail et que, même s'ils ont une certaine liberté, ils doivent respecter un certain nombre de codes, ça passe très bien.
Enfin, dire que le nombril n'est pas sexualisé, c'est à côté de la plaque. En effet, je me souviens dans "Le Guépard" de Lampedusa, le héros Fabrizio s'énerve parce que sa femme lui fait une scène pour sa maîtresse et l'un des arguments qu'il donne est justement que sa femme est tellement prude qu'il n'a jamais vu son nombril, ce qui lui semble fou après 20 ans de mariage et 7 enfants. De même, dans un roman plus récent, "La Consolante" de Gavalda, le narrateur évoque un moment difficile avec sa belle-fille adolescente justement qui veut mettre des hauts courts et il y a tout un passage sur "l'intime" du nombril et ce corps à ne pas sexualiser et vouloir séduire trop vite. Je peux photographier les passages pour celles et ceux que ça intéresseraient. Le nombril, c'est hyper intime, c'est notre premier lien au monde, c'est finalement la première chose qui se construit quand on est in utero puisque c'est ce qui permet l'alimentation, donc dire que c'est une "zone neutre" et que c'est rien du tout, je trouve que c'est abusé.

Pour conclure, je suis toujours scandalisée de voir certains établissements abuser ainsi du règlement intérieur et je suis admirative de ces élèves qui se battent pour leurs droits !
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