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Avec sa marque Skims, Kim Kardashian s'affirme comme l'égérie du shapewear taillée pour les années 2020.jpg // Source : Capture d'écran Instagram de Skims
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Pourquoi le boom du shapewear n’a rien de bodypositive (sans surprise)

Passé d’outil fonctionnel et ergonomique pour soutenir le corps à tendance mode pour contraindre la silhouette aux standards de beauté dominants, le shapewear peut évidemment causer plus de mal que de bien quand on en abuse.

À quel moment l’imaginaire collectif a cessé de voir les gaines et les corsets comme des instruments de torture, pour les considérer désormais comme des pièces mode comme les autres ? Qu’on le pense soi-même ou non, et qu’on le veuille ou non, les sœurs KardashianJenner et leur télé-réalité ont beaucoup à voir là-dedans. On les voit en effet porter dans leur émission ce genre de pièces à longueur de journée, que ce soit pour des séances de sport ou sous des robes du soir. Kim Kardashian en particulier en a même fait un business désormais évalué plus d’1 milliard de dollars : Skims.

Avec sa marque Skims, Kim Kardashian s'affirme comme l'égérie du shapewear taillée pour les années 2020.jpg // Source : Capture d'écran Instagram de Skims

Comment le shapewear est devenu à la mode

Pour les années 2020, on ne parle donc plus de gaines ou de sous-vêtements amincissants, mais de shapewear. Seulement, la réalité reste la même : le contrôle, la discipline du corps, en particulier des femmes. Et vu le succès de Skims par Kim Kardashian, toutes les marques ou presque lui ont emboîté le pas, y compris d’autres célébrités comme Lizzo avec Yitty, mais aussi des poids lourds de l’ultra fast fashion comme PrettyLittleThing, ce qui devrait nous inquiéter. Car le shapewear ne s’improvise pas, et peut même blesser lorsqu’il est vite fait, mal fait…

À ce sujet, le média britannique The Independent vient d’interroger Karolina Laskowska, créatrice de lingerie et directrice des archives de sous-vêtements du Underpinnings Museum (un musée en ligne dédié aux sous-vêtements) sur le dévoiement du shapewear. Historiquement, l’ancêtre du shapewear remonterait au XVIe siècle, pour soutenir le corps à la manière des soutiens-gorge contemporains, d’après l’experte :

« Le corsage était surtout là pour offrir un soutien du buste et du dos aux femmes qui travaillaient. Ces pièces se voulaient fonctionnelles et ergonomiques, plutôt que axées sur les tendances. »

Il faut attendre les années 1960 et l’invention du lycra pour créer les premiers tissus extensibles, et donc pouvoir passer d’une corseterie structurée de façon relativement rigide à des sous-vêtements élastiques. La première marque à connaître le succès grâce à ce type de produits serait la griffe britannique Silhouette, avec sa ceinture gainante « Little X Girdle ». Bien plus tard, l’entreprise états-unienne Spanx, fondée en 2000 cartonne tellement, qu’elle devient même synonyme de gaines dans une partie de l’imaginaire collectif.

L’abus de shapewear est dangereux pour la santé mentale et physique, à enfiler avec modération

Sauf qu’entre-temps, le rôle du shapewear consiste de moins en moins à soutenir le corps et de plus en plus à le contraindre à des idéaux esthétiques. Quand des marques contemporaines qui n’ont aucun savoir-faire en la matière s’y mettent, on risque donc de se causer des problèmes de santé, comme des soucis de circulation sanguine.

Victoria Kleinsman, experte en estime de soi également interrogée par l’Independent, voit de plus en plus de clientes lui faire part de pressions ressenties à l’idée de porter du shapewear pour afficher une silhouette tendance, comme s’il s’agissait d’un filtre Instagram pour la vraie vie :

« Cela arrive parfois au point où il fait affreusement chaud dehors, et elles portent quand même des vêtements en spandex, se sentent inconfortables, mais ont trop peur de ce que les gens pourraient penser de leur véritable silhouette. »

Selon elle, cette tendance peut causer des soucis de santé physique et mentale, à commencer par entretenir l’insatisfaction corporelle. Alors que les équivalents de la marque Skims pullulent auprès des pires marques en termes d’éthique, on peut donc s’interroger sur la popularité grandissante de ce genre de sous-vêtements et ses dérives.

Sans inviter à brûler toutes les gaines qu’on croise, on peut commencer par se rappeler qu’on ferait peut-être mieux de les réserver à des occasions très particulières comme un mariage, plutôt qu’au quotidien, au risque d’en faire le meilleur accessoire mode d’autosurveillance et de punition.


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Les Commentaires

3
Avatar de Chris028
10 juillet 2023 à 10h07
Chris028
en ce qui me concerne , marre de la dictature envers le corps des femmes ! moi seule décide de ce qui est bon pour moi ou beau à porter ! j' ai 59 ans et je suis grosse , et je mets des robes , des motifs , des couleurs , des transparences , de la dentelle , et plus de soutien gorge depuis 1 an , mais des jolis caracos ou des combinettes amples , vive la liberté ! que ceux ou celles qui trouvent ça moche regardent ailleurs !
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