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« Le verdict tombe, je fais une résistance à la péridurale » : Elsa raconte son accouchement

Ah, l’accouchement. Ce moment si spécial, flippant et transformateur. Parfois rêve, parfois cauchemar, souvent un peu des deux… Chaque semaine, dans Poussez Madmoizelle, une personne raconte son accouchement.
  • Prénom : Elsa
  • Âge : 29 ans au moment de son accouchement
  • Bébé attendu le : 25 octobre
  • Bébé arrivé le : 19 octobre
  • Stats : 51,5 cm pour 3kg280

L’année de nos 28 ans, mon conjoint et moi avons commencé à nous demander si le job de parents pourrait nous plaire. Lorsque nous nous sommes sentis prêts, nous avons arrêté notre contraception et je suis tombée enceinte relativement vite, quelques mois après. Mais nous avons perdu le bébé à trois mois de grossesse : le jour de l’échographie, nous avons appris que son cœur ne battait plus.

Ce moment a été très difficile, et nous avons été réticents, pendant quelque temps, à l’idée de retenter l’expérience.

Une grossesse inquiète après une fausse couche

Quand je suis tombée enceinte à nouveau, quelques mois plus tard, notre réaction a été mitigée. Si nous étions très heureux de voir le petit plus apparaître sur le test, le spectre de l’expérience de la fausse couche a rapidement fait son apparition et ne nous a plus quittés  de toute ma grossesse.

Pour moi, ce sentiment a commencé à s’estomper après quelques mois, lorsqu’Héloïse a commencé à se manifester dans mon ventre. Mais mon compagnon, qui n’avait pas ces ressentis physiques pour se rassurer, est resté assez anxieux.

Toujours est-il qu’après avoir vomi joyeusement tous les jours durant le premier trimestre, j’ai eu une très belle grossesse. Étonnamment, je n’ai jamais eu peur d’accoucher. J’avais une certaine résilience face à cet acte incroyable : depuis la nuit des temps, bien des personnes avaient réussi à enfanter avant ma petite personne, alors pourquoi pas moi ? Mon seul désir néanmoins était de tenir le maximum sans la péridurale… Et pourquoi pas, de faire sans — sur ce point j’ai été exaucée !

Le jour des premières contractions

J’ai passé toute ma grossesse persuadée que ma fille arriverait aux alentours du 18 octobre, sans pouvoir me l’expliquer. Ce jour-là, mon compagnon est parti travailler en embarquant par inadvertance mon téléphone portable. Je lui ai envoyé un mail catastrophé : et si c’était pour aujourd’hui ? Cet acte manqué a poussé Julien à revenir à la maison et à télétravailler… Et heureusement puisqu’à 19 heures, les premières contractions sont arrivées. 

Je m’étais levée pour aller préparer une tarte ricotta-épinards lorsque j’ai senti des douleurs de règles dans le bas ventre. Je n’y ai pas vraiment prêté attention car, vous le savez peut-être, en fin de grossesse, on a souvent mal un peu partout. Et parmi ces douleurs, il y a les fameuses contractions de Braxton-Hicks.

Ces contractions ont duré bien plus longtemps que d’habitude. Mon compagnon a commencé à en contrôler la fréquence, qui se rapprochait. 15 minutes, puis 10 minutes.

Vers 22h30, les contractions sont passées à toutes les 5 minutes. Nous avons pris un taxi pour nous rendre à la maternité, et à 23 heures, j’ai été accueillie par les sages-femmes. Elles m’ont installée dans une salle pour me poser un monitoring afin d’écouter les battements du cœur de ma fille. Après vérification du col de mon utérus, j’étais ouverte à 1,5 centimètre. Beaucoup trop peu pour passer à l’étape suivante, mais suffisamment pour affirmer que ma fille était décidée à nous rejoindre ! 

Dans la salle nature de la maternité

Nous avons déambulé dans les couloirs de l’hôpital pendant une bonne heure et demie, pour faire jouer la gravité, avec une pause toutes les 5 minutes pour que je puisse gérer mes contractions, qui maintenant, m’empêchaient de marcher.

Après un retour pénible au service maternité et une auscultation, j’avais gagné un bon centimètre, presque deux ! J’ai donc pu rejoindre la « salle nature », une particularité de la maternité publique de Nanterre, qui a pour spécificité de favoriser les accouchements physiologiques et d‘éviter autant que possible le recours aux instruments (la maternité a un faible taux de recours aux épisiotomies, par exemple).

Dans cette salle, plein d’objets sont à disposition pour favoriser le travail : une baignoire, des bandes de tissus auxquelles se suspendre comme une balançoire, des ballons, des chaises spéciales pour se faire masser par son ou sa partenaire… Tout dépend du projet de naissance de chaque personne ! Moi, j’ai commencé par prendre un bain.

Là, j’ai perdu la notion du temps. Mon corps a pris les choses en mains et je suis entrée dans un état particulier, mi actrice, mi spectatrice de la situation. Mon corps m’ordonnait de prendre des positions improbables, que j’exécutais instinctivement en émettant toujours des sons qui pouvaient s’assimiler aux râles d’un animal blessé.

Les contractions m’envahissaient, je les accueillais comme des vagues que je chassais en faisant des hmmmm et des ommmm. J’ai alors demandé à mon compagnon de m’aider à sortir de l’eau car je commençais à avoir un peu froid, il m’a enveloppée dans une serviette avant de m’aider à rejoindre une sorte de lit.

Les contractions montaient encore en intensité et j’ai commencé à me sentir pâteuse. L’étudiante sage-femme qui nous suivait est arrivée juste à temps pour me donner un réceptacle dans lequel j’ai vomi l’intégralité de mon repas du soir (bye-bye la tarte ricotta épinards, quel gâchis, me dis-je).

« C’est la douleur » , a-t-elle expliquée à Julien, perturbé par cet interlude des plus glamours.

La douleur augmente, et j’accepte la péridurale

Mon compagnon m’a ensuite aidée à me diriger vers des tissus suspendus auxquels je me suis agrippée comme si ma vie en dépendait pendant plusieurs heures. La sensation de flotter que me procurait ces tissus m’a fait un bien fou pendant un moment, jusqu’à ce qu’ils ne soient plus efficaces face à la douleur grandissante. Les contractions devenaient très difficiles et le répit entre chacune d’entre elles s’était réduit à environ trois minutes. 

Nous en étions à environ 8 heures de travail. Mon col de l’utérus maintenant ouvert à presque 4 centimètres, la sage-femme m’a proposé la pose d’une péridurale. Le travail sera encore long, et j’ai peur de ne plus avoir assez d’énergie pour la poussée finale : j’accepte. 8 heures sans péridurale, c’était déjà pas si mal pour une première fois.

Le chemin pour arriver en salle de naissance m’a paru interminable tant la douleur me coupait le souffle. Me voilà instinctivement accroupie en plein milieu du couloir, les fesses à l’air (merci la blouse d’hôpital), appuyée contre une porte. Les sages-femmes m’encouragent : « C’est ultra physio cette position, continuez ! »

Je pousse encore des râles d’animal meurtri quand la porte s’ouvre et manque de m’assommer. « Attention, ma compagne est derrière ! », crie Julien tout en retenant la porte. J’aurais eu l’air fière avec quelques dents en moins pour la rencontre avec ma fille ! Déjà que ma dignité était partie se faire un petit café depuis ma promenade nocturne dans les couloirs…

Les effets de la péridurale se dissipent

J’arrive enfin dans la salle de naissance et me hisse comme je peux sur la table. L’anesthésiste arrive, m’explique la position que je dois adopter (assise, à faire le dos rond), et attend un répit entre deux contractions pour me piquer. Mon partenaire, qui avait quitté la pièce, peut me rejoindre et en l’espace de quelques minutes la douleur semble lointaine. Je me sens revivre. 

Cette bulle d’apaisement a duré environ deux heures. 

Ensuite, la péridurale a commencé à ne plus faire effet. L’étudiante sage-femme qui venait régulièrement me voir est allée chercher une de ses consœurs pour que celle-ci vienne ajouter du produit dans ma péridurale afin d’en relancer ses effets. Après une première tentative peu concluante, on m’envoie un second shoot.

Toujours rien.

Un petit troisième ? Encore un échec… Au bout de la quatrième tentative non fructueuse, la sage-femme en chef décide d’appeler l’anesthésiste pour me faire poser une seconde péridurale.

peridurale_elsa_accouchement
Photo personnelle d’Elsa

Je fais une résistance à la péridurale

On fait ressortir Julien et au bout que quelques minutes, une autre anesthésiste arrive. On me met en position pour me piquer à nouveau, sauf que cette fois-ci, l’intervention est plus musclée.

En effet, je n’ai plus aucun répit entre les contractions et je suis incapable de reprendre mon souffle, ou de faire le dos rond. L’étudiante sage-femme se positionne devant moi, une auxiliaire puéricultrice de chaque côté, et c’est à trois qu’elles me maintiennent en position.

Je manque de déboîter l’épaule de la pauvre étudiante et m’excuse mille fois. L’anesthésiste arrive enfin à me piquer et nettoie le bas de mon dos en me disant que ça y est, je serai bientôt soulagée

Mais peu de temps après je ressens le contact froid de l’alcool qui désinfecte mon dos et ses mouvements pour nettoyer à l’aide du coton. Je le lui dis. L’anesthésiste me regarde incrédule et commence à tester ma sensibilité. Je peux lui dire exactement où elle pose ses mains, ce qu’elle fait.

Le verdict tombe : « Vous faites une résistance au produit, je suis désolée, je ne peux plus rien faire. »

Je n’ai pas peur de la douleur, et je me dis que si les choses se passent comme ça, c’est que mon corps en a décidé ainsi.

La douleur qui est de plus en plus intense m’épuise. On m’apporte un masque avec de l’oxygène et on me le place sur le visage. On me dit de me concentrer sur ma respiration. Ce moment fort sympathique dure 45 minutes.

Julien est toujours de l’autre côté de la porte et il ne supporte plus mes hurlements. Sans informations, il s’imagine le pire. Quand enfin, on le laisse me rejoindre, il manque de s’évanouir lorsqu’il me voit apparaître avec un masque à oxygène vissé sur le visage. 

L’épuisement qui arrive

On lui explique qu’un gaz hilarant est mélangé à l’air pour me soulager un peu. Durant tout ce temps, je refuse que l’étudiante sage-femme parte, il faut qu’elle reste avec Julien et moi, c’est important pour moi, je lui fais confiance. Elle reste à mes côtés, me réconforte et m’encourage par des paroles apaisantes.

Je fais une déclaration d’amour à Julien. À l’étudiante sage-femme aussi. Je vomis. Je hurle que la petite pousse. La poche des eaux se rompt. 

Mon cœur s’emballe, et mon partenaire a peur car il a les yeux rivés sur les machines qui bipent. Un voyant rouge s’allume, et Julien retient son souffle. Le cœur d’Héloïse aussi s’emballe. Les sages femmes surveillent. Je dis que ça pousse encore.

L’étudiante sage-femme appelle la sage-femme en chef. Il est 12h30. Elle soulève le drap : « Je vois les cheveux, on peut y aller. » 

J’ai l’impression qu’Héloïse arrache tout sur son passage. Les sages-femmes m’encouragent, Julien aussi, et je pousse. Je commence à avoir l’impression que je n’ai plus de forces, que je vais mourir. Je lâche un « Continuez sans moi, je n’y arriverai pas » que je répète en boucle, avec épuisement. Je me dis que je vais mourir là, avant de rencontrer ma fille, tant la douleur est indescriptible. On m’a expliqué par la suite que c’est une étape qui s’appelle la phase de la désespérance, qui peut survenir peu de temps avant la naissance du bébé.

La naissance d’Héloïse

La sage-femme m’encourage encore et me dit que c’est presque fini, qu’il faut pousser. Je me remotive sous les encouragements, pousse encore et encore . J’ai l’impression qu’on me met un doigt dans les fesses, et la sage femme m’explique qu’elle appuie avec son doigt sur la fourchette vulvaire pour aider le passage de la tête. Elle demande à ce qu’on lui apporte du savon, pour rendre le passage plus glissant.

Je pousse une dernière fois. Des secondes interminables puis plus aucune douleur. Mais pas de cris. On me tend ma fille paisible, qui émet un miaulement très doux et nous regarde de ses grands yeux écarquillés.

Nous sommes le mardi 19 octobre, il est 12h50 et nous sommes devenus parents. 

J’étais extrêmement soulagée qu’elle aille bien et qu’elle soit enfin avec nous. Un peu intimidée aussi par ce petit être qui allait partager nos vies. Julien était très heureux et soulagé pour moi que la souffrance soit enfin terminée car il a eu très peur que cela se termine mal. 

Le bilan a été positif : je m’en suis tirée avec deux points superficiels et une griffure dans la muqueuse utérine. J’ai par contre fait une hémorragie de la délivrance et j’ai perdu beaucoup de sang, sans toutefois avoir besoin de transfusion.

Il a fallu un peu de temps pour nous sentir tout à fait à l’aise dans notre rôle de parents, puis pour se retrouver en tant que couple. Faire le deuil de notre vie d’avant pour inventer une nouvelle vie à trois prend du temps, mais c’est une joie de pouvoir le faire !

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Les Commentaires

1
Avatar de BloodOfHell
27 février 2022 à 02h02
BloodOfHell
Wow, tellement intense comme récit :o je ne savais même pas que c'était possible de rejeté une péridurale
0
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