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Cinéma

20 ans après sa sortie, la rom-com lesbienne But I’m A Cheerleader n’a rien perdu de son piquant

Délicieuse satire des thérapies de conversion, mais aussi rom com lesbienne devenue culte, But I’m A Cheerleader est un classique à (re)découvrir sans attendre.

Aux États-Unis, les thérapies de conversion font des ravages et détruisent la vie de milliers de jeunes LGBTQI+. Alors si je vous parle d’une comédie sur le sujet, forcément, ça peut laisser perplexe.

Pourtant, c’était bien le pari de la réalisatrice Jamie Babitt avec le film But I’m A Cheerleader (en français Mais je suis pom-pom girl), sorti en 1999 et disponible en DVD, qui a révélé Natasha Lyonne et Clea DuVall.

Pourquoi, en 2021, revoit-on toujours avec autant de plaisir cette comédie romantique ? Pourquoi déjà à sa sortie se démarquait-elle des autres (rares) productions où apparaissaient des lesbiennes ?

Une dénonciation par l’absurde de l’horreur des thérapies de conversion

Dans But I’m A Cheerleader, Megan, jeune pom-pom girl bien sous tous rapports (vous aviez compris), voit sa petite vie tranquille de lycéenne populaire basculer quand elle est envoyée dans un centre de thérapie de conversion par ses parents convaincus que leur fille chérie est lesbienne.

Elle atterrit à True Directions, un lieu aux allures de maison de Barbie, où les garçons sont en bleu et les filles en rose.

À True Directions, de jeunes gays tentent d’apprendre à être des « vrais mecs » en coupant du bois ou en réparant des voitures avec leur professeur (interprété par un certain… RuPaul, bien avant Drag Race) et de jeunes lesbiennes sont éduquées à être de « vraies filles » en récurant le parquet ou en se mettant du vernis à ongles.

Vous trouvez ça absurde ? C’est justement là que réside toute la puissance comique du film ! En dépliant sous nos yeux tout l’éventail des stéréotypes de genres, But I’m A Cheerleader les dégomme dans les grandes largeurs.

Jamie Babitt change la focale et se penche sur ce qu’on attend des hommes et des femmes, et ce n’est pas juste désopilant : elle nous montre à quel point ces constructions, ces normes sont ridicules et enfermantes, mais aussi qu’on peut jouer avec, les fausser, les détourner, s’en amuser. Et ainsi casser toute la charge homophobe et sexiste qu’elles contiennent et dénoncer les pratiques de celles et ceux qui orchestrent ces thérapies de conversion.

Déjà kitchissime à sa sortie, notamment grâce à son esthétique rétro et pop assumée, But I’m A Cheerleader est une sorte de Clueless mais avec une bonne dose de camp et une irrévérence que ne renierait pas John Waters.  

Presque vingt ans plus tard, c’est un autre film sur les thérapies de conversion, l’excellent Come As You Are de Desiree Akhavan, qui a marqué un tournant et a participé à la médiatisation de ce fléau qui broie tant de jeunes LGBTQI+ aux États-Unis mais aussi dans le reste du monde.

Une représentation lesbienne inédite et en avance sur son temps

Souvenez-vous (ou faites comme si, si vous n’étiez pas née) : on est en 1999, des séries comme The L Word ou Orange Is The New Black ne sortiront que dans bien des années et en attendant, les quelques films qui mettent en scène des lesbiennes sont des productions indés plutôt confidentielles, souvent des drames ou des histoires de coming-out.

En réalisant But I’m A Cheerleader, Jamie Babitt veut montrer, malgré la gravité de son sujet, que l’on mérite aussi l’humour et la légèreté, le fun et le sexy, et l’expliquait dans Them pour célébrer les 20 ans de la sortie du film.

« Je voulais raconter une histoire d’amour lesbienne où elles ne finissent pas par se suicider, où personne ne meurt. Je voulais qu’elles aient une fin heureuse, comme dans une comédie romantique marrante. Il n’y en avait pas dans le monde lesbien à ce moment-là. »

But I’m A Cheerleader est aussi un rappel intemporel que l’on peut porter tous les signes de la féminité la plus conventionnelle et aimer les filles. Megan prouve qu’elle n’a pas à changer qui elle est pour devenir hétérosexuelle, mais aussi qu’elle n’a pas non plus à renoncer à faire ce qu’elle aime, en l’occurence être une cheerleader, pour être une lesbienne selon les codes attendus.

Récemment, c’est l’acteur Elliot Page qui exprimait sa gratitude envers le film lors du Outfest de Los Angeles :

« À 15 ans, tu zappes de chaîne en chaîne et tu tombes sur But I’m A Cheerleader ; les dialogues dans ce film, les scènes de ce film transforment tout simplement ta vie. Je crois presque qu’on ne parle pas assez d’à quel point la représentation est importante, ni de combien de vies sont sauvées grâce à elle, de combien de futurs elle a permis. »

Son témoignage montre que, même des années après sa sortie et malgré des avancées gigantesques pour faire reconnaitre les droits des personnes LGBTI+, certaines œuvres comme But I’m A Cheerleader conservent une puissance insoupçonnée et continuent de montrer la richesse de nos identités et le besoin de les rendre visibles.

À lire aussi : Lesbianisme politique : « L’hétérosexualité n’est pas la seule manière d’organiser sa vie »


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

5
Avatar de Petit pedestre
30 août 2021 à 17h08
Petit pedestre
Oui il est bien ça rendrait bien au théâtre !
0
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