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Cinéma

Verdict : le nouveau Scream est… un kif, le renouveau méta de la saga qu’on n’attendait plus

Scream, ça aurait pu être le volet de trop. Celui qui, à force de tirer sur son concept, l’épuise. Et nous avec. Mais finalement, cet opus est celui qu’on attendait depuis longtemps, qui renouvelle le genre en se moquant de lui-même.

Répondre au téléphone, ça fait toujours peur. Déjà parce qu’à tout moment, ça peut être notre mère ou un agent de l’URSSAF (on a encore oublié de payer ce trimestre-ci) au bout du fil ; ensuite parce qu’on a vu Scream, où « coup de fil »  est synonyme de « coup de couteau ».

Dans le tout nouvel opus de la franchise, réalisé par Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, un « requel » d’après les personnages — très méta — du film eux-même (fusion de reboot et sequel), l’horreur est bel et bien de retour dans votre combiné.

Et c’est un kif !

Scream, une suite en forme de challenge

C’est en 1997 qu’est sorti le premier Scream, réalisé par Wes Craven. Un slasher drôle et méchant reprenant tous les codes d’un genre qu’Halloween, la nuit des masques, de John Carpenter, avait largement démocratisé — après qu’il a été initié par Bob Clark en 1974 dans son très moyen Black Christmas.

Un homme masqué, des adolescents, et un massacre à l’arme blanche. Telles sont les promesses des slashers, que Scream a su non pas seulement reprendre mais aussi transcender, via un concept tout simple : le meurtrier fait partie de votre bande.

Enfin plutôt de celle de Sidney Prescott, une lycéenne qui est prise pour cible principale des attaques de Ghostface, un gars au masque de fantôme particulièrement opiniâtre !

L’intrigue du film repose donc simplement sur le mystère qui entoure l’identité du criminel, comme dans tout whodunit qui se respecte.

Sidney et sa bande dans le premier Scream.
Sidney (à droite), héroïne devenue culte

Rapidement couronné de succès, Scream est devenu plus qu’un film : un véritable phénomène de société — et le masque de Ghostface un incontournable de la pop culture trash.

Dur challenge, donc, pour les réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett et les scénaristes James Vanderbilt et Guy Busick, que celui de reprendre la saga, dix ans après son dernier volet, sans l’abîmer.

Mais un challenge réussi dans les deux premiers tiers du film, qui surprend par sa capacité à s’emparer de son époque tout en fusionnant avec les codes des slashers et néo-slashers des années 1970 et 1990.

Tout n’est que clin d’œil, allusion et mise en abîme dans cette version de Scream dont le titre n’est accolé à aucun numéro — comme si ce volet était le premier, voire le seul, comme s’il ne portait par les stigmates des précédents.

Scream, un hommage aux slashers, et globalement à la culture horrifique

Jamais plus grand hommage n’aura été rendu à Wes Craven que dans cet épisode — qui lui est d’ailleurs dédié —, où la majeure partie des personnages sont fans de Stab (long-métrage fictif adapté des meurtres de Woodsboro, donc l’équivalent du film Scream lui-même dans Scream) et tentent de révéler l’identité du meurtrier en révisant les codes de l’œuvre culte.

Scream

Ainsi, la bande de Tara (la nouvelle héroïne du film), passe en revue les erreurs à ne pas commettre pour avoir une chance de sortir vivante du scénario — dont elle est, à son insu, la star — comme ne jamais descendre seule à la cave chercher des bières, ne pas se séparer, ou ne jamais se fier à ses amis, même les plus proches.

Une sorte de guide de survie pour film d’horreur DANS un film d’horreur.

On a même droit à une réunion entre tous les amis de la bande de jeunes de Woodsboro, dont les enjeux sont si méta qu’on a l’impression d’assister à un symposium des scénaristes de Scream. Une mise en abîme amusante, surtout pour qui aime les films d’horreur mais en déteste les écueils.

Non content d’être le plus méta de la franchise, ce volet est également celui qui fait le plus honneur à la culture horror geek.

Des dizaines de références aux films d’horreur, des années 1970 aux années 2010, sont disséminées du début à la fin de Scream et permettent aux personnages de faire état des changements entre l’horreur d’hier et celle d’aujourd’hui, en évoquant la mutation de ses codes.

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Ainsi, les personnages aiment l’« elevated horror » — une sorte de sous-genre de l’horreur qu’on traduirait en Français par « l’horreur à messages », qui tend à fabriquer une nouvelle forme d’horreur, plus sociale, plus engagée, plus viscérale, et un peu moins basée sur des jumpscares et autres ressorts habituels des films dont Scream est l’un des portes-étendards.

Un sous-genre souvent considéré comme snob et élitiste, alors que l’horreur est un genre populaire, un art cathartique et divertissant qui devrait, pour beaucoup, ne rester que cela.

Un courant dont les pionniers sont Robert Eggers (The Lighthouse), Ari Aster (Hérédité, Midsommar), Jordan Peele (Us, Get Out), Julia Ducournau (Grave, Titane) ou encore David Robert Mitchell (It Follows), et que name droppent les personnages du nouveau Scream, ventant les mérite de ces films à la fois effrayant ET socialement didactiques.

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Midsommar ou l’horreur en plein soleil

Autant de références qui permettent à Scream de se moquer (gentiment) de lui-même en assumant être à des années lumière d’un « elevated horror movie » comme Hérédité ou It Follows.

En pratiquant l’humour, l’un des bastions historiques de la franchise, et l’auto-dérision, Scream prouve qu’il a su conserver ce qui faisait son sel.

Scream, la fusion de l’ancien et du nouveau

Tout n’est qu’une affaire de fusion dans ce nouvel opus, où l’époque du premier Scream rejoint et considère celle du dernier, et où les personnages originaux rencontrent les nouveaux.

Ce sont donc deux générations de héros et d’héroïnes, comme dans le quatrième (et très oubliable) volet de la franchise, qui tentent d’agir ensemble contre Ghostface.

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On retrouve donc à l’écran Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette dans la peau de Sidney, Gale et Dewey ; on apprend à connaître Melissa Berrera, Jenna Ortega et Jack Quaid dans la peau des nouveaux héros du film.

Ça n’est qu’ensemble que ces protagonistes peuvent résoudre l’énigme entourant l’identité du meurtrier.

Il est agréable de constater que Scream, tout en incluant ses personnages originaux, fait de ses nouvelles héroïnes les plus grandes forces de ce volet, insinuant que l’avenir est entre les mains des plus jeunes.

Même si on aurait aimé voir un peu plus Neve Campbell et Courteney Cox à l’écran… Mais qu’à cela ne tienne, on pourra toujours se remater les quatre premiers Scream !

Un troisième acte décevant

Malheureusement, il y a un bémol, dans ce nouveau volet de Scream, et il s’appelle : le troisième acte.

Une résolution en forme de pétard mouillé qui vient tempérer la force globale du film et qui est d’autant plus dommage qu’on nous assène pendant plusieurs séquences que « cette fois-ci » (sous-entendu dans ce Scream-ci), « tout est différent ».

Mais peut-être qu’on souffre simplement du syndrome de celles qui sont toujours déçues par les résolutions de whodunit — si tant est que ce syndrome existe — et que vous passerez un excellent moment devant chacun des actes de ce nouveau Scream !

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En attendant, et en dépit de ce bémol final, on vous enjoint à aller voir Scream au cinéma dès ce 12 janvier. Car ce volet, non content de redonner vie à notre saga chérie, a un petit gout supplémentaire qu’on arrive pas à identifier — comme un brin de marjolaine dans un cocktail — mais qui fait toute la différence…

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Les Commentaires

3
Avatar de Nienke
17 janvier 2022 à 12h01
Nienke
"que Scream a su non pas seulement reprendre mais aussi transcender, via un concept tout simple : le meurtrier fait partie de votre bande."
Le concept était aussi qu'il n'y avait pas qu'un seul meurtrier mais deux, et donc, un plot twist assez nouveau.
Et il y avait quand même pas mal de blagues béta dans le premier Scream, qui plaisantaient ouvertement sur certains codes du film d'horreur..
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Voir les 3 commentaires

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