Pendant plusieurs jours, mon moral était bas.
Il y avait une sorte de colère et de tristesse en moi, et elle s’est encore plus manifestée quand j’ai reçu mon salaire du mois d’avril.
Être employée dans un cinéma pendant la crise du coronavirus
Je travaille dans un cinéma, je suis à temps partiel, et je suis payée au smic. Je suis cette personne qui vous vend votre place, votre pop corn et nettoie la salle à la fin de votre film.
Comme les cinémas sont fermés depuis avant le début du confinement national, je suis au chômage partiel. Et qui dit chômage partiel, dit baisse de salaire.
Mais qui dit baisse de salaire ne dit pas baisse du loyer, baisse des charges, baisse du prix de la bouffe, etc. Clairement, si je vivais seule en appartement, j’aurais déjà envisagé de retourner vivre chez mes parents.
Vous savez ce qui est le pire ? C’est qu’on peut dire que je suis chanceuse. Bah oui ! J’ai quand même une partie de mon salaire ! Et mon entreprise n’a pas prévu de mettre la clé sous la porte, ni de dire au revoir à ses employés.
Mon partenaire qui vit avec moi peut continuer à aller travailler et à mieux gagner sa vie que moi, et je peux compter sur son soutien ou celui de mes proches en cas de besoin.
Mais être chanceuse veut bien dire que pour d’autres personnes, la situation est loin d’être la même.
Je sais que certains et certaines de mes collègues cherchent déjà un autre travail pour compenser cette baisse de salaire en attendant que notre cinéma rouvre ses portes (et comme l’a si bien dit un de mes collègues « je préfère tomber malade que mourir de faim »).
Je sais que pour d’autres la situation de leur partenaire est pire que la leur. Je sais que même en économisant au maximum, plusieurs vont se retrouver dans le rouge ou y sont déjà.
Et ça, ça me met en colère et ça me rend triste à la fois.
Le secteur de la culture, grand oublié de la crise du coronavirus
Nous n’avons qu’une très vague idée de la date à laquelle on pourra éventuellement rouvrir nos salles. Étant donné la situation qui évolue constamment, nous sommes malgré tout dans l’incertitude.
Beaucoup de questions et peu de réponses.
En suivant plus ou moins les infos depuis le début de cette crise et du confinement, j’ai entendu parler des soignants
(et surtout des soignantes), des caissiers et beaucoup des caissières, des livreurs et livreuses, des restaurants, de l’agriculture, des écoles, des études, des coiffeurs et coiffeuses, du télétravail…
Mais très peu, trop peu, des cinémas, des théâtres, des lieux culturels de façon générale, des artistes, des intermittents, de tout ceux qui font et font vivre la culture.
Pourtant, et ce n’est qu’un exemple, nous avons tous vu et entendu dans les médias les sorties de films décalées ou annulées avant la fermeture des cinémas. Puis plus rien.
Aujourd’hui on commence à en parler, pour justement dire que le secteur a été oublié. Ironie quand tu nous tiens.
La culture, celle qui fait tenir la France pendant le confinement
Ce qui est assez ironique aussi, c’est quand je vois sur les réseaux sociaux tous ces artistes qui continuent à créer et à faire vivre la culture pendant ce confinement.
Quand je vois à quel point les gens dévorent des films et séries sur Netflix, Amazon Prime, Disney+, etc. Quand je vois tous ces gens se battre pour que les librairies puissent continuer à fonctionner durant le confinement.
Quand je vois toutes ces personnes qui dansent chez elles grâce à la musique, aux chanteurs, aux chanteuses… Si la culture ne paraît pas indispensable, alors pourquoi est-elle aussi présente, sous toutes ses formes et absolument partout ?
Aujourd’hui, je me sens moins en colère et moins triste, bien que la situation soit toujours la même.
Beaucoup de questions, peu de réponses, et surtout des incertitudes. Mais j’ai bon espoir que nous pourrons de nouveau accueillir nos spectateurs dans nos salles, dans les meilleures conditions possibles.
Et surtout, j’ai bon espoir que les spectateurs et spectatrices seront là.
Le 6 mai 2020, Emmanuel Macron prenait la parole aux côtés du ministre de la culture Franck Riester pour faire le point sur l’avenir de la culture pendant la crise sanitaire.
Concernant tous les événements culturels, le président de la République n’a rien annoncé de clair :
« Sur la question de la saison prochaine : il va falloir l’inventer. […] On ne peut pas rouvrir les salles à plein. »
Franck Riester a fait savoir que les librairies, les disquaires, les bibliothèques, les galeries d’art ainsi que certains musées pourront rouvrir à partir du 11 mai.
Et comme c’était déjà annoncé depuis plusieurs jours, les grands rassemblements de plus de 5 000 personnes ne seront pas autorisés avant début septembre.
Pas d’information claire, donc, concernant la réouverture des salles de cinéma pour le mois de mai à venir. Edouard Philippe se prononcera le 2 juin sur la question.
Si tu veux savoir comment soutenir les cinémas, tu peux consulter l’article Comment soutenir les cinémas pendant la crise du coronavirus ? sur Rockie.
À lire aussi : La psychose du coronavirus et son impact sur la culture
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