Toutes deux sont de retour, pour vous jouer un nouveau tour ! En 2019, Marta Breen, autrice et journaliste norvégienne, experte sur les questions de féminisme et d’égalité des sexes, cosignait avec Jenny Jordahl, illustratrice, graphiste et autrice de bandes dessinées norvégienne, Histoire de femmes, 150 ans de lutte pour leur liberté et leurs droits.
Le succès a été immédiatement au rendez-vous : la bande dessinée, documentaire et féministe à succès s’est vendue dans plus de 27 pays aux quatre coins du globe. Ce premier tome racontait sans omission, avec un brin d’humour et d’émotions, les histoires autant incroyables que tragiques des femmes de l’ombre qui ont lutté pour faire évoluer les mentalités et les lois dans le monde.
La chute du patriarcat, une odyssée des voix féministes qui luttent depuis la nuit des temps contre le sexisme
Pour ce nouveau numéro, La chute du patriarcat, sorti en avril 2022, Marta Breen et Jenny Jordahl se sont penchées sur l’origine du problème des inégalités entre les genres. Durant des siècles et encore aujourd’hui dans quelques coins du globe terrestre, les femmes sont considérées comme inférieures aux hommes par bien des aspects : social, physique, intellectuel, moral, professionnel, politique ou encore culturel. La liste est sans fin…
Bonne nouvelle : depuis la nuit des temps, des voix courageuses et féministes se sont élevées pour lutter contre ce système, tout en étant conscientes des risques qu’elles prenaient. Moqueries, menaces et même exécutions… Rien ne pouvait les convaincre d’abandonner leur combat.
À l’heure où nous disons #MeToo, à l’heure où de nouvelles générations de guerrières se lèvent pour libérer la parole, à l’heure où nous espérons une fois pour toute faire tomber le patriarcat, Marta Breen et Jenny Jordahl, nous immergent dans l’histoire des grandes figures qui ont contribué à le combattre.
Vulgariser pour informer, sensibiliser, encourager la lutte contre le sexisme et le patriarcat
La bande dessinée débute par une interrogation que nous nous sommes toutes posées un jour : mais le « patriarcat », qu’est-ce que cela signifie ? La journaliste et l’illustratrice essaient dans leur ouvrage de vulgariser un terme difficile à définir, tant par son incohérence que l’injustice qu’il transparaît.
« Le patriarcat = gouvernement par les hommes », peut-on lire sur un tableau vert d’écolier, dans les premières illustrations de l’ouvrage. Jenny Jordahl esquisse la discussion entre deux jeunes femmes vêtues telles des scientifiques. Une d’entre elles démocratise l’idée même du patriarcat comme étant « tout simplement une forme de société où l’homme est au-dessus de la femme, où les hommes ont plus de pouvoir, gagnent plus d’argent et sont considérés comme plus importants que les femmes. »
Ressentez-vous ce pincement au cœur dans votre poitrine lorsque vous lisez ces mots et que vous réalisez que malgré tout le chemin parcouru, les diverses luttes qui ont coûté la vie à de nombreuses femmes, le patriarcat est loin d’être aboli ? Et saviez-vous que si Aristote n’avez pas existé ce système inégalitaire n’aurait peut-être jamais vu le jour ?
Marta Breen et Jenny Jordahl tentent de dénicher l’origine même du patriarcat, quasi impossible à dater. Toutefois, on apprend que cette idée a germé, comme de nombreux éléments de la culture occidentale, dans la Grèce antique. À cette époque, les philosophes se sont penchés sur la manière d’organiser les relations entre les hommes et les femmes.
Le patriarcat, merci Aristote !
Platon et son élève Aristote partageaient des visions très diverses. Le premier assurait que les femmes et les hommes, relativement similaires, pouvaient accomplir les mêmes tâches. Pour Aristote, cette idée était inconcevable : être une femme est un handicap. Et malheureusement pour la suite de la grande Histoire, l’élève a dépassé le maître et a imposé sa doctrine.
Malheureusement pour nous, de nombreux philosophes se sont soumis aux théories d’Aristote. Et quelle surprise de découvrir que tous les penseurs que nous étudions à l’école étaient si sexistes. Marta Breen et Jenny Jordahl se sont amusées à recenser les pires citations de ceux qu’on nous a souvent obligé à lire.
Il y a par exemple Jean-Jacques Rousseau, célèbre philosophe des Lumières, auteur du Contrat Social, qui assurait qu’ « il est dans l’ordre de la nature que la femme obéisse à l’homme. » Ou encore, Kant, fondateur du criticisme, dont La critique de la raison pure est décortiquée en classe de Terminale, qui croyait dur comme fer que « Si une femme recevait une éducation, elle perdait son charme et son pouvoir d’attraction. »
Pour Sophocle, « c’est le silence qui sied le mieux à la femme ». Nietzsche recommandait de prendre « un fouet » à chaque fois que l’on se rendait chez une femme. Et notre préférée : « Une femme est un homme castré qui souffre de ne pas avoir de pénis », signée par le psychanalyste le plus renommé de tous les temps, monsieur Sigmund Freud.
Place à une armée de femmes courageuses pour lutter contre le sexisme
Charlotte Corday, Mary Wollstonecraft, Madame de Staël, George Sand, Virginia Woolf, Olympe de Gouge ou encore Kamala Harris… À toutes époques, certaines femmes se sont levées pour lutter à leur manière contre une société sexiste, étouffant la cause féminine. Certaines y ont laissé leur honneur, d’autres leur vie.
Il est un constat : nous ignorons l’existence de la plupart de ces femmes courageuses qui se sont battues pour nos droits. Marta Breen et Jenny Jordahl oeuvrent à mettre en lumière toutes ces oubliées de l’histoire. Toutes les pionnières, celles qui ont été ridiculisées, celles qui ont été malmenées tout au long de leur existence, celles qui ont abandonné en cours de route, ou encore celles qui en sont mortes. Un hommage funéraire leur est littéralement rendu entre les pages de la bande dessinée : attention, la larme à l’œil est si vite arrivée…
Dans ce deuxième tome, Marta Breen et Jenny Jordahl vulgarisent, déconstruisent, s’amusent de nombreux préjugés ou termes « fourre-tout » que la société patriarcale n’a cessé de s’approprier. Le male gaze, le slut-shaming ou encore l’adoration de la femme vierge… Une chose est sûre : une fois la bande dessinée refermée, vous vous rendrez compte que c’est l’Histoire tout entière que le patriarcat a réinventé. Et les génies ne sont pas forcément ceux que l’on vous a conté à l’école.
Alors si vous voulez apprendre tout en passant un bon moment, si vous êtes friande des dessins minutieusement intelligents et drôles, si vous aussi vous voulez déconstruire tous les idées préconçues avec lesquelles on vous bassine depuis votre naissance, courez acheter la nouvelle bande dessinée La chute du patriarcat ! Féministement fière, et ce n’est pas prêt de s’arrêter.
La chute du patriarcat, Marta Breen et Jenny Jordah, 16,95 €
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Image en Une : © Madmoizelle
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