On vous a toujours dit que la philosophie était une matière ennuyeuse ? Oubliez tout ce que vous croyez savoir sur le monde de ces grands penseurs et découvrez un univers un peu fou, fait de sympathiques illuminés !
Socrate l’élu des Dieux
On commence en douceur avec une anecdote plutôt jolie qui concerne ce bon vieux Socrate.
Socrate est un philosophe du Vème siècle avant J.-C. ayant vécu à Athènes. Il est considéré comme rien de moins que le père de la philosophie ! Mais on sait assez peu de choses à son sujet : il n’a en effet jamais rien écrit lui-même.
Une légende tenace lui colle cependant à la peau : il aurait été désigné comme « Le plus sage de tous les hommes » par la Pythie de Delphe, soit l’Oracle le plus réputé de toute la Grèce antique…
« Alors là la Pythie j’te l’ai prise ent’4 z’yeux et j’l’ui ai dit : j’suis Socrate oké, alors res… res… hips respect ! »
Problème ! Le mantra de Socrate n’est rien de moins que : « Je sais que je ne sais pas ». Et quand on doit être l’homme le plus sage au monde ça pose un petit problème de cohérence…
Socrate décide donc d’aller rencontrer les hommes d’Athènes, réputés pour leur sagesse, afin de prouver son erreur à la Pythie. Sauf que ses questions mettent mal à l’aise les plus brillants de ses interlocuteurs…
Notre philosophe se rend donc à l’évidence : il est le plus sage, précisément parce qu’il sait qu’il ne sait pas. Contrairement aux autres, qui, eux, se trompent en croyant savoir.
L’ironie socratique désigne depuis la méthode par laquelle Socrate, feignant de ne pas savoir, prouve à ses interlocuteurs leur ignorance. Schématiquement ça donne :
– Le beau, c’est l’harmonie. – Aaaah, intéressant, mais alors qu’est-ce que c’est que l’harmonie ? Moi je suis nul donc je ne sais pas, toi qui est si intelligent, explique-moi. – L’harmonie c’est… le beau ? – Héhé… You have been socratised !
Diogène l’insolent
Diogène est un des petits chouchous de tous les étudiants en philo qui se respectent. Pourquoi ? Parce que c’est un peu notre rock star à nous.
Diogène de Sinope vécut à Athènes au IVème siècle avant J.-C. ; il était fils de banquier. Ce qui ne l’empêcha pas de passer la majeure partie de sa vie dans le plus grand dénuement, vivant dans une jarre, vêtu de hardes et d’une besace. Rock and roll je vous dis !
« Alluuuuumeeeer le feuuuuuu ! Alluuuuumer le feuuuuuu ! Ouh yeah ! »
Celui qui demandait la charité aux statues pour s’habituer au refus était surtout un fin provocateur. À Platon qui décrit l’homme comme un bipède « sans cornes et sans plumes », il ramène une poule déplumée qu’il trimballe dans toute la ville en déclarant haut et fort : « Voici l’homme selon Platon ! ».
Cette insolence et l’extrémisme de son mode de vie lui valent l’admiration des plus grands. Alexandre le Grand déclarait à son sujet : « Si je n’étais Alexandre, je voudrais être Diogène ». Lorsqu’ils se rencontrent à Corinthe, l’empereur lui propose de lui offrir ce qu’il souhaite. Ce à quoi notre junkie philosophique répond sobrement : « Ôte-toi de mon soleil ». Comprendre : « Décale-toi un peu sur la droite Alexou, mon bronzage va pas se faire tout seul ».
Il meurt très âgé, et même sa mort honore sa légende punk : il serait décédé d’une infection suivant la morsure d’un chien… auquel il tentait de dérober un os pour se nourrir. D’autres légendes vont jusqu’à affirmer que Diogène aurait tout bêtement décidé d’arrêter de respirer. Comme ça, pour le kif.
Toujours est-il que celui que Platon surnommait « le Socrate fou » fut enterré dans les honneurs et que sur sa tombe, ses amis firent graver :
« Même le bronze subit le vieillissement du temps, Mais ta renommée, Diogène, l’éternité ne la détruira point. Car toi seul as montré aux mortels la gloire d’une vie indépendante Et le sentier de l’existence heureuse le plus facile à parcourir. »
Sénèque l’endurant
Que les âmes sensibles passent directement à la prochaine partie, celle-ci n’est pas pour les coeurs tendres.
Sénèque est un philosophe latin du premier siècle, connu entre autres pour avoir été le précepteur de Néron. On ne peut pas dire que sa mission ait été, sur ce point, une franche réussite, son pupille étant devenu le tyran que l’on connaît…
Néanmoins, il reste le plus connu des philosophes stoïciens. Et que nous dit le stoïcisme ? Que la sagesse n’a de raison d’être qu’en vue du bonheur. Ça c’est cool. Le problème c’est que le bonheur stoïcien c’est l’ataraxie : l’absence de passion. Et ça c’est moins cool.
« Le souverain bien c’est une âme qui méprise les événements extérieurs et se réjouit par la vertu. »
La vie bonne pour Sénèque est donc une vie vertueuse, éloignée des vils plaisirs qui perturbent la paix de l’âme.
Une longue partie du travail de Sénèque pour accéder à cet état d’ataraxie se consacre donc à des méditations… sur la mort :
« Méditer la mort, c’est méditer la liberté ; celui qui sait mourir, ne sait plus être esclave. »
Et là, je vous vois venir, vous me répondrez, à juste titre : « Qu’est-ce qui nous prouve que c’était pas juste des belles paroles ? ».
Rassurez-vous : l’histoire a voulu donner à Sénèque une occasion de prouver sa bonne volonté stoïcienne en lui infligeant… une mort particulièrement atroce.
Ambiance.
Condamné au suicide (oui, on n’avait pas peur des contradictions à l’époque) sur l’ordre de l’Empereur Néron en 65, il s’ouvre les veines du bras.
Ça ne suffit pas.
Il s’ouvre aussi celles des jambes et de derrière les genoux.
Ça ne suffit pas.
Ayant peur d’effrayer sa femme, il se fait alors déplacer dans une pièce à part. Là, il fait dicter de longues lettres à ses secrétaires, tranquille, peinard. Puisqu’il ne trépasse toujours pas, il demande à un ami de lui amener un poison mortel utilisé sur les condamnés à mort, qu’il ingère.
Ça ne suffit TOUJOURS pas.
Il se fait plonger dans un bain chaud pour favoriser l’écoulement du sang : il prend encore le temps d’y barboter et d’éclabousser ses esclaves.
Finalement, il se fait porter dans une étuve et suffoque sous l’effet de la vapeur. Son corps finit brûlé, comment il l’avait ordonné bien longtemps auparavant.
Sénèque, l’homme qui passa sa vie à méditer sa mort, démontra jusqu’au dernier instant sa maîtrise et la fermeté de ses convictions.
Kant le maniaque
Emmanuel Kant est connu pour sa philosophie de l’idéalisme transcend… on s’en fiche, ce qui compte c’est que Kant était un grand philosophe.
Pour vous donner cependant une petite idée du personnage, je vous expliquerai rapidement que la morale de Kant est dite déontologie, c’est une morale du devoir : en gros, qu’importent la situation ou les excuses que tu t’inventeras, tu dois faire ce que tu dois faire. Ça veut dire notamment que tu ne dois pas mentir même quand tu risques d’y perdre la vie, oui, carrément.
Donc vous l’avez compris, avec Kant ça rigole PAS. La rumeur voudrait d’ailleurs qu’il soit mort puceau à 79 ans, ce que je ne juge pas mais qui montre malgré tout que le monsieur ne sortait pas souvent de chez lui.
J’en ai pas l’air comme ça mais je suis un joyeux luron quand je veux ! Mein Gott, l’heure du souper ? Déjà ? Maman va s’inquiéter, je rentre !
Et justement, quand il sortait, c’était toujours pour la même chose. La MÊME chose. La même balade, au millimètre et à la minute près. Chaque. Matin. De. Sa. Vie.
La légende raconte qu’il n’aurait, miracle ! Modifié sa ronde qu’à deux reprises : pour acheter le Contrat Social de Rousseau et le journal après l’annonce de la Révolution française…
Et c’est TOUT.
Nietzsche l’exalté
J’ai toujours tenu Nietzsche pour l’enfant terrible de la philosophie. Pour vous rendre compte de son envergure, il faut visualiser un empilement de petits cubes : c’est 2500 ans de tradition philosophique occidentale.
L’enfant Nietzsche arrive, retire le premier cube et rigole en tapant des mains lorsqu’il voit tout tomber.
Il serait tout simplement prétentieux de chercher à résumer sa pensée en quelques lignes, notamment parce qu’elle a beaucoup évolué tout au long de sa vie, mais on peut en apprendre beaucoup sur une personne grâce à quelques anecdotes…
Adolescent, il assiste en 1858 à une discussion dans son collège, où l’on soutient qu’il est impossible de trouver quelqu’un ayant le courage de mettre sa main volontairement au feu. Nietzsche se saisit alors d’un charbon ardent dans le poêle avant de le tenir sous les yeux de l’assemblée.
Universitaire, il se balade à Cologne et finit par se faire conduire dans une maison close. Face aux prostituées, il avance… Et se rue sur le piano où il plaque quelques accords avant de s’arrêter net et de sortir.
Ah bah, la jeunesse, c’est plus ce que c’était, c’est sûr…
Malheureusement, ces anecdotes sont les signes annonciateurs de la maladie qui poursuivra Nietzsche toute sa vie, comme lorsqu’il se suspend en pleurant dans la rue au cou d’un cheval maltraité. Tumeur ? Bipolarité ? Le mystère de la psychologie de Nietzsche demeure…
Comme c’est un peu triste, je vous quitterai en vous rappelant quelques fun facts philosophiques plus guillerets :
- Cicéron s’appelait Cicéron en raison d’une verrue qu’il avait sur son nez, surnommée « Cicéro », c’est-à-dire littéralement : « le pois chiche ».
- Antisthène, qui n’aimait pas trop que Platon l’ait dénigré, écrivit un livre contre lui où Platon était systématiquement nommé Sathon. C’est à dire : « gros chibre ». L’histoire ne dit pas en quoi c’était une insulte…
Edit : On me murmure sur le forum que l’insulte « gros chibre » se justifiait par le caractère barbare et frustre associé à un excès pénien. À l’inverse, un petit pénis était synonyme d’esprit éduqué, civilisé. Merci à Ornithor1k, Calima, HarleyQuinnn et Oyuna qui sont décidément bien renseignées en matière de verge !
À lire aussi : Hunger Games vu à travers le prisme de la philosophie
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Les Commentaires
C'est prévu tkt !
Mais il faut dire que les classiques philos sont souvent difficiles d'abord, alors qu'on trouve des livres d'analyse de philo beaucoup plus facile d'accès... du coup j'me tââââte