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« C’est ça, l’histoire de mes premières règles. Une histoire de galère, de honte, et d’amitié aussi. »

Le podcast « 4 filles et 1 culotte tachée » est une série docu-fiction immersive basée sur de vrais récits recueillis par Plan International à travers le monde et romancée par Mymy Haegel. Chaque épisode vous fera vivre le quotidien d’une jeune fille menstruée en fonction des us et coutumes de son pays.

Bienvenue dans 4 filles et 1 culotte tachée, un podcast de Madmoizelle et Plan International France, l’ONG qui agit tout autour du monde pour les droits des enfants, des jeunes et l’égalité entre les filles et les garçons. Quatre filles habitant dans quatre pays différents s’envoient des colis contenant la même chose : les protections hygiéniques qu’elles utilisent au quotidien et une lettre qui raconte leurs premières règles.

Ainsi, 4 filles et 1 culotte tachée dessine un panorama des tabous sur les menstruations qu’il reste à lever tout autour du monde. Car si plus de 80 % des filles en France considèrent que les règles restent un tabou majeur dans les pays en développement, elles ne mesurent pas toujours l’impact néfaste de ces idées reçues sur la vie quotidienne des habitantes de ces pays.

Pour plus de huit filles sur dix, prendre conscience de ces discriminations est révoltant, et 80 % d’entre elles appellent les gouvernements à lutter contre les inégalités provoquées par le manque d’accès à l’hygiène menstruelle dans le monde. Pour que chaque fille et chaque femme soit libre, tous les jours du mois.

Camille, une adolescente française, prend la plume pour écrire à Rahana une jeune Rohingya du Myanmar

Chère Rahana,

Je t’envoie ce colis et cette lettre sans trop savoir dans quelles conditions tu les ouvriras, car je viens d’apprendre comment certaines filles doivent gérer les règles au Népal, et franchement, c’est… terrible. Du coup, je vais te raconter un peu comment ça se passe en France, et je me demande comment tu lis cette lettre. Est-ce que tu es au soleil, en train de profiter d’une petite brise ? Est-ce qu’il pleut, alors tu restes chez toi ? Est-ce que tu es à table avec ta famille ? C’est difficile pour moi d’imaginer ta réalité, mais je suis très contente de te partager la mienne.

Moi, c’est Camille. J’ai dix-huit ans et je vis à Lyon, une grande ville du Sud-Est de la France. Quand je regarde par la fenêtre, je vois les collines de l’autre côté du fleuve, couvertes de petits immeubles rouge ; je vois une basilique toute blanche ; je sens l’odeur du pain chaud et des croissants dans la rue. Je suis étudiante ici, je vis dans un appartement d’une pièce, petit mais confortable. Mon premier chez-moi.

Je viens te raconter mes premières règles. C’est marrant, j’y repense rarement. Peut-être parce que ce n’était pas un moment très marrant, justement…

J’avais treize ans, j’allais au collège dans la petite ville où j’ai grandi avant d’emménager à Lyon (en France, souvent, on part de là où on vit pour aller faire nos études). Je savais que mes règles pouvaient arriver : plusieurs copines avaient déjà eu les leurs, ma mère m’avait expliqué ce qui allait se passer, et on avait étudié le cycle menstruel en cours. Je pensais être suffisamment préparée. Et pourtant…

Je m’en souviens comme si c’était hier, même si j’y repense rarement car à chaque fois j’ai envie de mourir de honte. Le crissement des feutres sur le tableau, le bruit de mon voisin de table qui faisait cliquer son stylo encore et encore, l’odeur des arbres qui commençaient à fleurir après l’hiver, le ronron de ma prof d’allemand qui enchaînait les déclinaisons pendant que la moitié de la classe ronflait. Deux heures d’allemand, quand on n’a pas encore compris ce qu’est un gérondif, c’est long, tu sais. Surtout après le déjeuner, en pleine digestion.

En France, tous les collèges ont des toilettes, mais elles ne sont pas toujours propres, que ce soit côté filles ou côté garçons. Dans le mien, il y avait rarement du papier, et l’endroit ne donnait pas du tout envie. La plupart du temps, je me retenais toute la journée, je préférais aller faire pipi chez moi que là-bas ; en plus, les verrous fermaient mal, il fallait toujours s’y rendre accompagnée d’une copine pour que personne n’ouvre la porte et ne nous voie sur les WC — la honte suprême.

«Il y a un souci avec Camille»

Mais cette fois-ci, je ne pouvais pas attendre le soir. Après une heure d’allemand, mon ventre faisait du trampoline. Mon repas à la cantine, peut-être ? Les carottes persillées qui me donnent la nausée, et le poisson indéfini que j’ai avalé sans y penser ? Je n’avais pas le choix, même si je détestais ça : je devais lever la main en plein cours pour demander à aller aux toilettes, de quoi se faire totalement remarquer.

Ma prof m’a fait un signe de la main : dans mon collège, on nous faisait globalement confiance pour aller rapidement aux toilettes et revenir sans faire de bêtises dans les couloirs. Déjà toute rouge d’être devenue le centre de l’attention, j’ai pris un petit paquet de mouchoirs au cas où il n’y ait pas de papier, et je me suis levée. Et là, le drame.

Mon voisin de table s’est exclamé qu’il y avait « un souci avec Camille », et je me suis retournée pour découvrir ma chaise maculée de traces rouges. J’ai mis une ou deux secondes à comprendre. Je n’avais mal nulle part, je n’avais rien renversé, je ne m’étais pas assise dans quelque chose de sale. Qu’est-ce qui m’arrivait ? D’un coup, j’ai compris. Oh. Oh non.

Mes règles étaient arrivées. En plein milieu du cours d’allemand. Devant tout le monde. La honte. Intergalactique. J’aurais voulu que le sol s’ouvre et m’avale, que la foudre tombe sur le collège, j’aurais voulu me rendre invisible et disparaître. Je savais ce qu’étaient les règles, mais c’est un sujet dont on ne parlait pas entre nous, surtout avec les garçons. Et là, toute la classe se pressait, s’agitait pour savoir ce qu’il se passait avec ma chaise.

Je n’ai pas réfléchi, j’ai foncé dehors, dans le couloir, le cœur battant à fond, jusqu’aux toilettes. J’ai à peine entendu la prof essayer de ramener le calme avant de me retrouver enfermée dans une cabine au verrou peu solide, mortifiée de honte.

Quelques instants après, j’ai entendu une petite voix m’appeler à travers le battant. C’était Fanta, ma meilleure copine, que la prof avait envoyée me réconforter. Bon, à ce moment-là, j’avais tellement honte que je ne voulais voir personne, même pas Fanta. Je n’ai pas répondu.

Mais elle a gentiment continué à me rassurer, m’a dit que ce n’est pas grave d’avoir ses règles, que ce n’est pas du tout la honte ; elle m’a dit que ça pourrait être pire, qu’avant d’arriver en France, elle était dans un collège en Côte d’Ivoire où il n’y avait même pas de toilettes, et qu’elle avait dû gérer ses règles comme elle le pouvait.

« L’infirmière n’était pas là, je n’avais ni tampon, ni serviette »

Ça m’a fait reconsidérer un peu ma galère, je te l’avoue : moi, au moins, je pouvais me cacher, me laver, faute d’avoir de quoi m’essuyer (car non, il n’y avait pas de papier). Fanta a souri en voyant ma mine déconfite quand j’ai entrouvert la porte. Je n’allais pas rester là toute la journée, et sa bouille m’a mis du baume au cœur. On se sent moins seule quand on a une amie.

Mauvaise nouvelle cependant : je n’avais ni serviette ni tampon, et elle non plus, car elle avait donné sa dernière serviette à sa copine Yasmine qui avait eu un souci de fuite deux jours plus tôt. Décidément, Fanta gérait les règles de tout le monde ! Pas le choix, il fallait aller chez l’infirmière qui avait toujours un peu de stock pour dépanner.

Sur les conseils de Fanta, j’ai mis quelques Kleenex pliés au fond de ma culotte, sans trop savoir ce que je faisais ni combien de temps ça allait durer. Ma démarche de pingouin a bien fait rire ma pote, et moi aussi, forcément. J’étais un peu ridicule, il faut bien le dire ! Mon amie m’a gentiment prêté sa veste pour que je la noue autour de ma taille, histoire de masquer les traces à l’arrière de mon jean.

Mais je n’ai pas ri longtemps : le bureau de l’infirmière était fermé. Elle n’était là que deux demi-journées par semaine, pour traiter les bobos, les petits accidents, les inquiétudes, les questions qu’on n’ose pas poser, et les filles qui ont leurs règles… le mardi matin ou le jeudi après-midi. Pas de bol, hein, j’ai eu les miennes un mercredi.

Sentant les mouchoirs s’imbiber lentement entre mes cuisses, je me suis trouvée désespérée. Je ne pouvais pas rentrer chez moi dans cet état, j’avais encore toutes mes affaires en cours d’allemand, et je ne me sentais pas capable d’affronter le regard de tous les élèves qui savaient. Je ressentais vraiment une honte monstrueuse. Pour tout te dire, je me disais carrément que je pouvais demander à ma mère de me changer de collège, histoire de partir ailleurs, là où personne ne saurait que j’ai sali ma chaise en cours d’allemand un mercredi.

Heureusement, Fanta était là. D’un pas déterminé, elle m’a emmenée à la vie scolaire. C’est là où se trouvent les adultes qui s’occupent de nous : les surveillants, le conseiller d’éducation qu’on appelle CPE. C’est un petit bureau décoré d’affiches fatiguées qui vantent des métiers un peu naze et nous alertent des dangers de la drogue. Mais on n’y trouve pas de poster pour nous expliquer comment faire quand on a nos premières règles entre deux déclinaisons d’allemand.

« Je voulais que le monde entier m’oublie pour toujours »

Joie (non) et fin de ma honte (non plus) : il n’y avait pas la pionne sympa, seulement le surveillant-rugbyman et le CPE qui triait des papiers avec l’air de s’ennuyer royalement.

Demander des protections hygiéniques au surveillant sur lequel la moitié des filles avaient un crush, ou au CPE un peu chauve et pas très gentil ? Plutôt sauter dans un volcan en éruption. Je commençais à me dire que j’allais finir ma journée sur les toilettes, sans papier, jusqu’à ce que ma mère vienne me chercher, ou mieux : que le monde entier m’oublie pour toujours.

Mais c’était sans compter Fanta. Quelle reine ! Elle a poussé la porte de la vie scolaire et, d’une voix claire et ferme qui m’a tout de suite impressionnée, elle a expliqué la situation : on a un souci de fuite, il nous faut des serviettes, l’infirmière n’est pas là, il n’y a plus de papier dans les toilettes, on fait quoi ?

Je crevais de honte, et je crois que le surveillant et le CPE aussi. Pour des gens qui travaillent dans un collège, ils avaient l’air sacrément peu habitués à gérer les premières règles d’une adolescente ! Ils n’ont pas arrêté de bafouiller et de regarder autour d’eux, comme si une femme compétente allait soudain surgir d’un poster pour les décharger de cette tâche. Au final, ils ont ouvert plein de placards en marmonnant qu’il y avait un stock quelque part, mais qu’ils avaient oublié où.

J’ai échangé un regard désespéré avec Fanta, qui m’a rendu un sourire blasé en pointant du doigt un tiroir transparent, étiqueté « Hygiène féminine », dans lequel on voyait clairement des paquets colorés. Soupirant, elle a toussoté jusqu’à attirer l’attention du CPE, ravi de voir son problème ainsi résolu.

« Je crois qu’elle a senti que j’allais me ratatiner de honte »

Dans le tiroir, diverses boîtes comme celles que je voyais chaque jour sur l’étagère de ma salle de bain, mais que je n’avais jamais ouvertes. Fanta m’a lancé un regard interrogateur auquel j’ai répondu d’un geste vague. Je ne savais pas quoi choisir. Je crois qu’elle a senti que j’allais me ratatiner de honte si je restais là plus longtemps, alors elle a attrapé deux serviettes hygiéniques, refermé le tiroir et annoncé qu’on repartait aux toilettes puis en cours.

Et là, dans le couloir, le fou rire en repensant à ces deux grands gaillards qui s’agitaient comme des poulets sans tête à cause d’une ado qui a ses règles. C’était bien de rire, j’ai presque oublié que j’allais devoir utiliser ma première serviette hygiénique… et que je ne savais pas trop comment faire.

Heureusement, c’était tout simple, en fait. En utilisant sa main comme un fond de culotte improvisé, Fanta m’a montré comment déballer la serviette, la fixer au bon endroit et la maintenir en place. Quelques instants plus tard, je sortais des toilettes, enfin protégée, et j’ai pu me laver les mains, même s’il n’y avait pas de savon. Comme d’habitude.

J’ai pu ensuite récupérer mes affaires et ma mère est venue me chercher pour que je ne passe pas toute l’après-midi dans mes vêtements tachés. Voilà, c’est ça, l’histoire de mes premières règles. Une histoire de galère, de honte, et d’amitié, aussi.

Des années plus tard, j’ai pris conscience du fait que ce n’était pas normal de ne pas avoir de papier, de savon et de protection hygiénique dans les toilettes. Que ce n’était pas normal d’avoir honte, et d’être moquée parce qu’on a ses règles. On avait pourtant tous appris le cycle menstruel, mais entre la biologie et la réalité, il y a un monde. Certains élèves ont continué longtemps à se moquer de moi, même si j’essayais de les ignorer.

« Changeons les règles »

C’est pour ça que des opérations comme Changeons les règles, lauréate du Plan des jeunes édition 2022 de Plan International, sont si importantes. Celle qui a gagné ce programme cette année, Horoh, une jeune femme d’Île-de-France, a décidé de sensibiliser les lycéens et lycéennes à l’importance de bien connaître les règles, avec des ateliers ludiques qui permettent aussi de parler des tabous qui entourent les menstruations en France et ailleurs. J’ai eu la chance d’y participer et c’était vraiment super ! 


En gros, il y avait trois parties : 

  • Le jeu qui parle des règles, un jeu de cartes sur le cycle menstruel et l’hygiène menstruelle développé et porté par une association spécialisée, La culotte rouge
  • L’arbre des préjugés, qui a permis de mettre en avant les situations vécues par les jeunes filles dans les pays en développement, comme Parbati qui m’a écrit du Népal. C’est tellement important de savoir ce qu’il se passe ailleurs…
  • Un message pour l’égalité : Horoh a fait circuler un livre où on a écrit ce qu’on a retenu du projet et ce que ça a provoqué chez nous. On écrivait aussi un message à une jeune fille dans un pays en voie de développement, pour qu’elle nous lise un jour comme tu me lis aujourd’hui. Fou, non ?

J’ai trouvé ce projet vraiment chouette parce qu’il nous a permis de parler des règles de façon détendue et mature, ce qui a permis à tout le monde de saisir l’importance du sujet, mais aussi de comprendre la vie des jeunes filles dans d’autres pays. Celles qui ont encore moins de chance que moi, et n’ont même pas de toilettes où s’enfermer, ni de vie scolaire où aller réclamer des protections.

« J’aimerai qu’un jour toutes les femmes aient accès à la protection qui leur convient »

Depuis, j’ai appris à ne plus avoir honte de mes règles, et j’ai même découvert la protection qui m’aurait évité ce mercredi d’angoisse : la culotte menstruelle ! Réutilisable et confortable, elle absorbe le sang pendant plusieurs heures. Je peux la mettre le matin et savoir que si mes règles arrivent, je suis déjà protégée ; souvent, je n’ai pas à la changer jusqu’au soir.

Ça devient de plus en plus courant en France, avec d’autres protections durables comme la cup menstruelle ou les serviettes lavables : les filles et les femmes en ont pas mal marre des trucs jetables et pas toujours très bons pour le corps. Il y a eu beaucoup de coups de gueule dans les médias et sur Internet de personnes qui réclamaient plus de choix et plus d’information sur les protections, ça a fait beaucoup de bien ! Du coup, je t’envoie une culotte menstruelle, avec quelques serviettes de la même marque que celle que j’ai utilisée ce mercredi-là. 

J’aimerais qu’un jour, toutes les femmes aient accès à la protection qui leur convient, à des toilettes propres et bien équipées, à l’eau potable, à la tranquillité. Car toutes n’ont pas la chance d’avoir une Fanta qui les prend par la main pendant ce moment à la fois si important et si normal de la vie.

Je ne sais pas si tu as eu tout ça, Rahana, mais j’espère au moins que tu as eu, comme moi, une amie, une sœur pour t’aider pendant tes premières règles.

Je t’embrasse depuis l’autre côté de la planète,

Camille.

Crédits

4 filles et 1 culotte tachée est un podcast en quatre épisodes écrit par Mymy Haegel, réalisé et mis en musique par Mathis Grosos, incarné par Aïda Djoupa, Adeline Labbé, Sophie Castelain-Youssouf et Marie Chereau. Il est mis en images par Audrey Godefroy, promu par Coralie Monange et produit par Adeline Labbé, Eva Dillais et Sophie Castelain-Youssouf.

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