L’entreprise ferroviaire fait mener à ses cheminotes un train d’enfer… Et avec leur dernière idée, c’est la sortie de route assurée ! Le Parisien, a révélé le 14 mai dernier qu’une nouvelle initiative lancée par le service « Rail mixité » chargé de l’égalité femmes-hommes au sein de la SNCF, a fait beaucoup de vagues.
Mi-avril, plusieurs conductrices ont cru à une blague en découvrant un mail atypique, intitulé « Culotte menstruelle, phase de test ». L’émetteur ? L’ambassade Rail Mixity Europe, une extension de Rail Mixité.
Les conductrice de fret pourront tester durant six mois les culottes menstruelles
Dans le fameux mail, que Le Parisien a réussi à récupérer, on informe les conductrices que, « dans le cadre des entretiens sur le sujet de l‘accès aux sanitaires », une nouvelle expérimentation allait être tentée auprès « du personnel roulant féminin ». Le plan ? Pendant six mois, les cheminotes pourtant tester trois culottes menstruelles que la SNCF leur aura offertes.
L’entreprise ferroviaire cherche à convaincre au moins trois cheminotes prêtes à tenter l’expérience. Pour les appâter, la SNCF n’a pas hésité à souligner les atouts des culottes menstruelles dans leur mail qui « cumulent avantage écologique, usage sécurisant, et praticité », car « elle peut se garder plusieurs heures. »
La colère des conductrices de la SNCF
À l’origine, le mail a été envoyé à seulement quelques personnes subtilement sélectionnées. Mais le message a fait rapidement le tour de l’entreprise ferroviaire. Plusieurs cheminotes contactées par le quotidien ont exprimé leur colère, comme Fabienne, conductrice depuis 15 ans au fret et désormais sur les trains voyageurs :
« Il y a plein d’endroits où il n’y a pas de sanitaires, ou alors réservés à ceux qui ont des passes. Quant aux toilettes dans les trains de voyageurs, elles sont souvent sales. »
Une cégétiste confie avoir dû faire plus d’une fois ses besoins entre deux wagons, tels les hommes, dans un train de fret ne comportant pas de toilettes :
« Ça ne passe pas ! On se bat depuis vingt ans pour des conditions de travail décentes, notamment l’accès à des toilettes réservées et à des temps de pause suffisants. Et la boîte nous colle ce genre de réponse : mets ta culotte et tu la gardes 8 heures ! »
La SNCF et trois trains de retard en terme de féminisme
Et ce n’est pas la première fois que la SNCF propose une telle initiative qui agace ses conductrices. Il y a dix ans, l’entreprise ferroviaire avait distribué un kit surnommé Go Girl, une sorte de « pisse-debout », distribué dans les endroits où les sanitaires manquent. Une fois encore, l’initiative s’était attirée les foudres des conductrices.
En terme de féminisme, la SNCF a encore beaucoup de chemin à parcourir. Fabienne confie au Parisien que cette revendication sur l’accès aux toilettes est discuté depuis l’arrivée des premières femmes dans le métier, il y a plus de 20 ans : « Et après ils disent qu’ils veulent féminiser les métiers ! », ironise Fabienne. Maryse, une conductrice à la retraite, confirme ces propos :
« Ce n’est pas franchement un nid de féministes à la direction. Finalement, ils demandent aux femmes qui entrent à la SNCF de devenir des hommes et d’adopter les contraintes y compris celles d’aller pisser comme eux ! »
Dans l’entreprise ferroviaire en 2022, les femmes restent encore bien minoritaires : 394 conductrices contre 12 530 hommes. Et à cause de l’absence de trains adaptés, les cheminotes sont contraintes de garder leurs produits hygiéniques plus longtemps que recommandé, au détriment de leur santé. Rappelons que garder un tampon trop longtemps peut être dangereux et provoquer un choc toxique.
Éviter les chocs toxiques qui planent sur les conductrices de fret
Dès la parution de l’article du Parisien, Anne-Sophie Nomblot, présidente du réseau SNCF Mixité, a assuré sur son compte Twitter, regretter « la présentation injuste » faite de leur initiative, tout en confiant avoir réalisé en amont de multiples entretiens avec des conductrices de fret, qui abordaient toujours le sujet des règles :
« On ne prétend pas tout régler avec les culottes menstruelles. C’est une solution palliative à court terme mais nous menons aussi un travail de fond avec la direction et les ressources humaines. La longueur des trajets sans-arrêt fait que les conductrices fret mettent en place des stratégies personnelles diverses pas optimales : garder un tampon pendant plus longtemps que le temps préconisé par le fabriquant, doubler les serviettes… »
Pour la présidente du réseau SNCF Mixité, « les culottes menstruelles sont donc apparues comme une alternative intéressante. » Quatre conductrices se seraient même portées volontaires pour tester cette nouvelle initiative. Elles devraient recevoir sous peu le kit d’une valeur de 200 euros, composé de trois culottes menstruelles en tissu bio avec des serviettes clipsables.
Cette difficulté d’accessibilité à des sanitaires concernerait aussi les conducteurs masculins, quelquefois contraints de se soulager durant des arrêts rapides devant leur locomotive. Toujours selon Le Parisien, la SNCF a donc lancé « une cartographie et état des lieux des toilettes, gare par gare sur l’ensemble du territoire » et envisage même « le remplacement des serrures à clé des toilettes par des lecteurs à badges ». Bref, gare aux nouvelles idées originales de la SNCF.
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Image en Une : © Goran Horvat – Pixabay
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