C’est l’une des femmes les plus puissantes du monde, et c’est sans doute ce qui lui vaut d’être la cible de créateurs de vidéos misogynes, humiliantes et traumatisantes. Artiste la plus écoutée dans le monde en 2023, personnalité de l’année selon le Times, Taylor Swift a été victime d’une usurpation d’identité à des fins pornographiques.
Les fans de Taylor Swift mobilisés
Depuis le 24 janvier, des images et vidéos de synthèse ultraréalistes générés par intelligence artificielle ont été diffusées massivement sur X (anciennement Twitter). Comme le rapporte RTL, l’une de ces vidéos a notamment été visionnée 50 millions de fois et est restée en libre accès pendant 24 heures, avant d’être supprimée. Acquis en octobre 2022 par le milliardaire Elon Musk, X a considérablement réduit ses équipes de modération, promouvant une liberté d’expression totale.
Face à cette prolifération de deepfakes, les « swifties » (les fans de Taylor Swift) ont lancé une mobilisation sans précédent en publiant massivement des extraits de concerts de Taylor Swift avec le message « PROTECT TAYLOR SWIFT », afin de noyer les contenus à caractère pornographiques. Plus de 200 000 publications de soutien ont été recensées.
Vers une législation efficace contre les deepfake ?
Contraint de prendre des mesures drastiques, X a choisi de bloquer toutes les recherches mentionnant le nom de l’artiste, que celles-ci fassent mention de pornographie ou non. Dans une déclaration à la BBC, Joe Benarroch, responsable des opérations commerciales de X, a expliqué qu’il s’agissait d’« une mesure temporaire, prise avec énormément de prudence, car nous accordons la priorité à la sécurité ».
Force est de constater que cette décision, dont on ne connait pas encore la durée, rend flagrant l’absence de mesures précises pour lutter contre le fléau des deepfake. À l’heure actuelle, aucune loi ne régit cette question aux États-Unis. À tel point que la Maison-Blanche a réagi en appelant le Congrès à légiférer au niveau fédéral afin de protéger les victimes de vidéos pornographiques générées par IA.
Les deepfakes sont une violence sexiste
Dans un article publié sur Numerama et relayé par RTL, la journaliste Lucie Ronfaut explique que les deepfakes sont l’un des modes d’expressions du sexisme et de la masculinité. Dans ce texte intitulé « Les deepfakes pornographiques n’existeraient pas sans les hommes », elle écrit : « Aujourd’hui, on réalise que l’immense majorité des applications délétères de ces technologies sont misogynes« , expliquant :
« Créer une vidéo pornographique d’une femme sans son consentement, ce n’est pas (forcément) vouloir tromper les internautes. C’est un désir de contrôle. Peu importe que ça soit pour de vrai ou pour de faux. Le traumatisme des victimes, lui, est réel. L’intérêt des hommes aussi. Pour humilier quelqu’un, se l’approprier, ruiner sa vie, même par curiosité.«
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