Nous sommes définitivement accros à nos écrans. Les Français et Françaises passent plus de 60% de leur temps libre sur leurs smartphones, une console, un ordinateur ou encore la télévision, rapporte l’étude Hobby One relayée par Le Figaro et réalisée par Vertigo Research en décembre 2021, auprès d’un panel de 14.000 personnes âgées de 11 ans et plus.
Bienvenue dans l’ère de la connexion permanente
Scroller, surfer, zapper… Chaque jour, nous passons plus de la moitié de notre temps de loisir à échanger sur les réseaux sociaux, à regarder des séries ou des films sur des plateformes de streaming, à suivre des émissions à la télévision ou encore à jouer aux jeux vidéo.
En 2022, lire, flâner ou partager une partie de jeux de société… C’est carrément démodé ! La pandémie de Covid-19 nous a fait basculer dans l’ère de la connexion permanente.
D’après l’étude, moins de 17% du temps libre des Français est aujourd’hui consacré aux activités hors du domicile telles que le sport, le shopping, ou encore une sortie culturelle.
Le sociologue Gérald Bronner avait déjà alerté sur cette dérive fin 2020 dans son ouvrage Apocalypse cognitive :
« Les écrans dévorent notre temps de cerveau disponible plus que n’importe quel autre objet présent dans notre univers. »
Le virtuel ne contamine pas uniquement les jeunes
Oubliez les préjugés : les jeunes ne sont pas les seuls concernés. Sylvain Bethenod, président de la société d’études marketing Vertigo, constate auprès du Figaro qu’« en réalité, le temps passé sur les écrans ne varie pas tant d’une génération à l’autre. ». Tous âges et genres confondus sont absorbés, mais pas de la même façon…
Les 15-24 ans occupent 40% de leurs temps libres à se prélasser sur les réseaux sociaux ou encore à jouer à des jeux vidéo — c’est la génération YouTube, Instagram, Snapchat, TikTok, Playstation… Les 35-49 ans, eux, sont plus virtuellement « tout-terrain » : de Facebook à Netflix en passant par les supports plus traditionnels comme TF1, M6 ou encore France 2 et Canal+. Quant aux ainés, les plus de 60 ans, ils cultivent leur fidélité à la télévision : sept chaînes audiovisuelles figurent dans le top 10 dans leurs principaux supports médias.
Mais toutes les générations sont unanimes dans le choix de leur loisir préféré : échanger sur les réseaux sociaux ! Une conséquence directe des multiples confinements.
En seconde position, il y a l’envie de suivre l’actualité, plébiscitée par les plus âgés. En effet, les 15-24 ans y consacrent seulement 2,3% de leur temps libre, comme le temps passé à lire des livres, des BD ou des mangas.
À qui la faute ? Aux confinements, pardi
« Les confinements n’ont pas seulement contraint la jeunesse à rester chez elle. Ils ont créé une habitude et celle-ci a aujourd’hui un impact sur la consommation des loisirs, explique Sylvain Bethenod avant d’ajouter :
« Lorsque l’on est dans son canapé à faire défiler des vidéos courtes sur son écran, que l’on est dans l’interactivité avec les autres sur les réseaux sociaux, sortir de chez soi, aller au cinéma devient un effort. »
Pour s’extraire de son chez-soi, le contenu proposé à l’extérieur doit être fort et attractif… Dans les rangs de la jeune génération, l’heure est à l’apparition d’une épidémie de « paresse culturelle », constate l’expert. Dans une époque où l’addiction aux écrans augmente chaque jour, les sorties culturelles risquent de devenir des vestiges du passé.
0,4% du temps de loisirs des Français est consacré au théâtre, 0,5% à des concerts et à l’opéra et 1,9% pour le cinéma… À long et moyen termes, cette « paresse culturelle » pourrait avoir des effets délétères. Le théâtre sera-t-il bientôt qu’un souvenir du passé ?
Le casse du siècle des géants de la tech
Mais dans chaque histoire, il y a forcément un vainqueur. Ici, les géants de la tech opèrent le casse du siècle sur l’attention des jeunes… En quelques années, Facebook et Youtube se sont imposés comme les deux supports médias les plus utilisés par les Français. TF1 n’arrive qu’après, suivi de près par… Netflix et Instagram.
Il était une fois donc 2022, l’avènement d’un nouveau monde virtuel, celui des métavers ou la dévoration numérique de nos loisirs d’antan. Accrochez-vous, cette boulimie digitale n’est pas prête de ralentir. Finalement, nos écrans et nous, c’est un peu, je t’aime, moi non plus…
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Image en Une : Steinar Engeland / Unsplash
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