C’est les vacances et les enfants sont souvent en permanence avec leurs parents ou grands-parents ! Si cela a indéniablement du bon, les adultes ont parfois envie (et besoin !) d’un peu de répit. Quoi de mieux que de les mettre devant un dessin animé ou un film ? Vient alors la culpabilité terrible de mettre les enfants devant des écrans… Va-t-on casser les gosses en les exposant de la sorte ?
On entend en effet souvent qu’il ne faut pas d’écran avant trois ans et que la surexposition des enfants aux contenus numériques serait le mal du siècle. Une tribune signée par nombre de députés et personnalités paraissait d’ailleurs dans Le Monde peu avant les vacances à ce sujet. On y apprenait que la durée moyenne d’exposition annuelle d’un enfant entre 3 et 10 ans serait de 728 heures. Sept cent vingt-huit heures.
Ce pour quoi les députés s’inquiétaient n’était donc pas un film ou un dessin animé de temps à autre, blottis entre frères et sœurs sur un gros canapé, mais bien d’une exposition prolongée et quotidienne.
Une tribune tire la sonnette d’alarme
Un collectif de parlementaires et de personnalités, dont Gaspard Koenig, Nicolas Sirkis et Benoît Hamon, appelait à l’élaboration collective d’une proposition de loi visant à la prévention et la sensibilisation des parents aux dangers de la surexposition aux écrans. Les chiffres sont en effet effarants concernant la consommation d’écran par les petits. Dans la tribune, on peut lire :
« Sept cent vingt-huit heures. C’est la durée moyenne d’exposition annuelle aux écrans des enfants âgés de 3 à 10 ans. […] Un tiers des enfants de 0 à 3 ans prend ses repas devant un écran. »
Pour les tout-petits, c’est effectivement une période charnière en ce qui concerne les apprentissages. La passivité souvent induite par les écrans peut entraver l’acquisition de savoirs et la maîtrise physique de nouvelles capacités. La tribune le rappelle d’ailleurs :
« 0 à 3 ans, c’est une période de la vie où les enfants ont des défis vitaux à relever : apprendre à marcher, parler, nouer des liens et interagir, reconnaître et réguler ses émotions, développer sa faculté de concentration, sa motricité, s’étonner du monde qui nous entoure, commencer à comprendre les lois physiques et biologiques qui le régissent. »
Selon cette tribune, des troubles de l’apprentissage sont à prévoir en cas de surexposition aux écrans. Mais le texte va même plus loin, en exprimant des craintes au sujet de troubles du sommeil, de problèmes dans le « développement cognitif et socio-émotionnel ». Les conséquences précises ne sont pas totalement connues mais les dangers semblent multiples, à la fois physiques et psychologiques.
Cette tribune à pour dessein de proposer une loi qui imposerait davantage de prévention auprès des parents sur les dangers que présenterait une exposition importante et prolongée aux écrans. Les signataires veulent une vraie politique d’informations :
« Faire connaître la question de la surexposition de nos jeunes relève ainsi aussi du principe d’égalité des chances. »
Des écrans à consommer avec modération
Le problème se situe dans la systématisation de l’exposition des enfants aux contenus numériques, dans la répétition quotidienne. Bien entendu, il faut aussi prendre en compte l’âge de l’enfant pour en appréhender les dangers. Il n’est pas pareil de mettre un bébé de un an devant une télé et un enfant de 8 ou 10 ans devant un contenu numérique interactif, comme un jeu vidéo.
Les parents, dont je fais partie, sont parfois un peu déboussolés et peinent à voir la ligne de démarcation de ce qui constitue un danger. En témoigne ce post d’un père qui a acheté une console à ses enfants à Noël et qui se questionne sur les règles à appliquer :
Ce « contrat » étonnement passé avec ses enfants a beaucoup fait réagir (sûrement parce qu’il émane d’Olivier Babeau, lobbyiste très à droite de l’échiquier politique, pour en dire le moins). Si certaines personnes cautionnent ces règles, d’autres les trouvent trop rigides et/ou dénoncent une certaine hypocrisie de donner la possibilité de jouer avec tant de conditions.
Les jeux vidéos et les contenus interactifs et ludiques dans leur ensemble semblent quelque peu à part dans la catégorie du temps passé devant les écrans. Si les enfants sont suffisamment grands, si ces activités vidéoludiques constituent une partie de l’ensemble de leurs loisirs et si elles sont consommées avec modération, le problème n’est pas évident.
Des études avancent même que s’amuser avec des jeux vidéo rendrait plus intelligent car les gamers développeraient une meilleure connectivité neuronale, même si les risques d’addiction sont aussi à prendre en compte… Mais d’ailleurs, les geeks d’hier ne sont-ils pas les maîtres du monde, aujourd’hui ?
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Crédit photo de Une : pexels-photo-4740522
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Les Commentaires
Les études actuelles ne sont pas encore très conclusives sur le risque direct des écrans sur les petits enfants. Notamment parce qu'il y a aussi une corrélation entre le milieu social et le temps passé par les enfants devant la télé (et ça n'est pas forcément de la faute des parents mais des circonstances de vie qui font que certains parents ont moins de temps pour gérer à la fois la maison et les enfants et doivent avoir recours aux écrans).
Dans les années 50 (60?), quand la télé n'était que dans les foyers des classes supérieures, on disait qu'elle apprennait un meilleur vocabulaire aux enfants. Alors que c'était simplement une corrélation avec le milieu social.
Nous on laisse notre fils regarder un film le matin lors du we, et ce depuis qu'il a genre 2 an et demi. On est bien plus concerné par la qualité de ce qu'il regarde que par le temps. Donc on préfère un bon film qu'une mauvaise série. Et on reste avec lui non stop, on commente, on reparle après de l'histoire.
Et ben ce qui me rassure, c'est que je vois qu'il en retire quelque chose. Depuis qu'il en regarde, il essaye de catégoriser "méchants/gentils", de comprendre pourquoi certains sont méchants, il s'identifie aux héros qui sauvent les autres et on a même eu une discussion sur la répartition des richesses grace à Robin des Bois. J'ai l'impression qu'il écoute vraiment, qu'il essaye de comprendre et que ça enrichit son imaginaire.
Après, on sait aussi qu'on a un modèle d'enfant qui préfère nettement les jeux d'imitation et le fait de raconter des histoires, donc ça colle.
@Zelitrex nous on a commencé par les Miazaki sur Netflix (enfin certains). Notamment Totoro et Kiki qui sont super jolis et ne demandent pas beaucoup de compréhension.
Et on s'est abonné à Disney +, et il a déjà vu l'immense majorité des classiques. Y a aussi de chouettes court métrage Pixar pour commencer.