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Jumbo, l’histoire d’amour entre une jeune fille et un manège

Alix a été émerveillée par le film Jumbo, présenté en hors-compétition au Festival de Gérardmer. Elle a rencontré Noémie Merlant, son actrice principale, pour l’occasion.

Les grandes histoires d’amour au cinéma m’envoûtent, elles me font voyager.

Appelle-moi fleur bleue si tu le veux, lectrice, mais comme dirait l’autre, je chante la vie, je danse la vie et je ne suis qu’amour.

Alors en lisant le synopsis de Jumbo, j’ai tout de suite été séduite. Rien de tel qu’une romance entre une jeune fille et une machine pour piquer ma curiosité.

J’avais attendu Her de Spike Jonze et La Forme de l’eau de Guillermo Del Toro avec la même impatience, et Jumbo ne m’a pas déçue !

Jumbo, de quoi ça parle ?

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Jeanne (Noémie Merlant), une jeune femme timide et souvent moquée entretient avec sa mère fantasque (Emmanuelle Bercot) une relation fusionnelle.

Mais leur complicité va en prendre un coup lorsque Jeanne apprend à sa mère qu’elle est tombée amoureuse de Jumbo, la nouvelle attraction de la fête foraine dans laquelle elle travaille.

Le film de Zoé Wittock se lance alors à l’aventure de cette histoire hors-norme, avec un traitement tout particulier qui fait de ce film un OVNI merveilleux.

Je l’ai vu la première fois au Festival International du Film Fantastique de Gérardmer où il était présenté en hors-compétition, et j’ai rencontré sur place son actrice principale, la magnétique Noémie Merlant, aussi nommée aux César 2020 pour son rôle percutant dans Portrait de la jeune fille en feu.

Alors voici mon avis sur le film mêlé à l’entretien avec son actrice principale, pour te faire patienter avant la sortie de Jumbo le 18 mars prochain.

Jumbo, un film plein de poésie

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Une jeune femme qui tombe amoureuse d’une machine, en voilà une histoire qui sort des clous.

Quand j’ai demandé à Noémie Merlant ce qu’elle avait pensé du script la première fois qu’elle l’a eu entre les mains, elle s’est exclamée :

Je me suis dit « Wow, c’est étonnant ! ». C’est pas du tout ce qu’on a l’habitude de lire, c’est une histoire d’amour qui n’est pas du tout racontée.

Il y a des choses qui m’ont vachement touchée, qui m’ont emmenée ailleurs, j’avais très envie de le faire.

Et une fois le scénario mis en scène, la surprise est tout aussi grande.

Noémie m’explique qu’avec la réalisatrice, elles se sont beaucoup interrogées sur la façon de créer un dialogue avec un objet

.

En effet, toute la difficulté réside aussi dans le fait que l’histoire d’amour entre Jeanne et Jumbo doit paraître crédible.

C’est là que le fantastique s’immisce dans l’intrigue, avec des scènes entre Jeanne et Jumbo tout simplement féériques.

Le film soulève de grandes questions tout en douceur et en poésie, et ça fait du bien aux pupilles.

Et dire que Noémie Merlant me confie qu’il a eu des difficultés à voir le jour… Ç’aurait quand même été dommage de devoir s’en passer.

Ça a mis du temps à trouver des financements. […] C’est très osé ce film, par son sujet et par la manière dont elle [Zoé Wittock] le traite.

Le côté fantastique, le côté comique, décalé, font que c’est pas un film évident, parce que de tous les points de vue il est différent.

Mais moi c’est ça qui m’a séduite, c’est une vraie proposition, quand y a une idée, des imaginaires nouveaux, c’est ça qui m’enchante.

Jumbo, une ode à la différence et à la tolérance

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Dans le cinéma tel que je le connais, le personnage de Jeanne, sans âge, insaisissable et inclassable, parvient rarement à se hisser au rang de protagoniste principal.

Noémie m’explique qu’elle a donc redoublé d’efforts pour le cerner et l’a travaillé avec beaucoup d’empathie :

J’ai essayé de projeter toutes les sensations qu’on a quand on est amoureux sur un objet. C’était un vrai dialogue avec l’environnement, avec la matière, avec un côté très terrien, et finalement pas si lunaire que ça. […]

Les désirs des autres, elle [Jeanne] n’arrive pas à les gérer, elle se sent vite oppressée.

Et quand elle est avec un objet, avec par exemple Jumbo, elle a la place pour être elle-même, pour créer quelque chose, pour laisser libre cours à ses désirs à elle. […]

Pour moi, Jeanne exerce une liberté totale, elle est différente, et c’est ça qui fait peur, comme toujours. […]

C’est un personnage que j’aime énormément, parce qu’elle est pas si fragile que ça en fait ! Elle va rapidement confronter sa mère dès qu’elle a compris qu’elle avait ce désir-là.

Elle est tellement pure qu’elle se pose pas la question, elle essaie de le partager, mais les gens ne comprennent pas.

Jeanne est en partie inspirée d’Erika Eiffel, une des premières femmes à s’assumer objectophile. Comme elle, Jeanne construit des miniatures de ses objets de désir.

Jeanne est différente, sa moitié aussi, alors il n’en fallait pas plus à Zoé Wittock pour réinventer une manière de figurer les relations sexuelles au cinéma.

Car oui, Jeanne et Jumbo font l’amour de manière totalement inédite, dans une scène fascinante que Noémie tente de décrypter :

Elle [Zoé Wittock] voulait marquer cette rentrée dans l’imaginaire de Jeanne, pas garder un côté réaliste. Elle voulait rentrer dans les entrailles de cette machine, dans la tête de Jeanne, et dans la sensation de l’orgasme !

Jumbo, si spécial et pourtant universel

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Montrer un amour qui dérange, un amour différent, c’est encore aujourd’hui faire un film à portée politique.

Zoé Wittock fait attention rendre la scène de coming-out de Jeanne à sa mère universelle. En effet, celle-ci est transposable à n’importe quel coming-out non-hétéronormé.

Alors, Jumbo est-il un appel à la tolérance ou annonce-t-il qu’enfin, une forme de tolérance s’est installée dans notre société ?

Je pense que c’est un mélange des deux. Je pense qu’il y a quand même un bon bout de chemin à faire. Et y en a déjà un peu qui est fait.

C’est d’une importance capitale d’avoir des films qui montrent de nouveaux imaginaires, qui montrent toute une nouvelle vision qui n’est pas racontée, pas représentée […].

Et Noémie Merlant se sent elle aussi, en tant qu’actrice, responsable de la portée politique des projets auxquels elle participe.

Au fur et à mesure des rencontres que je peux faire je me sens de plus en plus responsable. Un artiste, pour moi, est responsable d’une certaine manière.[…]

J’ai besoin de mettre du sens dans ce que je fais, j’ai besoin qu’il y ait une résonance avec le monde, qui soit, en tout cas j’essaie, la plus sincère et la plus belle possible.

Alors forcément, Noémie et moi en sommes venues au sujet du féminisme dans le cinéma, et particulièrement dans le cinéma français, à l’heure où elle se retrouve à défendre Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma aux César 2020.

Forcément la vision des femmes réalisatrices est différente de celle des hommes, parce qu’on a malgré tout une autre histoire, donc une autre identité, une autre sensibilité, une autre vision.

C’est vrai que j’ai travaillé avec beaucoup de femmes réalisatrices, plus que d’hommes, c’est plutôt chouette. […] et j’ai même rencontré beaucoup d’actrices-réalisatrices : Emmanuelle Bercot, Mélanie Laurent, Sandrine Bonnaire… […]

Y a un élan de la part des femmes ! On a plein de choses à dire ! On a regardé beaucoup de films d’hommes, et c’est génial, c’est très bien, mais on veut d’autres choses aussi.

Ma rencontre avec Noémie se conclut sur son envie d’elle aussi, continuer d’opérer derrière la caméra, inspirée par toutes les femmes qu’elle a rencontrées.

Elle a déjà réalisé deux courts-métrages, et ne compte pas s’arrêter là.

Et franchement, je ne demande que ça, pas toi lectrice ?

En attendant, tu pourras voir Jumbo au cinéma dès le 18 mars au cinéma. Encore un peu de patience !

À lire aussi : Les meilleurs films fantastiques révélés à Gérardmer 2020


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Les Commentaires

3
Avatar de jorda
8 février 2020 à 17h02
jorda
Très bon article qui m'a donné envie d'aller voir le film. Effectivement c'est un sujet peu habituel et j'espère que son traitement sera à la hauteur.
0
Voir les 3 commentaires

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