Le 27 mars, dans la nuit, s’est tenu la cérémonie des Oscars, qui a cette année été marquée par la baffe de Will Smith à Chris Rock.
Outre ce scandale, la cérémonie a aussi et surtout été celle du sacre inattendu du film Coda et de Jane Campion.
Jane Campion, un Oscar historique
Première femme à avoir remporté la Palme d’or au festival de Cannes, Jane Campion est une réalisatrice majeure (bien que très discrète) de notre époque. Elle est par ailleurs la première femme réalisatrice de l’histoire du festival de Cannes à avoir présidé le jury.
Cinéaste émérite, elle vient désormais de gagner un nouveau galon puisqu’elle a gagné l’Oscar de la meilleure réalisatrice.
Un prix qui n’avait été remporté que par deux femmes avant elle, Kathryn Bigelow et Chloe Zhao.
La réalisatrice néo-zélandaise d’aujourd’hui 67 ans, a toujours baigné dans les arts-dramatiques, grâce à un père directeur de théâtre, qui l’a initiée au monde du spectacle dès son plus jeune âge. Mais très vite, la cinéaste s’est émancipée de l’apprentissage paternel pour façonner son art à elle : un art tourné vers les femmes.
Ainsi, les femmes sont toujours au cœur des films de Jane Campion — qui se revendique féministe depuis ses débuts — que ce soit dans La leçon de piano bien sûr (qui a, par ailleurs, des années après sa sortie, été réprimé pour la glamourisation de l’emprise du personnage masculin sur son héroïne), dans Portrait de femme, Sweetie, Holy Smoke, Bright Star (l’un de nos films favoris de tous les temps) et même dans sa série très pointue Top of the Lake.
Il n’y a guère que dans The Power of The Dog (co-écrit par Thomas Savage), justement oscarisé, qu’elle explore le terrain de la masculinité, mais avec puissance et psychologie, comme on la voit peu sur nos écrans.
The Power of The Dog, splendide film sur la masculinité toxique
Si Netflix ne s’est pas vu couronné de la récompense suprême de l’Académie, à savoir celle de meilleur film, il s’en sort tout de même très bien.
Il faut dire que The Power of The Dog est sans aucun doute l’un des meilleurs films de son catalogue.
Dedans, Jane Campion quitte quelques instants ses héroïnes bousculées par la vie pour explorer un monde très testosteroné.
En effet, la cinéaste y explore les relations conflictuelles de Phil et George Burbank, deux frères que tout oppose.
Autant Phil est raffiné, brillant et cruel, autant George est flegmatique, méticuleux et bienveillant. À eux deux, ils sont à la tête du plus gros ranch de la vallée du Montana. Une région loin de la modernité galopante du XXème siècle, où les hommes assument toujours leur virilité et où l’on vénère la figure de Bronco Henry, le plus grand cow-boy que Phil ait jamais rencontré.
Lorsque George épouse en secret Rose, une jeune veuve, Phil, ivre de colère, se met en tête d’anéantir celle-ci. Il cherche alors à atteindre Rose en se servant de son fils Peter, garçon sensible, comme d’un pion dans sa stratégie sadique et sans merci.
Avec une maitrise singulière d’un récit dont elle est a priori très éloignée, Jane Campion explore les affres de la masculinité toxique.
La réalisatrice a expliqué au Guardian :
« Le film parle de masculinité toxique. Essayer de la comprendre et de la reconnaître, c’est la seule façon de changer cette masculinité. Vous ne pouvez pas simplement vous y opposer, cela reviendrait à mettre de l’huile sur le feu. Vous devez comprendre pourquoi ces hommes causent des dommages aux autres et à eux-mêmes. Aborder et remettre en question la masculinité toxique n’est pas suffisant. »
Un sujet puissant, manié avec virtuosité par celle qui demeure, des années après son premier sacre à Cannes, l’une des meilleures conteuses d’histoires de son époque.
Voir The Power of The Dog sur Netflix
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Crédit photo à la Une : The Power of The Dog via Netflix
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Les Commentaires
surtout parce qu'il y a Benedict Cumberbach... et je n'ai pas été déçue, il est tout en nuance