Si vous connaissez CamClash, la vidéo ci-dessous risque de vous être familière.
Jonathan et son équipe, de la chaîne belge Would you react, mettent en scène une situation dans l’espace public et observent les réactions que celle-ci provoque : c’est leur format Expérience Sociale.
On trouve des vidéos à propos de tout et n’importe quoi : la différence d’âge dans les couples, la séropositivité, le fait de laisser ou non sa place aux personnes âgées…
Et la dernière en date nous parle sans doute à tou•tes : « Agression dans le métro », où les vidéastes mettent en scène une situation de harcèlement sexiste dans les transports.
C’était déjà une étudiante belge qui avait mis en lumière le harcèlement de rue à travers une caméra cachée, en 2012. Ici, le youtubeur mobilise une actrice et joue lui-même l’agresseur dans une rame de métro, en attendant de voir les réactions des autres passagers.
« Tous les thèmes d’actualité nous touchent, et celui des femmes également, car on reçoit beaucoup de retours, de témoignages de filles qui vivent cela, et malheureusement elles n’ont pas beaucoup d’outils pour expliquer ce qu’elles vivent.
Souvent on leur dit « tu n’as qu’à rien dire », « ils ne te regardaient peut-être pas », etc.
Donc c’est important pour nous, au lieu de faire de longs discours, qu’on fasse une vidéo parlante. »
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Caméra cachée sur le harcèlement dans les transports : un constat déprimant
Le constat est… déprimant. La situation qui est répétée plusieurs fois suit un scénario qui s’appuie sur la rhétorique du slut-shaming.
« L’agresseur » aborde la jeune fille : il lance une première remarque, « pour faire connaissance », puis voyant qu’elle ne réagit pas, il lui reproche sa tenue, car c’est bien connu « on s’habille pas comme ça dans les transports en commun ». Très vite, il en devient réellement menaçant : « on va te suivre de toute façon ».
Et… malgré tout ça, les réactions des gens dans le métro sont parfois longues à venir, voire pour beaucoup inexistantes. C’est simplement le constat amer que la majorité des gens reste impassible, voire cautionne le harcèlement sexiste dans les transports.
Dans la vidéo, la première mise en scène a lieu sur le quai d’un métro : deux agents de sécurité « gèrent » l’affaire de loin, se contentant d’entendre un « on la connaît » sans s’attarder vraiment.
Puis dans le métro, les deux premiers essais qui nous sont donnés à voir montrent l’absence de réaction de la plupart des passagers. À chaque fois, c’est une autre jeune femme qui s’interpose et prend la défense de la victime, hausse le ton, finit par proposer à la jeune fille de descendre avec elle à son arrêt en sommant l’agresseur de bien se calmer.
Mais autour, tout est calme.
Dans le dernier essai, quelques jeunes hommes prennent la parole et défendent à leur tour la jeune fille : ce sont les seuls hommes qui ont réellement réagi, et à côté d’autres sont loin de leur montrer leur soutien…
Pourquoi si peu de personnes réagissent-elles face au harcèlement dans les transports ?
Et pour confirmer ce constat, dans ses retours, l’actrice qui jouait la victime explique qu’elle a effectivement vu que les femmes réagissaient beaucoup plus souvent. Mais alors, pourquoi ?
À chaque fois, les personnes qui ont pris la défense de la victime sont mises au courant de la caméra cachée et donnent leurs impressions… Et selon les deux jeunes femmes qui se sont retrouvées seules sur la ligne de défense, c’est probablement car elles savent ce que cela fait d’être prise à partie comme cela, d’être harcelée dans les transports.
Un phénomène « d’appropriation » selon Jonathan, d’identification en somme : 100% des utilisatrices des transports en commun ont déjà été harcelées, pas étonnant qu’on soit touchées lorsque ça se passe sous nos yeux.
Pour moi, c’est surtout une nouvelle illustration de « l’effet témoin », de la dilution de la responsabilité. Justine en parlait il y a déjà un moment : pourquoi MOI j’irais intervenir, alors que quelqu’un d’autre pourrait le faire ? Et plus je suis entourée, plus ma part de responsabilité est faible dans la non-réaction générale… Donc personne n’agit.
Dans ce genre de contexte, il est vrai qu’il est souvent extrêmement difficile de s’interposer, aussi parce qu’on ne sait pas ce qu’il peut se produire : ces harceleurs sont potentiellement vraiment dangereux.
Mais alors, comment réagir face au harcèlement dans les transports ?
Pour Jonathan, auteur de la vidéo, il existe plusieurs techniques pour réagir même s’il ne faut pas se flageller de ne pas l’avoir fait :
« On peut y réfléchir avant : s’il se passe ceci, je fais cela, car si ça arrive, on y pensera seulement après l’effet de surprise ou de peur et ce sera trop tard…
Ensuite, sur le moment même, si on a confiance en soi, je pense que chacun sait comment réagir : humour, fermeté, etc.
Mais si on est hésitant on peut aussi demander autour d’intervenir soit ensemble, soit d’expliquer la situation et de demander d’agir, soit d’aider la victime car on l’oublie souvent, d’appeler la police, les secours, tirer l’alarme, etc.
Et un conseil aussi, c’est de s’entraîner quotidiennement à rentrer en interaction avec un maximum de personnes comme chauffeur de bus, caissière, petits enfants qui jouent, parce que si on se conditionne à rester dans sa bulle tout le temps en rentrant du boulot par exemple, le jour où il se passe quelque chose on ne sort pas de sa zone de confort.
Mais si on s’est habitué•e à avoir le contact facile, le jour J on sera plus à même d’interagir et de dire stop. D’autant plus qu’interagir dans la société diffuse un climat de sécurité autour de soi, donc c’est tout bénéf ! »
Une note du Projet Crocodile expliquait aussi ce phénomène et donnait des pistes pour ne plus se sentir démuni•e dans ce genre de situation : je vous la conseille, elle est loin d’être passée de mode malheureusement !
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Les Commentaires
Cela dit une fois j'ai un peu explosé contre un gars qui nous suivait et nous invectivait dans la rue (avec mon mec et une pote : "et tu me donne tes meufs, t'as deux nanas trop cool" ou ce genre trucs). Au final, ça lui a juste fait plaisir en quelques sortes, et il a continué. Je suis pas vraiment capable de réagir comme il faut dans ces situations :/