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La spoliation financière, la face cachée des violences conjugales // Source : Unsplash
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« C’était une erreur de penser qu’il allait régler ses dettes » : Marie-José a été victime de spoliation financière, la face cachée des violences conjugales

Alors que le grand public se familiarise à peine avec la notion de violences psychologiques dans le couple, la spoliation financière par emprise commence à faire parler d’elle à l’aune de l’affaire Julien Bert / Hilona Gos. Madmoizelle a rencontré Marie-José, qui s’est fait escroquer de plus de 150 000 euros par son ex-compagnon. Récit d’un engrenage.

« Je n’arrive pas à mettre des mots sur la terreur psychologique que j’ai subie. »Marie-José a 60 ans. En 2016, alors qu’elle vit à Madrid, elle se rend à Paris pour voir sa fille. C’est là qu’elle rencontre Frédéric. Lui habite en Corse et fait souvent l’aller-retour entre l’île et l’Espagne, où habitent sa femme et son fils. Tout de suite, c’est le coup de foudre. « C’était comme si mon esprit était absorbé par cette personne », se souvient l’Espagnole. 

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Une maison en Corse

Marie-José entre dans ce qu’elle appelle « une bulle », un amour intense et fusionnel. Très vite, Frédéric quitte sa femme. « Je me disais qu’il avait vécu avec elle pendant 25 ans. C’était une assurance. » Les jours suivants, il fait part à Marie-José de son rêve de construire une maison chez lui, en Corse. « J’avais un très bel appartement à Madrid et j’avais déjà pensé à le vendre pour acheter une maison. » se souvient-elle.

Frédéric saute sur l’occasion. Il annonce à sa nouvelle compagne qu’il possède déjà une demeure à demi-construite, mais qu’il lui manque un peu d’argent pour terminer le chantier. L’Espagnole, qui a travaillé aux Nations unies, reçoit une pension de 2700 euros par mois. Lui enchaîne les petits boulots de plomberie. « Au bout de deux semaines de couple, il me dit que je vais tomber amoureuse de la Corse au point que je voudrai construire la maison avec lui. » Éprise comme elle ne l’a jamais été, Marie-José décide de se lancer.

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« Il voulait me contrôler, il était violent dans ses propos » 

Dans le déni, elle ne se confie à personne et elle perd le contrôle. « Au bout de trois mois, j’ai décidé d’aller en Corse avec lui. Mais quand je suis arrivée, j’ai réalisé que sa maison était un taudis minuscule. » À ce moment-là, l’Espagnole est trop engagée dans la relation pour faire marche arrière, et elle croit encore à leur belle histoire : l’emprise et les violences psychologiques sont à leur paroxysme. « Il voulait me contrôler, il était violent dans ses propos. » 

Marie-José lui annonce qu’elle veut rentrer en Espagne, mais Frédéric s’en réjouit : ensemble, ils vont y acheter une propriété grâce à l’argent qu’elle aura dégagé de la vente de son appartement. Elle accepte la proposition. Une fois son bien vendu, Marie-José utilise l’argent pour acheter une maison de campagne. Ou plutôt, elle en verse la moitié à Frédéric, qui s’en sert pour acheter sa part et devient ainsi copropriétaire. 

Pendant un temps, elle habite avec Frédéric et son fils, qui vivent à ses crochets. Lui ne travaille pas et fait des allers-retours constants entre l’Espagne et la Corse. À l’époque, le couple a un « arrangement » : il est censé faire les travaux dans la maison, qui a besoin de réparations. Il n’en sera rien. L’emprise et la peur se font telles que Marie-José contracte un emprunt bancaire de 29 000 euros pour son conjoint. 

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Une dette de 160 000 euros

Progressivement, Marie-José commence à douter de Frédéric, qui lui assure qu’il la remboursera. Elle finit par se rendre dans une organisation d’aide aux victimes de violences conjugales, où elle rencontre une psychologue. « Elle m’a dit qu’il fallait que je quitte cet homme, que c’était une erreur de penser qu’il allait régler ses dettes. Moi, je le défendais. » Pour mettre les choses au clair, elle décide néanmoins de lui faire signer une reconnaissance de dette. Officiellement, Frédéric lui doit 160 000 euros, soit la moitié de la maison, le crédit qu’elle a contracté, une voiture et les mois de vie à ses crochets.

Sur le moment, Marie-José est rassurée. C’était sans compter sur une clause que le notaire ne lui avait pas expliquée – et qui arrangeait bien Frédéric : la condition pour qu’il rembourse la dette est qu’il vende sa maison, qu’il a continué à construire en Corse avec l’argent qu’il lui a volé. Frédéric et Marie-José finissent par rompre et il rentre chez lui refaire sa vie. Aucun avocat n’accepte de prendre le dossier de Marie-José, ou les frais sont bien trop élevés. Elle attendra deux ans que son ex lui rembourse une partie de sa dette – 60 000 euros – la traitant au passage de voleuse. 

Absence de justice

Aujourd’hui, la sexagénaire n’a aucun moyen d’obtenir justice. Elle réalise que l’homme pour qui elle a éprouvé la plus grande passion de sa vie voulait simplement lui soutirer le plus d’argent possible. « Ça m’a détruite. Depuis qu’il est parti, j’ai beaucoup de mal à avoir des contacts avec des gens, j’ai peur, j’ai des palpitations tous les matins. » Le plus violent, pour elle, est que cette affaire ne sera jamais résolue. « Je croyais qu’il y avait quelque chose de vrai dans ce qu’il disait. J’ai compris que je dois faire mon deuil. »

Violences conjugales : les ressources

Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :


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