Le célicouple, c’est quoi ? Un couple qui s’aime, se retrouve, mais ne vit pas sous le même toit. Une organisation de plus en plus assumée, entre besoin d’espace personnel et refus des schémas traditionnels. Pour Emmanuelle Mayer, journaliste spécialisée société/habitat et autrice de La déco éthique (Eyrolles), 43 ans et mère de deux enfants, cette formule s’est imposée comme une évidence après une séparation difficile. Pas question pour elle de composer une famille recomposée ni de mêler trop vite ses enfants à une nouvelle histoire. Car si le célicouple a ses avantages, il a aussi ses inconvénients : la distance, la logistique, les week-ends morcelés… mais aussi une liberté précieuse que beaucoup envient.
L’expérience d’Emmanuelle, en célicouple depuis 2 ans et demi
Avec mon compagnon, nous sommes ensemble depuis 2 ans et demi. Nous habitons chacun·e chez nous et souvent chez l’autre. Nous sommes donc en « célicouple » selon le mot qui a émergé ces dernières années.
Le mot de « célicouple » ne me parle pas trop, à cause de la racine « célibataire » qui sous-entend que ce serait une relation légère… une relation à prendre à la légère. Certes, juridiquement, nous cochons la case célibataire. Mais je me sens dans un vrai couple c’est à dire accompagnée. Intimement et socialement. Nous sommes compagnon et compagne, un mot qui m’évoque aussi le chemin, le voyage. Et c’est ce dont il s’agit : le couple, c’est un voyage à deux. Après, d’un point de vue médiatique, je comprends l’intérêt d’un mot comme célicouple, pour définir ce phénomène de société des couples qui n’habitent pas ensemble.
Parmi les célicouples, il y a certainement des jeunes qui ne veulent pas se brûler les ailes. Et, comme moi, quantité de quadra échaudés par le couple longue durée, la maison, les enfants, le divorce…
Après ça, on se dit qu’on va y aller piano piano.
On a déjà un logement, des enfants, pas besoin de foncer tête baissée pour construire un nid commun. C’est rassurant de se dire que l’on a notre propre revenu et notre toit sur la tête si jamais. C’est empouvoirant cette autonomie. Et cela donne aussi un sentiment de liberté dont certain.es ont besoin après des années de couple ou de vie de famille, je pense en particulier aux mères qui se sont oubliées en cours de route. Après, la fameuse liberté du célicouple est à nuancer : on peut être très libres en cohabitant et devoir rendre des comptes sans cohabiter. La liberté de chacun·e c’est une histoire de curseurs à ajuster quel que soit le mode d’habiter du couple.
Outre l’autonomie et la sensation de liberté, la non-cohabitation permet d’éviter ou au moins d’atténuer les habituelles prises de becs sur les tâches ménagères. Nous c’est « your place, your rules » ! Pas besoin de s’accorder sur le niveau de propreté du sol ou la fréquence des lessives, chacun décide chez lui/elle. Cela ne veut pas dire que l’on ne partage pas les tâches. Chacun·e peut prendre l’initiative de préparer le repas ou faire la vaisselle, que l’on soit chez l’un•e ou chez l’autre. Mais pour le ménage, la lessive ou le bricolage, au lieu d’être dans cet implicite non-défini qui conduit si souvent aux disputes, nous sollicitons tout simplement l’autre quand nous souhaitons de l’aide.
Les raisons pour lesquelles nous habitons chacun chez soi sont plurielles, et pas définitives. La première, c’est que nous ne souhaitons pas rompre l’équilibre que nous avons trouvé avec nos ados respectifs, que nous avons chacun•e une semaine sur deux. Passer de la famille nucléaire à la famille monoparentale a déjà été une épreuve il y a quelques années, nous n’avons pas le courage ni l’envie de passer à la famille recomposée, qui implique des déménagements ou réaménagements mais surtout d’établir des règles communes d’éducation. Personnellement, j’ai deux filles de 12 et 14 ans avec qui ça se passe super bien, et, même si je suis très amoureuse de mon mec et que son fils est super sympa, nous n’avons pas la même façon de vivre en famille, ni les mêmes habitudes de vie. Par contre, nous avons synchronisé nos semaines, nous avons donc une semaine chacun chez soi avec ses enfants, et une semaine où nous sommes la plupart du temps ensemble chez l’un·e ou chez l’autre.
La seconde raison pour laquelle nous avons fait le choix de ne pas habiter ensemble, c’est que nous nous sommes chacun.e ancré dans nos villages respectifs. Moi, je suis propriétaire de ma maison, avec mes ami•es à deux pas, lui s’investit dans une communauté militante dans son village : aucun de nous n’a envie de déménager ! Mais notre chance est que ces deux communes sont à 30 minutes en voiture, nous pouvons donc facilement passer de chez l’un à l’autre, ce qui nous permet de profiter des deux endroits.
Le célicouple fait rêver certain·es, mais il y a quand même des inconvénients. D’abord, deux logements, ça a un coût : toutes les factures sont en doubles… Quand on a des petits revenus, les fins de mois peuvent être raides. Le célicouple fait aussi augmenter l’empreinte écologique de chacun, entre les allées et venues, les consommations d’électricité et de chauffage multipliées par deux, les équipements en double qui seraient mutualisés s’il n’y avait qu’un seul logement. Mais, la plus grande difficulté du célicouple, c’est que ça demande une organisation de dingue ! Nous faisons régulièrement des « sessions agenda » pour essayer de planifier. De façon générale, je dirais que ce mode de fonctionnement nécessite une grande communication et une capacité à garder le lien à distance, pour ne pas qu’il s’effiloche. Évidemment, on se manque quand on ne se voit pas mais ça, pour moi c’est presque un avantage, car cela alimente la flamme !
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Les Commentaires
Ma mère a fait le choix de ce type de couple. Quand je lui ai fait lire l'article, sa réaction a été de...soupirer en expliquant que c'était vraiment un article de "bourgeoise". Pourquoi donc cette expression à la limite du...mépris ? Bah...parce que...ce que vit cette meuf de 43 ans, une séparation (difficile au cas présent), avec des enfants, se retrouver un Homme sans se vivre avec lui directement, car le paramètre "famille" vient se taper l'incruste c'est le quotidien de beaucoup d'Hommes et de Femmes...séparés, divorcés. Nan ?
Bon ! ok Maman tu n'es pas sur la même longueur d'ondes qu'Emmanuelle.
Et toi qui est avec un Homme depuis 10 ans sans vivre sous le même toit ? Tu le vois comment ton couple ?
Pour elle, elle parle de son compagnon. Elle parle de son couple. Elle réfute "celicouple" comme vocable, trop bobo médiatique. Il n'y a rien d'anormal ou à justifier dans ce choix de vie de couple. En d'autres termes, rien de nouveau sous le soleil ! Et c'est vrai que depuis 10 ans que ma Maman vit ainsi à avec son chéri...bah ! moi-même je n'avais pas vu ce style de vie sous ce vocable. Pour moi c'est tellement...banal !