Précédemment dans #62jours : L’ambition (aussi) est un muscle qui se travaille
J’écris ce billet depuis le centre UCPA d’Argentière — oui, encore, bientôt sponsor officiel de #62jours, mais cette fois-ci, je ne suis pas en vacances. Je suis une initiation au trail, dans le cadre d’un partenariat entre l’UCPA, Spicee, Mont Blanc Média et madmoiZelle.
Première journée, très riche en premières fois pour moi, et pour le reste de l’équipe dont je fais partie.
Révélation bouleversante dans 5…4…3…2…1
L’après midi a été animée par Frédéric Brigaud, ostéopathe et consultant en biomécanique humaine. Il nous a expliqué énormément de postures, de mécanismes et de fonctionnements de notre corps, lorsqu’on le soumet à l’effort d’une course. C’était fascinant, et c’était surtout extrêmement inconfortable et déroutant, lorsqu’il nous a expliqué et montré comment prendre ses appuis par l’avant du pied.
En deux mots : globalement, quand on marche ou qu’on court, on pose d’abord le talon, puis on déroule le pied. Or quand on fait ça en courant, on récolte une onde de choc qui part du contact-talon et remonte à travers toutes les articulations alignées.
La technique de course dite minimaliste consiste à attaquer en posant d’abord l’avant du pied. Ce qui a plusieurs avantages:
- l’appui que tu prends est celui que tu gardes, donc tu as plus de stabilité (alors que quand tu poses le talon, l’avant-pied ne sera pas posé au même endroit. Sur route, aucun souci, en trail, ça peut en être un, en fonction du terrain…)
- mais surtout, et c’est ma découverte de ce stage: poser d’abord l’avant-pied permet aux articulations cheville-genou-hanche de jouer leur rôle d’amortisseur. Au lieu de subir un choc encaissé par le talon, elles absorbent et évacuent le choc de la prise d’appui avant-pied.
Alors, quel est le rapport avec la choucroute ? Je t’explique: tu sais ce que ça fait, à 30 ans, d’apprendre à poser ton pied différemment ?
Tu sais, ce mouvement que tu pourrais faire dans ton sommeil — que certaines personnes font dans leur sommeil, d’ailleurs, imagine qu’on te montre une façon différente de le réaliser.
Quelle est la puissance de cette découverte ? Indescriptible.
Je suis au moins autant bluffée que le jour où mon moniteur de plongée m’a appris à respirer.
Tu sais pas mettre un pied devant l’autre
La tentation est grande, lorsqu’on te montre comment faire différemment, de résister. J’ai toujours fait comme ça. On m’a toujours appris à faire comme ça. J’avance comme ça.
Je m’accroche à mes acquis et à mes habitudes comme aux lignes de vie en escalade. Je suis attachée, et c’est à la faveur de cette assurance que je peux avancer.
Sauf que, comme en escalade, je ne peux pas m’écarter de la voie. J’avance, certes, mais je reste contrainte dans ma progression.
Mes acquis sont comparables à ces cordes d’assurance. Ils consolident mes certitudes, qui forment un périmètre de sécurité.
Mais dis-moi, tu te jetterais dans le vide, accrochée à tes certitudes ?
Si elles sont si solides, pourquoi tu ne jouerais pas ta vie dessus ?
Non, bien sûr. Parce que même dans le confort de tes certitudes, tu doutes. C’est bien. Mais tu sais ce que tu ne fais pas assez? Interroger tes acquis.
À chaque fois que tu pars du principe que «tu sais» au lieu de décortiquer ton problème, tu restes bien posée dans ta voie d’escalade, à suivre le chemin de la corde.
À chaque fois que tu reproduis une habitude, au lieu d’interroger sa pertinence, son utilité, tu t’assoies dans ton baudrier.
À chaque fois que t’attaques en tapant le talon, tu fais le choix d’absorber le choc sur toutes tes articulations, au lieu de changer tes habitudes, fussent-elles profondément bêtifiantes, et même nocives, parfois.
À lire aussi : Les habitudes qui tuent vs les habitudes qui sauvent #62jours
Tu veux pas monter en tête, parfois ?
Mais tu veux pas sortir des voies toutes tracées ? Et comment tu comptes y arriver, si les seuls pas que tu acceptes de faire sont ceux que tu connais déjà ?
À chaque fois que tu refuses la nouveauté, parce que c’était plus confortable avant, tu restes dans une voie balisée, assurée.
Alors si tu veux ouvrir des voies, il n’y a pas mille solutions, tu sais. Renonce à l’illusion de la sécurité, qui te maintient assise dans ta zone de confort.
Ne te repose pas sur tes acquis, ils ne te mènent nulle part, ils t’ont amenée ici et c’est déjà très bien. Pour avancer, il faut prendre des risques, relever des défis, tenter des paris… il faut changer.
Ce que mon obsession pour l’équilibre dit de moi
Pour l’anecdote, ça fait des semaines que j’ai un brouillon de #62jours ouvert dans un onglet, j’y ai écrit:
« Qu’est-ce que mon obsession pour l’équilibre dit de moi ? »
Et c’est tout.
Ce soir, j’ai la réponse : mon obsession pour l’équilibre trahit ma chasse aux acquis, aux leçons, aux choses à apprendre et à retenir pour avoir toujours plus d’assurance au quotidien.
Mais cette recherche est à l’opposée de mes objectifs ! Ce que je veux, c’est continuer à faire des expériences, quitte à me planter.
Mon obsession pour l’équilibre était donc un obstacle, et pas une solution. Je ne cherche pas l’équilibre, je cherche à être constamment challengée dans mes certitudes.
Et je crois qu’on pouvait difficilement faire plus bouleversant comme challenge qu’apprendre à mettre un pied devant l’autre… différemment.
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