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— Article initialement publié le 23 avril 2017
En conclusion de l’#AcnéWeek que nous t’avions proposé il y a quelques années, Virginie avait demandé aux lectrices et lecteurs de madmoiZelle de partager avec elle leur expérience d’acnéiques plus ou moins notoires.
Son but ? Exposer la souffrance parfois muette et souvent incomprise (pour ne pas dire dénigrée) des malades de l’acné.
Après avoir lu la cinquantaine de textes reçus, la légitimité d’un tel sujet lui était apparue encore plus nettement.
Si cet article est bien évidemment dédié à celles et ceux touchés par la maladie, à leur courage, à leur optimisme mais parfois aussi à leur touchante résignation,Virginie espérait avant tout qu’il permette à l’entourage de l’adolescent•e ou de la•e jeune adulte qui se cache dans son écharpe ou derrière plusieurs couches de maquillage d’ouvrir les yeux sur un mal-être réel.
Quant aux trous du cul qui se permettent des réflexions déplacées, qu’ils s’étouffent avec leur propre merde. Non mais oh !
Deux types d’acné, plusieurs façons de vivre la maladie
Histoire de planter tout de suite le sujet et de lui donner toute l’importance qu’il mérite : l’acné est une maladie qui touche environ 15 millions de personnes en France.
Elle concerne 80% des adolescents•es mais aussi beaucoup d’adultes, dont 20% de femmes (source).
Selon son âge, l’individu a différentes façons de vivre la maladie, de l’indifférence la plus totale à l’obsession.
Acné de l’adolescent•e : un passage presque obligatoire
Au moment où « ton corps change », la production d’hormones sexuelles, et plus particulièrement de testostérone, stimule les glandes sébacées qui se mettent à produire beaucoup plus de sébum que d’habitude. Ce sébum plus épais et oxydé est de mauvaise qualité.
Cet excès de sébum de mauvaise qualité est responsable de la formation des points de noirs et des microkystes.
Lorsque la fameuse bactérie P.acnes s’installe dans le follicule pileux déjà encombré, c’est le début de l’acné inflammatoire, qui se caractérise par l’apparition des fameux boutons blancs pleins de pus.
Cette acné inflammatoire, typique des adolescents•es, est vécue différemment selon l’âge et l’environnement.
Certains•es, comme Christelle, ont accueilli leurs premiers boutons comme une preuve de maturité :
J’ai eu de l’acné très tôt, dès le CM2. J’étais l’une des premières de ma classe à en avoir et c’était plutôt une sorte de fierté : celles qui en avaient étaient les « grandes », quasiment des adolescentes.
À lire aussi : La puberté « précoce » et sa ribambelle d’inconvénients
D’autres, un peu plus nombreuses, se fichaient des quelques points noirs récemment débarqués sur leur joli minois, soit parce qu’elles n’étaient pas les seules à être concernées, soit parce que ça leur passait totalement au-dessus, comme Agathe.
À l’adolescence, dans un premier temps, je n’y ai pas trop fait attention. Je pense que j’avais conscience que c’était ce qu’on appelait « l’âge ingrat » et puis, de toute manière, on avait (presque) tou•tes des boutons, les cheveux gras et un appareil dentaire.
C’est plutôt vers la fin du lycée et le début de mes études supérieures que ça a vraiment commencé à me déranger.
Pour Christelle, c’est vraiment à la fin du collège, où on prend conscience de son corps et où l’envie de plaire commence à pointer le bout de son nez, que l’acné est devenue un problème :
De 12 à 14 ans, je n’en ai pas vraiment souffert de la situation : les élèves de ma classe n’étant pas tous jojos à ce niveau, on s’en foutait un peu. Puis il y a eu la fin du collège, l’envie de plaire, et là c’est devenu plus dur.
Je me sentais triste de ne pas avoir une jolie peau. Mes copines avaient plus ou moins le même problème, mais j’avais l’impression d’être « la pire ».
Le lycée a été le déclic : j’ai insisté auprès de mes parents pour aller voir un dermatologue.
Acné dite « de l’adulte » : entre découverte et souvenir amer
Si l’acné de l’adulte peut ressembler à l’acné adolescente de par son caractère inflammatoire et ses causes, l’hyperseborrhée et la dyséborrhée, la génétique et le mode de vie peuvent également avoir une influence.
Les scientifiques étudient également l’alimentation, le stress, la pollution et les perturbateurs endocriniens comme facteurs de l’acné.
Pour certaines jeunes femmes sorties depuis plus ou moins longtemps de l’adolescence, cette acné de l’adulte est arrivée comme un cheveu sale sur la soupe. Elles qui n’avaient jamais connu les joies de la peau granuleuse se sont retrouvées, comme Mary, à devoir lutter contre un mal qu’elles ne connaissaient pas :
J’ai commencé à avoir de l’acné à 21 ans. Pour la petite histoire, avant ça je n’en avais jamais eu et mes amies me complimentaient même sur l’état de ma peau, alors que ne l’entretenais pas particulièrement…
Je ne m’étais jamais rendue compte la chance que j’avais avant l’arrivée foudroyante de mon acné.
Certaines lectrices ont aussi découvert l’acné en changeant de méthode de contraception :
J’ai 27 ans, bientôt 28, et j’ai découvert l’acné à 26 ans, quand j’ai arrêté la pilule. (…) Bien sûr j’avais eu quelques boutons quand j’étais ado, mais rien de bien méchant. J’avais toujours eu une peau impeccable.
La crise a commencé un mois après l’arrêt de la pilule. D’abord c’était de petits boutons, un grain de peau plus très lisse. Ensuite ça s’est transformé en gros boutons inflammatoires, puis (la meilleure partie!) en kystes assez douloureux.
Malheureusement, pour beaucoup de jeunes femmes, l’acné de l’adulte a comme un goût de déjà-vu : soit elle n’a jamais vraiment disparue, soit elle a réapparu après l’arrêt de la pilule, souvent prescrite par les gynécologues lorsqu’une adolescente souffrant d’acné est à la recherche d’un moyen de contraception.
Certaines pilules, dont la très décriée Diane 35, sont même reconnues pour leurs effets positifs sur la qualité de la peau et peuvent être prescrites comme traitement anti-acné à part entière. Inès témoigne:
Vers mes 18 ans, soit 2 ans après avoir commencé la pilule, j’ai décidé de me tourner vers un moyen de contraception plus naturel. Je suis donc passée au DIU cuivre, en priant pour que mon acné ne revienne pas.
Malheureusement la maladie est revenue, et de plus belle ! C’est comme si tous les boutons que j’aurais dû avoir pendant 2 ans mais qui n’étaient jamais sortis grâce à la pilule s’étaient donnés rendez-vous sur mon visage et mon dos en même temps.
Ça n’était plus la « petite » acné d’adolescente mais de l’acné assez sévère à base de gros kystes dans le dos, sur les mâchoires et les joues.
Plusieurs types d’acné mais une seule solitude
Le sentiment de solitude est très développé chez les personnes souffrant d’acné. Cette solitude peut prendre plusieurs formes qui mènent toutes à un renfermement sur soi-même.
Certaines lectrices ont eu (ou ont encore) l’impression d’être les seules touchées par l’acné dans leur entourage, et le manque de représentation dans les médias n’a fait, et ne fait toujours, qu’appuyer cette sensation d’invisibilité et d’ostracisation. Berte témoigne.
Au collège, je vivais très mal mon acné. (…) Dans les séries télé que je regardais comme Sauvés par le gong, les ados avaient tous•tes des peaux parfaites.
Si un garçon avait de l’acné dans une série-télé, c’était forcément un intello ringard et moche — quant aux filles avec de l’acné, il n’y en avait tout simplement pas.
Dans les fictions, seul•es les « nuls•es » avaient des boutons, et j’ai l’impression que c’est toujours le cas aujourd’hui. (…) Ça peut paraître ridicule mais j’ai ressenti un profond soulagement le jour où j’ai vu une photo de Jessica Alba avec un peu d’acné sur le menton : si même la très belle Jessica Alba avait des problèmes de peau, alors je n’étais pas un monstre.
Mélissa ajoute:
J’ai eu droit à tout : regards de dégoût, réflexions déplacées sur mon hygiène, messes basses…
Quand t’es ado et que t’as de l’acné, bon c’est chiant mais au final tout le monde en a ou quasi, du coup ça passe, enfin personnellement ça ne m’a pas plus traumatisée que ça, mais quand t’as plus de 25 ans, c’est une autre histoire.
On te regarde comme si tu n’étais pas normal•e.
J’ai l’impression que les adultes sont pires que les adolescents, certains ne m’ont pas épargnée. (…) Petit à petit, je me suis renfermée, je ne sortais quasiment plus. Mettre le nez dehors était une angoisse, rencontrer de nouvelles personnes un cauchemar. (…)
J’avais beau lire sur Internet que beaucoup de personnes étaient touchées par cette maladie, quand je sortais, je ne les voyais pas.
Elles sont où toutes ces filles qui vivent le même calvaire que moi ? Sûrement au même endroit que moi : au fond de leur lit, sur internet, à essayer de trouver le produit miracle (qui n’existe pas, on est d’accord).
Pour les adolescents•es, cette solitude se faisait aussi ressentir à l’école, où ils•elles étaient parfois victimes de harcèlement scolaire, comme Pauline.
Ça a commencé par des insultes en classe : « calculatrice », « la boutonneuse » et j’en passe… Puis les insultes se sont étendues aux couloirs et à la cour de récré, criées parfois par des gens que je ne connaissais pas.
Après les insultes, j’ai reçu des boulettes de papier, des bouts de gomme, des chewing-gums, des cailloux… On dessinait mon visage acnéique sur les tableaux des salles de cours.
L’apothéose a été de me faire insulter ensuite en pleine rue ! C’était toujours sur le thème de l’acné bien sûr.
Malheureusement, quel que soit leur âge, une fois rentrés•es chez eux•elles, les malades d’acné ne trouvent pas toujours le soutient nécessaire et sont souvent confrontés•es à la maladresse (parfois pleine de bonne volonté) et même à l’incompréhension de leurs proches.
Ma famille a toujours été compatissante, mais je crois qu’ils n’ont jamais vraiment compris ma douleur.
– Charlotte
J’ai eu de la chance de côtoyer des gens qui ne se basaient pas sur l’état de ma peau pour m’apprécier. Néanmoins, si je me suis sentie soutenue, pas une seule fois je ne me suis sentie comprise.
– Hélène
Ma famille ne comprend pas trop [mes problèmes d’acné].
Chaque fois que je vois ma mère et que j’ai une éruption de boutons elle me demande si j’ai mes règles, et je ne compte plus le nombre de fois où mon père m’a dit « va prendre un peu le soleil, ça te sèchera les boutons » (non, au contraire papa, merci de ta participation !).
– Marianne
D’autres madmoiZelles reprochent au corps médical, et plus particulièrement aux dermatologues qui les ont suivies, d’avoir fait preuve de peu d’empathie.
Pour certaines lectrices, celui ou celle qui devait être leur allié contre la maladie, car il la connaît et la côtoie quotidiennement, a même contribué à leur sentiment d’abandon. Agathe se souvient :
Je me souviens d’un passage chez la dermatologue de ma mère qui m’a fait me sentir très mal.
J’étais à la fin du collège, toujours pas très sûre de moi, et la dame me prend le menton dans sa main, le tourne de droite à gauche et me dit « Mon dieu que cette peau est sale, ce n’est pas très ragoûtant tout ça ».
Je crois que c’est à ce moment-là que j’ai assimilé mon acné à de la saleté, à quelque chose de honteux qu’il fallait cacher.
Et comme si les réactions pas toujours très tendres et parfois inadmissibles de leur entourage ne suffisaient pas, les personnes souffrant d’acné, comme Chloé, ont parfois aussi eu à subir les remarques déplacées d’inconnus croisés au hasard d’une rue :
Un jour, un garçon que j’ai croisé dans la rue m’a regardé et m’a dit : « T’es dégueulasse ! ».
Une autre fois, une grand-mère qui promenait son chien m’a demandé : « Mais qu’est-ce qui vous est arrivé ? Votre visage, il est plein de marques, vous êtes allergique à quelque chose ? ».
Aujourd’hui, j’aimerais tellement leur hurler dessus et leur expliquer que je n’étais ni dégueulasse ni allergique, juste en pleine puberté !
À lire aussi : 7 idées reçues sur l’acné (et les réponses d’une experte pour s’y retrouver)
Des cicatrices sur la peau et sur le cœur
En plus des cicatrices visibles, l’acné, le regard des autres et une image de soi amoindrie peuvent laisser des traces indélébiles dans l’esprit et sur le cœur.
La confiance en soi de nombreuses madmoiZelles ayant été touchées par la maladie à l’adolescence a été ébranlée et a parfois du mal a être reconstruite. Manon se confie.
Lorsque je souffrais d’acné, j’avais l’impression que ma valeur dépendait de l’état de ma peau. J’avais envie de me cacher les jours où mon acné était plus importante que d’habitude, ou lorsque j’avais trituré ma peau.
Je n’avais pas confiance en moi. Lorsque je parlais avec quelqu’un, je me demandais toujours s’il regardait l’état de ma peau plutôt que de m’écouter.
Certaines, qui souffrent d’acné de l’adulte, ont même du mal à se sentir légitimes dans leur vie professionnelle et même personnelle :
L’acné à l’adolescence c’est difficile pour la construction de sa personnalité et la confiance en soi, mais l’acné quand on approche de l’âge « adulte » c’est encore pire.
En plus, ayant un gabarit assez petit et mince avec un visage enfantin, les gens me donnaient beaucoup moins que mon âge.
Cela m’a posé des problèmes notamment pendant mes études de droit et mes recherches de stages : mes interlocuteurs avaient parfois du mal à me croire quand je leur disais être en telle ou telle année d’étude.
J’avais l’impression de ne jamais être prise au sérieux, que mon apparence me desservait même si mon discours tenait la route.
– Inès
Personnellement, j’ai très peu confiance en moi et en mon physique lors des relations intimes. Je me sens mal à l’aise lorsqu’on me touche le dos, ou lorsqu’on regarde mon visage de trop près.
J’ai peur que la personne en face soit aussi dégoûtée que moi par mon reflet. L’acné ne m’a jamais empêché de faire ce que je voulais vraiment faire, ou en tout cas je ne pense pas, mais cela a écarté des possibilités et des idées qui auraient pu devenir de vrais projets.
– Sidonie
Pour beaucoup de madmoiZelles qui ont encore de l’acné ou qui découvrent ses joies, comme Myriam, leurs problèmes de peau constituent un stress quotidien qui affecte beaucoup leur qualité de vie.
Je suis très stressée dès que je dois dormir quelque part car il faut qu’il y ait un miroir, une salle de bain fermée… Il faut aussi que je me trimballe tous mes produits.
C’est fatigant. Je ne peux pas me lever le matin et prendre le petit déj avec des gens sans avoir vérifié ma gueule et m’être maquillée.
Je ne supporte pas qu’on me voit avec mes boutons, mes cicatrices et mes taches rouges. Ça m’empêche donc d’être à l’aise lors de weekends entre amis, lors de vacances en camping etc.
Si l’acné est loin d’être une partie de plaisir, de nombreuses madmoiZelles ont quand même réussi à tirer quelques enseignements positifs de leurs années de mal-être.
Certaines lectrices ont l’impression d’avoir développé leur caractère et d’être plus fortes grâce à leur passé d’acnéique. D’autres se sont même servies de leur souffrance comme d’une tremplin pour apprivoiser leur corps et apprendre à l’aimer :
Je crois que je suis plus forte, fière d’être passée au travers de tout ça et d’en être sortie grandie. Cette « expérience » fait partie de moi et j’ai beaucoup appris, même si c’était dans la douleur…
– Pauline
Je ne remercierai jamais mon acné de quoi que ce soit, mais c’est grâce à elle que j’ai tout de même entamé une sorte de reconquête de mon corps. Accepter mon acné, le gras, les poils, tout ça, et juste aimer mon corps, sans laisser quiconque me dire quoi en faire.
– Pastèk
Chez d’autres lectrices, voir leur acné tous les jours dans le miroir sans pouvoir y faire quoi que ce soit a aidé à développer un certain optimisme et une humilité qui fait désormais partie de leur vie :
J’ai développé mon optimisme, en fait. Je me dis qu’il y a plus grave. Que ça pourrait être pire. Que, bordel, je suis en vie. Que j’ai des traitements. Qu’il y a plus grave. Que des gens meurent.
Que je n’ai que des boutons. Que j’ai des amis, une famille, un travail. Que je rencontre du monde. Qu’il y a des musiques que je peux écouter pour me donner la pêche. En fait, j’arrive bien à me remonter le moral toute seule.
– Marie S.
Faire partie de la famille des gens qui ont, ou ont eu, de l’acné m’a donné ce côté défenseur de la veuve et de l’orphelin que j’ai désormais. Je ne comprends pas ces personnes qui se moquent ou harcèlent les autres pour les rabaisser. Je ne comprends pas, et je déteste ça !
– Ossyane
Malgré le côté superficiel qu’on peut lui donner, l’acné est une véritable maladie qui peut avoir des répercussions physiques et psychologiques importantes.
Il ne faut pas hésiter à exprimer son mal-être à ses proches et à un professionnel de santé pour obtenir un soutien psychologique adapté ainsi qu’une prise en charge médicale des symptômes. Et puis, un gros câlin, de temps en temps, ça fait du bien au moral aussi.
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