Si l’on a jamais pu supporter plus d’un quart d’heure d’un film Marvel, le film The Innocents, présenté en compétition officielle du festival de Gérardmer 2022, nous a réconcilié avec les super-héros.
Il faut dire que ceux-là ont troqué les capes et les moules-bites contre les tourments, de ceux qui nous habitent quand on a même pas 10 ans.
Après un détour par Cannes dans la sélection Un Certain regard, The Innocents s’invite tout naturellement à Gérardmer, devant un public d’habitués du genre, toujours partant pour une histoire vitaminée aux lévitations.
Mais oubliez tout ce que vous connaissez des mômes qui volent ou jettent des sorts, dont l’horreur fourmille, ici les héros trainent leur don comme un fardeau, seulement endossé pour anéantir un ennemi commun.
The Innocents, splendeur absolue signée Eskil Vogt
The Innocents s’ouvre sur le visage plein d’une petite fille criblée de tâches de rousseur, à l’arrière d’une voiture.
Avec ses parents et sa sœur ainée, qui est autiste, elle déménage dans une barre HLM d’une banlieue norvégienne.
C’est l’été, et Ida craint de s’ennuyer, les autres enfants devant être partis en vacances.
D’autant que sa sœur ne parle plus depuis des années, ne correspondant que par sons.
En colère contre sa situation, en colère contre cette sœur qu’elle ne comprend pas et qui accapare toute l’attention de ses parents, Ida se venge sur Anna.
Elle lui met du verre dans ses chaussures, la pince fort, refuse de l’emmener jouer au parc.
Ainsi, elle passe ses après-midis à trainer en bas de son immeuble, où elle finit par rencontrer quelques enfants qui n’ont pas pu, comme elle, partir en vacances.
D’abord il y a ce petit garçon, qui s’intéresse immédiatement, et par curiosité, à Ida. Ensuite il y a une petite fille souffrant de vitiligo, dont la sensibilité et l’empathie semblent être plus accrus que le commun des mortels.
Ida, d’abord réfractaire à faire profiter à sa sœur des joies estivales, finit par l’emmener un jour se balader. C’est là qu’Anna rencontre Aisha. Aisha, immédiatement, sent que quelque chose les relie. En effet, elle peut lire dans les pensées de l’adolescente , et interagir avec elle.
Ben, dont Ida se rend vite compte qu’il sait faire léviter des objets, Anna et Aisha sont en fait doués de pouvoirs, qui augmentent encore lorsqu’ils sont ensemble.
Mais si Aisha et Anna s’en servent pour se connecter humainement, Ben, un enfant négligé par sa mère et visiblement tourmenté, s’en sert pour se venger de tous ceux qui lui ont fait du mal.
Une vague de violence déferle alors sur la cité HLM, où les meurtres se succèdent.
The Innocents, l’impressionnante réalisation de Eskil Vogt
Si Eskil Vogt est norvégien, le cinéaste parle un Français parfait. Il a pu en faire la démonstration samedi 29 janvier, au matin, à l’occasion de la projection de The Innocents, son second long-métrage.
Celui qui a longtemps œuvré comme scénariste, notamment pour tous les films de Joachim Trier — dont le récent Julie (en 12 chapitres) fait un carton de par le monde — s’est lancée dans la réalisation en 2014 avec Blind : un rêve éveillé, et c’est pour le mieux !
Avec The Innocents, dont ont on ne peut toutefois pas ignorer les longueurs, surtout dans son premier tiers (45 minutes, c’est trop long pour démarrer les hostilités) Eskil Vogt signe un film taiseux mais inoubliable sur les terreurs enfantines.
Actuellement en salles.
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