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Vie quotidienne

Réflexions sur mon rapport à l’alcool — Carnets de sobriété #5

L’alcool coule à flots dans les bars de Paris, et si Clémence a rompu sa sobriété, elle a considérablement changé son rapport à la boisson.

Mon objectif n’a jamais été d’arrêter définitivement l’alcool, mais bien de reprendre le contrôle. De ce point de vue, l’objectif est atteint.

Depuis mon retour d’Indonésie le 6 septembre, et donc après un total de 60 jours de sobriété stricte, j’ai bu :

  • 33 cl de cidre à un anniversaire (début septembre)
  • 2 coupes de champagne à une soirée très spéciale (fin septembre)
  • 2 verres de (très bon) vin et une coupe de champagne (début octobre)

Ce à quoi j’ajoute un verre de Sancerre, au moment où j’écris ces lignes.

Retrouver ma vie sans retrouver l’alcool : le bilan

Je peux l’avouer maintenant, j’avais peur de revenir et de reprendre le cours de ma vie ici : je craignais de retomber dans une consommation d’alcool décomplexée, irréfléchie, de recommencer à dépenser des fortunes et perdre des dimanches en gueule de bois.

J’ai toujours envie de sortir, mais je n’ai plus envie de boire.

Je sors très souvent, et ça n’a pas changé… mais je n’ai plus envie de boire, et ça, c’est nouveau. J’ai été honnête avec moi-même, et j’ai procédé avec l’alcool comme avec ma transition végane : devant chaque tentation, je me questionne. En ai-je envie ? À quel point ? Pourquoi je ressens cette envie ?

Puis je me rappelle les désagréments, et je me demande si mon envie de consommer est plus forte que mon envie de ne pas subir les conséquences négatives.

Mais avec l’alcool, je me suis souvent arrêtée à la première question : est-ce que j’ai envie de boire ? Non. Sincèrement, non. Sauf quand l’option champagne est présente (si c’est offert, parce que je n’ai pas exactement les moyens d’enchaîner les coupes de champagne en soirée, cordialement).

Donc voilà, sur un mois, j’ai eu exactement « envie » de boire de l’alcool 4 fois.

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Passer du besoin d’alcool au goût de l’alcool

En y regardant de plus près, je constate aussi que comme lors de ma transition végane, mes « écarts » portent sur des produits de qualité.

Je n’ai jamais « craqué » pour un demi de Heineken et quelque chose me dit que ça ne risque pas d’être souvent le cas. Je n’ai rien contre la Heineken, c’est juste qu’elle ne se mesure pas à un Sancerre, à mon goût.

Lorsque les alcools de la carte sont « classiques » et/ou chers, je n’ai plus aucune hésitation. Et lorsque j’ai envie de prendre un verre, mon choix se porte alors sur de la qualité.

C’est le mode de consommation que je recherchais, personnellement : arrêter de ressentir le besoin de boire dans toutes ces situations de socialisation, quitte à enchaîner des bières très bof à mon goût, ou des vins râpeux.

Et parce que je bois moins, je dépense aussi beaucoup moins, ce qui me permet effectivement de me faire plaisir lorsque l’envie me prend vraiment.

À un verre d’alcool par mois, je vais p’têt pouvoir rester au champagne, du coup !

Attaque surprise de sexisme ordinaire

Ma sobriété m’a amenée une révélation surprenante : je ne m’étais pas rendu compte que ma consommation d’alcool était influencée par les stéréotypes de genre.

Je m’explique : les hommes, les vrais, ça boit de la bière, et pas qu’un demi, m’voyez. Les fiiiilles, ça sirote des cosmos à la grenadine, ça prend des mojitos voire carrément des jus sans alcool, parce que ce n’est pas très féminin les nanas bourrées, n’est-ce pas ?

Super énervants, ces stéréotypes. Écrits comme ça ils n’ont rien de subtil, mais la réalité c’est qu’ils nous affectent et qu’ils s’immiscent assez facilement dans les conversations, surtout lors des premières rencontres. Tu passes rapidement pour une ascète coincée quand tu es la seule à commander un Perrier et que toute la tablée lève la main pour une pinte.

J’avais identifié ça comme le poids de la pression sociale dans ma réflexion pré-sobriété, mais je n’avais pas désamorcé chez moi le besoin de démentir les clichés de genre qui me pèsent tant.

J’ai commencé à boire parce que c’était aussi un moyen de me détacher des « fiiiilles ». Quand je trinque avec des potes, j’essaie de suivre leur descente parce que moi aussi, j’veux faire partie des bonhommes, les vrais.

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Quand je dîne avec mon père, je l’accompagne au nombre de verres, pour partager jusqu’au bout notre passion commune pour les bons vins.

Mais je ne suis pas obligée de faire ça. De la même façon que vouloir maigrir ne revient pas à abdiquer mes convictions sur l’autel du conformisme esthétique, boire beaucoup moins et à mon rythme n’est pas une victoire concédée au patriarcat.

C’était le dernier ressort de la pression sociale qui s’exerçait encore. Je m’en fous, au fond, de passer pour une ascète coincée, entre mon véganisme et ma sobriété.

Je continue de faire mes choix de consommation en fonction de mes envies, de mes principes, de ce qui est bon pour ma santé, pour l’environnement, et tant pis pour les jugements hâtifs et mal renseignés.

Au fond, mon parcours de sobriété est une démarche très égocentrée. J’aurais pu l’admettre dès le début, et gagner un temps précieux en ignorant les critiques qui prennent racine dans les stéréotypes de genre. Tant pis pour les clichés que je confirme, ils n’en restent pas moins idiots.

Si vous sentez que vous perdez le contrôle de votre consommation, n’hésitez pas et prenez contact avec un centre d’alcoologie.

Pour aller plus loin :

Au Royaume-Uni, une campagne contre l’alcoolisme encourage à se lancer un défi sur trente jours : Go Sober For October, soit Sobre en octobre est le mot d’ordre ! Clique sur l’image pour en savoir plus !

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Les Commentaires

80
Avatar de Dan-ge
4 décembre 2016 à 20h12
Dan-ge
Bonsoir, je partage cet article que j'ai lu il y a quelques mois sur le rapport des femmes a l'alcool et ou je me suis reconnue (par contre c'est en anglais)

Giving up alcohol opened my eyes to the infuriating truth about why women drink

http://qz.com/762868/giving-up-alco...-the-infuriating-truth-about-why-women-drink/

"Is it really that hard, being a First World woman? Is it really so tough to have the career and the spouse and the pets and the herb garden and the core strengthening and the oh-I-just-woke-up-like-this makeup and the face injections and the Uber driver who might possibly be a rapist? Is it so hard to work ten hours for your rightful 77% of a salary, walk home past a drunk who invites you to suck his cock, and turn on the TV to hear the men who run this country talk about protecting you from abortion regret by forcing you to grow children inside your body?"
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