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Vie quotidienne

Comment j’ai arrêté de boire — Carnets de sobriété #3

Clémence continue son introspection dans son rapport à l’alcool et vous explique tout le processus qui l’a aidée à arrêter de boire. C’est parti pour le troisième épisode de ses Carnets de Sobriété.

Dans les épisodes précédents, j’ai voulu arrêter de boire, et j’ai réalisé que j’avais besoin d’aide.

Arrêter l’alcool : de l’aide pour la première marche

La psy me l’a rapidement confirmé : je ne suis pas alcoolique. Je m’en doutais un peu, mais ça m’a rassurée de l’entendre.

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Demander de l’aide, c’est difficile, mais ça m’a aidée à débloquer un problème qui m’a tenue en échec pendant plus d’un an.

Je n’aurais sans doute pas été la première à nier mon alcoolisme, le cas échéant. C’est pas un hasard si le cliché des Alcooliques Anonymes, c’est de se présenter en se qualifiant d’alcoolique, j’imagine.

On a identifié ensemble les autres « pressions » dans ma vie qui nourrissaient ce goût un peu trop prononcé pour la boisson.

Je n’ai pas arrêté de boire du jour au lendemain, mais plus j’avançais dans ma thérapie, plus je percevais clairement les raisons et les motivations qui me poussaient à lever le coude.

Ça n’a pris que quelques séances, sans doute aussi parce que je me suis livrée très vite, mais j’en retiens une leçon inestimable.

Demander de l’aide, c’est difficile, accepter de l’aide l’est encore plus, mais ce processus peut permettre de débloquer en quatre séances d’une heure un problème qui m’a tenue en échec pendant plus d’un an. Magique, n’est-ce pas ?

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Ce travail d’introspection que j’avais hâtivement conclu par « un manque de volonté », la psy m’a aidée à le reprendre plus sérieusement.

Le but était d’identifier précisément les mécanismes « de glissement » qui nourrissaient mon penchant prononcé pour la désinhibition procurée par l’alcool.

Je buvais souvent pour être plus à l’aise, plus vite dans l’ambiance en soirée, ou pour avoir le rire facile.

Je ne m’étais même pas rendu compte que résoudre en premier lieu les problèmes qui affectaient mes humeurs, mon état d’esprit, était peut-être une meilleure solution que de tenter de les dissoudre dans le houblon.

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Progressivement débarrassée du « besoin » de boire — appelons un chat un chat, j’ai pu m’intéresser de plus près aux envies de boire. Et d’évaluer ces envies, à l’aune de celle d’arrêter complètement.

Je veux arrêter de boire pour être en bonne santé

C’était plus qu’une envie, en fait.

En faisant l’inventaire des raisons qui me poussaient à arrêter de boire, j’ai surtout trouvé des volontés.

Et la première d’entre elles était de mettre un terme à une profonde contradiction chez moi : je suis végane essentiellement pour des raisons de santé (entre autres), mais je lève le coude cinq fois par semaine au bar…

Cherchez l’erreur… Comme un fumeur qui ne jure que par le bio. T’inquiète pas coco, c’est pas le cancer de l’estomac qui sera premier au portillon.

Je savais pertinemment, vu ma fréquence de consommation, qu’« un bon verre de vin » n’est pas intrinsèquement bon.

Et tout comme un fumeur ne peut plus ignorer qu’il diminue son espérance de vie à chaque cigarette, je savais pertinemment que — contrairement à ce que dit la vieille du Café des Deux Moulins dans Amélie Poulain, « un bon verre de vin » n’est pas intrinsèquement bon à la fréquence à laquelle je les consommais.

Je m’efforce d’avoir une alimentation saine et équilibrée, mais je m’autorise régulièrement un poison par la boisson.

À ce compte-là, je peux bien continuer à me gaver de fromage, mon estomac appréciant autant le lactose que l’excès d’alcool.

Et puis bon, « juste un morceau » me fait le même effet que « juste un verre » : je ne sens pas la différence… Jusqu’à ce que ça devienne une habitude, et que mon corps proteste, affaibli, contre le carburant pollué que je lui fournis.

On fait l’inventaire ? Je bois, je crois que ça m’aide à dormir mais ça me déshydrate donc je me réveille assoiffée, j’ai le sommeil interrompu, je suis fatiguée.

À lire aussi : REPLAY — L’éMymyssion spéciale sommeil

Je sors le soir, je me laisse entraîner un verre, deux, trois…

Je rentre tard (je ne dors pas assez), je ne me couvre pas assez (je prends froid, mais comme j’ai bu, je le sens pas), je rentre et j’ai une grosse fringale donc je mange n’importe quoi (on n’a jamais eu une envie de légumes verts à 4h du matin, ni d’ailleurs un lendemain de cuite, n’est-ce pas)…

Sans doute un problème de couleur et de ce qu’elle rappelle, si vous voyez ce que je veux dire)…

Résultat ? L’enchaînement se répète, et si au début ça passe, plus les semaines passent et plus… Je finis pas tomber malade. Choper la crève, une bronchite, une infection ou un virus qui traîne… Et voilà.

Les cycles de sommeil obéissent à un équilibre. Je me demande ce que ça donnerait, chez moi, si j’arrivais à ne plus les perturber avec l’alcool.

Comment j’ai procédé

Je me suis astreinte à boire des jus frais et manger plus de fruits pour compenser les envies de sucre et de boissons, qui m’auraient fait décapsuler une bière, avant.

Binge-watching du samedi après-midi ? Je vais m’acheter un kilo de cerises (ou de clémentines, selon la saison) plutôt qu’un pack de bières.

Ça m’occupe les mains et l’estomac, et c’est bon pour la santé. Et c’est moins cher, au passage, vu que j’étais tant préoccupée par l’argument économique du ballon de rouge.

Un verre en terrasse avec les copines ? Je prends un jus. Oui, c’est cher, mais eh. Même si j’en prends deux, ça me coûtera toujours moins cher que mon addition de samedi dernier. TMTC.

Et quand je suis invitée quelque part, j’ai même pas l’excuse du prix : je bois du soft ou une boisson chaude, et basta.

Ouais, avant d’arrêter de boire, j’ai commencé par arrêter la mauvaise foi !

Je veux faire du sport pour m’aider à arrêter de boire

Il me fallait un objectif plus concret que « améliorer ma santé »

Mais améliorer ma santé était un objectif vague. Il m’en fallait un plus concret, et je n’ai pas eu à chercher bien longtemps.

J’avais déjà essayé de me remettre au sport comme moyen d’arrêter de boire pendant mon année d’échecs, mais j’ai réalisé que ça n’était pas un moyen : il faut que ce soit un objectif.

À lire aussi : Cinq trucs à savoir avant de se mettre au sport

Franchir l’arrivée d’un 20 kilomètres, voilà une ivresse qui en vaut mille à 12°C.

A-t-on jamais vu des sportifs se mettre une mine la veille d’une compétition ? Je parle des vrais sportifs, pas des étudiants, n’est-ce pas.

Non, parce que tel qu’expliqué au point précédent, l’alcool a une influence néfaste sur le fonctionnement normal du corps.

A fortiori, quand on a l’ambition de repousser ses limites, verser de l’alcool dans la machine me semble aussi contre-productif que de mettre du rhum dans le réservoir d’une voiture de course.

Ça va mal finir.

Je me suis souvenue du kiff que c’était, de franchir l’arrivée d’un 20 kilomètres, la peau brûlante de sueur, les jambes lourdes de fatigue, mais la tête légère, haute et fière.

Ça, c’est bien une ivresse qui en vaut mille à 12°C.

Comment j’ai procédé

Je me suis inscrite à une salle de gym, près du bureau, et je me suis astreinte à y aller quatre fois par semaine.

Plutôt le matin, mais si je m’étais couchée trop tard ou si j’avais mal dormi, je préférais plutôt la pause déj’ ou la sortie du bureau, avant le dîner.

J’ai commencé à participer aux Running Mad ! Ça, c’était une vraie motivation, de pouvoir faire des sorties avec un groupe, et rien de tel qu’un bon crew madmoiZelle, garanti sans jugement et sans frime parasite, pour se remettre sérieusement à la course.

Comme le rendez-vous est à 10h le samedi matin, ça me donnait une bonne raison de ne pas boire le vendredi soir.

Et hop, une grosse tentation hebdomadaire évacuée d’un coup de motivation positive !

En plus, on allait régulièrement déguster un bon burger végé après le running. Avec tout l’argent que j’économisais en ne le filant plus à mes barmans préférés, un menu par semaine, c’était cadeau, vraiment.

Résultat des courses (pun intended) ? En trois mois, j’ai même réussi à ajouter deux sorties matinales de 5km, avant d’aller travailler.

Je ne vous dirais pas que j’ai perdu du poids (j’en sais trop rien), mais je me sens bien mieux dans mon corps, qui monte trois étages sans s’essouffler, et commence à m’étonner par ses performances sportives.

Qui l’eût cru ? Pas moi, il y a un an.

Je veux arrêter de boire pour reprendre le contrôle

Arrêter de boire, surtout en France où la consommation d’alcool est quasiment un fait culturel, ça me demanderait sans doute plus qu’une envie de battre mon record personnel au semi-marathon (2h21 si tu veux tout savoir).

Je suis qui, sans alcool dans le sang ? Je ne sais pas.

Au fond, j’avais une excellente raison, que j’hésitais à confesser, parce que c’était un peu paradoxal : je voulais reprendre le contrôle. Exactement l’inverse de la raison pour laquelle j’aimais tant boire ! Mais ça me travaillait…

Je donnerais quoi, à jeun ? Je veux dire, tout le temps à jeun, même en soirée.

D’ailleurs, est-ce que je sortirais encore ? Est-ce que ça me ferait chier ? Tous ces gens que je ne fréquente quasiment qu’autour d’un verre, est-ce que je les verrais encore, est-ce que j’apprécierais encore leur compagnie si je ne buvais plus du tout ?

Est-ce que ce serait pas comme appuyer sur le bouton « RESET » de ma vie sociale, cette affaire ?

À lire aussi : Comment survivre à une période de transition – Hippie Jack

Je suis qui, sans alcool dans le sang ? Je ne sais pas. J’ai eu envie de tenter l’expérience.

Comment j’ai procédé

De mars à juin, j’avais arrêté de boire cinq à six jours par semaine. Je ne m’interdisais pas un verre par-ci, par-là, le weekend, tant que j’arrivais à me limiter à : UN verre.

Au début, ça me demandait un effort conscient, et puis, à partir du mois de mai, c’est devenu naturel. J’avais plus envie de boire, ça m’était (presque) passé.

La Grosse Teuf est arrivée, et je l’ai faite au jus d’orange, sans forcer, sans m’ennuyer, en appréciant toujours autant la compagnie de tous les gens que j’ai rencontrés ou revus ce soir-là.

En étant tout aussi lassée par l’ambiance « boîte », que si j’avais eu quatre pintes dans le pif. Comme quoi…

Mais je voulais aller plus loin. Sans dec, ça donnerait quoi, si j’arrêtais complètement ?

La suite des Carnets de Sobriété dans ce 4ème épisode : Un mois sans alcool, ça fait quoi ?

Si vous sentez que vous perdez le contrôle de votre consommation, n’hésitez pas et prenez contact avec un centre d’alcoologie.

Pour aller plus loin :

À lire aussi : J’étais alcoolique à 25 ans, voici où j’en suis, deux ans plus tard

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Les Commentaires

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Avatar de Dan-ge
4 décembre 2016 à 20h12
Dan-ge
Bonsoir, je partage cet article que j'ai lu il y a quelques mois sur le rapport des femmes a l'alcool et ou je me suis reconnue (par contre c'est en anglais)

Giving up alcohol opened my eyes to the infuriating truth about why women drink

http://qz.com/762868/giving-up-alco...-the-infuriating-truth-about-why-women-drink/

"Is it really that hard, being a First World woman? Is it really so tough to have the career and the spouse and the pets and the herb garden and the core strengthening and the oh-I-just-woke-up-like-this makeup and the face injections and the Uber driver who might possibly be a rapist? Is it so hard to work ten hours for your rightful 77% of a salary, walk home past a drunk who invites you to suck his cock, and turn on the TV to hear the men who run this country talk about protecting you from abortion regret by forcing you to grow children inside your body?"
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