Depuis 2006, la Suède et l’Australie ont massivement vacciné les filles et les garçons. Tant et si bien que ces pays observent une chute du nombre de cancers du col de l’utérus, observe la docteure Martine Perez pour Le Parisien.
Les HPV, responsables de 70 à 90 % des cancers du col de l’utérus
En effet, ces derniers sont généralement dus au papillomavirus, l’infection sexuellement transmissible (IST) la plus fréquente au monde. Or, « la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) permet de prévenir les infections par les papillomavirus les plus fréquents, responsables, chez la femme, de 70 à 90 % des cancers du col de l’utérus », informe ameli.fr, le site de l’assurance maladie. Mais cette IST concerne les personnes de tous les genres, qui peuvent être porteuses asymptomatiques et le transmettre à leurs partenaires, et/ou développer des cancers de l’oropharynx et de l’anus (pour ce dernier, c’est particulièrement le cas chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes, soit dit en passant).
Tandis qu’on compte de moins en moins de cancers du col de l’utérus en Australie et en Suède, grandement grâce au vaccin contre les HPV, reconnu pour son efficacité depuis plus de quinze ans sans effets secondaires inquiétants, la France, elle, fait figure de mauvais élève. En effet, c’est le pays d’Europe avec le taux de vaccination le plus bas, constate Le Parisien. Alors que la volonté politique était d’atteindre entre 2014 et 2019 une couverture vaccinale de 60 % chez les filles de 11 à 14 ans, elle ne serait que de 30-40 % en 2022. La faute notamment à un climat de défiance vis-à-vis des vaccins, typiquement français…
Un vaccin pourtant recommandé en France pour les filles et les garçons de 11 à 14 ans
Alors, il est toujours de bon ton de faire une petite piqûre de rappel concernant le papillomavirus et l’intérêt de la vaccination. Les HPV circulent en particulier quand on a une sexualité active, d’où l’intérêt de se faire vacciner avant de démarrer une éventuelle vie sexuelle. C’est notamment pour ça que les campagnes de vaccination en France ciblent principalement les enfants, comme le rappelle l’assurance maladie française : « le vaccin est recommandé pour toutes les jeunes filles et également tous les garçons âgés de 11 à 14 ans révolus. » En revanche, on peut regretter que les garçons n’y aient pas davantage recours, alors qu’ils peuvent eux aussi, une fois leur éventuelle vie sexuelle débutée, porter le virus (de façon asymptomatique ou non) et le transmettre à leurs partenaires de tous genres, voire eux-même développer un cancer de l’anus ou du pénis.
Pour rappel, le vaccin contre le papillomavirus fait partie des vaccins pris en charge par l’Assurance Maladie. Il est donc remboursé, sur prescription médicale, à hauteur de 65 %, tandis que les organismes complémentaires (type mutuelle) interviennent habituellement pour compléter le remboursement. Passé l’âge de 20 ans, il peut être compliqué de se faire rembourser cette vaccination, mais on peut quand même y avoir recours (il coûte environ 130 €). Cette vaccination peut également être gratuite dans certains centres de vaccination et centres de santé sexuelle (comme les CeGIDD : Centre Gratuit d’information, de Dépistage et de Diagnostic des infections par les virus de l’immunodéficience humaine, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles). L’assurance maladie explique également :
« Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommande que toute nouvelle vaccination soit initiée avec le vaccin Gardasil® 9 pour les personnes non antérieurement vaccinées. Ce vaccin protège contre les infections dues aux HPV de type 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58, qui sont en cause dans 90 % des cancers du col de l’utérus, 80 % des cancers de l’anus et 90 % des verrues anogénitales (condylomes). »
Des cancers du col de l’utérus, de l’oropharynx, et de l’anus évitables grâce au vaccin contre les HPV
Si la vaccination renforce les mesures de prévention du cancer du col de l’utérus, elle ne se substitue pas pour autant aux mesures de prévention (dépistage des lésions du col par le frottis ou test HPV). La vaccination ne protège pas de tous les types de cancers du col de l’utérus possibles (mais bien des plus fréquents). Même vaccinées, il convient donc de rester vigilantes à d’éventuelles lésions, etc.
Interrogé par Le Parisien, le docteur Joseph Monsonego (président de la commission HPV du Collège national des gynécologues-obstétriciens et directeur de l’Institut du col à Paris) estime qu’entre 25 et 30 % des femmes de moins de 25 ans sont exposées aux HPV au niveau du col de l’utérus, et 30 à 40 % des hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes au niveau anal. Dans 90 % des cas, ces infections seront éliminées spontanément. Mais dans les 10 % restants, elles peuvent persister, évoluer en pré-cancer dépistable et traitable, ou en cancer faute de prise en charge suffisamment tôt. En France, on compte environ 3 000 nouveaux cas de cancer du col par an, 1 700 de cancer de l’oropharynx, et 1 600 de cancer de l’anus.
Bref, qu’importe son genre, on est toutes et tous concernés, par le papillomavirus.
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Crédit photo de Une : Kalinovskiy de la part de Getty Images via Canva.
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Les Commentaires
Un truc qui m'interpelle, c'est que ce virus peut également être propagé à l'anus ou à la bouche, créant potentiellement des lésions pré-cancéreuses dans ces zones (oesophage, larynx, anus ...). Perso ça m'inquiète à fond. Du coup je me pose 3 questions :
- pourquoi ne pas vacciner tout le monde en sachant que les hommes comme les femmes sont touchés par ces cancers ? Un utérus peut se retirer, pas une gorge ni un anus.
- le papillomavirus peut-il se transmettre via un baiser étant donné sa présence potentielle dans la gorge ?
- pourquoi ne pas dépister les cancers de la gorge et de l'anus chez personnes contaminées ? Pourquoi se cantonner au col de l'utérus ?
Bref quand j'y pense je flippe à mort...