C’est un point de bascule dans l’interminable épidémie du VIH/Sida. D’après les derniers chiffres de l’Agence britannique de sécurité sanitaire (HSA), le nombre de nouveaux diagnostics de VIH chez les personnes hétérosexuelles s’avère plus élevé que chez les hommes gays et bis au Royaume-Uni.
Des dépistages du VIH/Sida plus souvent tardifs chez les personnes hétéro
Comme le relève le média britannique The Independant, sur l’année 2021, parmi les personnes dépistées séropositives au VIH, 45% étaient des hommes se déclarant gays et bis, contre 50% de femmes et d’hommes hétérosexuels.
La HSA constate également que les personnes hétérosexuelles sont davantage susceptibles d’être diagnostiquées tardivement, à un stade où les dommages à leur système immunitaire a déjà commencé. En 2020, au Royaume-Uni toujours, 55% et 51% des hommes et des femmes hétérosexuelles, respectivement, ont été diagnostiqués à un stade tardif, contre 29% chez les hommes gays et bisexuels.
Ces derniers ont tendance à être davantage ciblés, sensibilisés, et donc éduqués sur les questions de VIH, ce qui peut être une piste d’explication, outre le fait qu’ils sont beaucoup moins nombreux dans la société.
Qu’est-ce qui peut expliquer une telle bascule dans l’épidémie de VIH ?
Les dépistages ont pu être d’autant plus tardifs à cause de la pandémie, ses confinements et restrictions de déplacement, et combien le Covid a pu monopoliser toute l’attention. Si bien que la HSA remarque également une baisse de 33% des tests chez les personnes hétérosexuelles, contre une baisse de 7% chez les hommes gays et bisexuels.
Ces nouvelles statistiques de nos voisins britanniques peuvent donc servir de rappel que le virus de l’immunodéficience humaine concerne également les personnes hétérosexuelles, y compris les femmes.
Les différents moyens de prévention du VIH à la portée de toutes et tous
De nombreux centres de dépistages gratuits et anonymes existent en France. Vous pouvez demander à votre médecin traitant une ordonnance pour un dépistage d’IST gratuit quand vous le voyez afin de le faire en laboratoire d’analyses médicales quand vous le pourrez. Vous pouvez également acheter en pharmacie physique, ou trouver gratuitement dans un centre de santé sexuelle, ou commander en ligne, un autotest VIH à faire chez vous.
Si vous avez une vie sexuelle active avec de multiples partenaires, une fréquence de dépistage tous les 3 à 6 mois est conseillée.
Outre le préservatif, moyen de prévention le plus connu du grand public, la PrEP protège efficacement contre le VIH, et s’avère beaucoup moins connu par les personnes hétéros que les personnes LGBTQI+. C’est l’acronyme anglais pre-exposure prophylaxis (prophylaxie pré-exposition). La PrEP consiste à prendre un médicament en prévention d’éventuelles contaminations au VIH. Sur ordonnance, elle se prend soit au quotidien, soit « à la demande » selon une chronologie précise autour de rapports sexuels à risque.
L’obtention de la PrEP quand on est une femme cisgenre peut néanmoins se heurter aux préjugés sexistes et au slutshaming d’une partie du personnel soignant, comme l’analyse cet article de Slate. Face au refus d’un médecin de vous prescrire la PrEP, vous pouvez prendre l’avis d’un-e autre praticien-ne et surtout contacter l’association AIDES à l’adresse mail suivante : prep[arobase]aides[point]org.
La PrEP ne doit pas être confondu avec le traitement post-exposition (TPE). Il s’agit d’un traitement d’urgence à demander — à l’hôpital notamment — après avoir eu un rapport à risque avec quelqu’un dont vous ne connaissez pas le statut sérologique.
La PrEP diffère également de ce qu’on appelle dans le jargon de la prévention le TASP : Treatment as Prevention. Concrètement, cela signifie que, puisqu’une personne séropositive au VIH, sous traitement, avec une charge virale indétectable, ne peut pas transmettre le VIH, son traitement protège aussi son, sa ou ses partenaires. En d’autres termes, une personne VIH+ indétectable est non-contaminante.
C’est ce principe que résume l’expression Indétectable = Intransmissible. D’où l’importance d’être au fait de son statut, et de sa santé sexuelle, pour se protéger soi et ses partenaires. Car l’information, c’est le pouvoir.
À lire aussi : Une personne séropositive sous traitement ne transmet plus le VIH et bien trop de gens l’ignorent encore
Crédit photo de Une : visuel d’une campagne de l’association AIDES.
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