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Voyages

Ma vie d’expat’ à Amsterdam, entre choc culturel et slow life

Alors que rien ne l’y prédestinait, Fanny a décidé il y a deux ans et demi de plaquer sa vie en France pour s’installer aux Pays-Bas. Découverte d’une nouvelle langue et d’une nouvelle culture, amours, amitiés, travail… Elle nous raconte sa vie d’expatriée à Amsterdam, entre joie et galères du quotidien.

J’ai grandi dans le Loiret, en France. J’ai fait toutes mes études dans la même ville et je n’ai pas beaucoup voyagé quand j’étais plus jeune. Mes parents n’étaient pas de grands voyageurs, pour les vacances, nous restions en France. Et pourtant, j’ai toujours eu envie de partir à l’étranger. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais ça a toujours été une envie très présente, depuis que je suis petite. Je me souviens que je lisais des blogs de voyage, j’avais même demandé à mes parents de faire un tour du monde en famille. 

Quand j’étais étudiante, s’est présentée la possibilité de faire Erasmus, mais je ne l’ai pas saisie. Je pense que j’avais envie mais que j’avais peur, j’étais dans une relation et je ne me voyais pas forcément tout quitter pour partir loin de chez moi. Du coup, je suis restée dans ma petite ville en France. 

J’ai été diplômée en 2020, durant le Covid. J’avais alors l’idée de partir à l’étranger, après mon Master, mais évidemment, à cause de la pandémie, les frontières étaient fermées. Pendant plusieurs mois, après avoir été diplômée, je n’ai pas cherché du travail en France, je ne voulais pas lâcher cette idée de partir travailler à l’étranger. J’ai donc eu une première expérience en janvier 2021 en tant qu’au pair. J’ai trouvé une famille en Autriche qui avait besoin d’une Française pour deux mois, pour garder les enfants et aider à la maison. Je n’ai pas hésité, je me suis dit « pars, c’est ta seule possibilité » parce qu’on était encore dans la période du Covid. Finalement, j’ai beaucoup aimé l’expérience. Pas forcément en tant qu’au pair, mais parce que j’étais immergée dans un autre pays, à la découverte d’une culture différente. 

À mon retour en France, j’avais qu’une seule envie : repartir à l’étranger. Je suis jeune, je n’ai pas de travail, j’ai mon diplôme, c’était le moment ou jamais. J’ai donc regardé les options qui s’offraient à moi : où je pourrais aller, ce qui serait le plus facile pour moi au début. Je voulais un pays européen, où l’on parle anglais. Je parlais déjà anglais mais j’étais loin d’être bilingue, et un pays qui pourrait me plaire au niveau du style de vie. 

Je suis tombée sur les Pays-Bas, alors que je n’y avais jamais mis les pieds. Mais je me suis dit que ça pouvait me plaire. J’ai commencé à me documenter sur le pays, sur Amsterdam, sa capitale. J’ai découvert que c’était une ville très internationale, avec une population assez jeune, qui parle très bien anglais, qui fait beaucoup de vélo… 

À lire aussi : Typologie des angoisses d’une future expatriée

Le grand départ vers l’inconnu et l’installation

Je me suis décidée très vite : en juin 2021, j’ai débarqué avec mes deux valises à la gare centrale d’Amsterdam. Je n’avais pas de logement, pas de travail, je ne connaissais personne. J’ai tout découvert sur place. 

Pour m’aider sur place, j’ai rejoint des groupes Facebook de Français vivant à Amsterdam quelques mois avant de partir. J’y avais posté un message disant que je cherchais une colocation – les loyers sont assez élevés à Amsterdam. Une fille m’a répondu et, immense coup de chance, m’a proposé de visiter une chambre libre dans l’heure qui suivait mon arrivée à Amsterdam. On a tout de suite matché, et j’ai pu m’installer en colocation immédiatement. Je me rends compte de la chance que j’ai eu. 

J’ai vécu les premières semaines aux Pays-Bas en vivant sur mes économies, j’en ai profité pour visiter le pays. Et à la rentrée, j’ai postulé à divers jobs, dont une entreprise à Amsterdam qui m’a recrutée. J’y ai travaillé pendant un an et demi en tant que responsable marketing pour le marché français. Ça a été vraiment super, j’ai pu énormément développer ma pratique de l’anglais. Mais les derniers mois, je sentais monter en moi l’envie de créer ma propre petite entreprise. J’ai fini par démissionner en juin 2023, et je me suis lancée à l’automne. Je sentais que c’était le bon moment : je suis jeune, je n’ai pas d’enfants. Aujourd’hui, je ne vis plus en colocation mais avec mon partenaire, qui est Néerlandais. Notre loyer n’est pas très élevé, j’ai des économies… J’avais vraiment tous les indicateurs au vert. Depuis l’automne, je suis donc freelance en communication et marketing digital à destination des Français. Cette spécificité me permet de garder un lien avec mon pays d’origine. 

Copie de [Image intérieure] Carré (22)

France et Pays-Bas, un choc culturel

Pour autant, même si aujourd’hui je profite à fond, j’ai aussi dû faire face à des difficultés. Quand on s’installe dans un autre pays, ce n’est pas toujours tout rose. L’administration m’a donné beaucoup de fil à retordre au début. Je me suis retrouvée à devoir gérer plein de situations seules, sans repères ni personne pour m’aider. Ça a été un vrai challenge de prendre le téléphone et de devoir expliquer que je ne parlais pas (encore) le néerlandais. 

Avec ma colocataire, ça n’a pas non plus toujours été facile. Nous avons habité ensemble un an et demi et sur la fin, notre relation s’est un peu dégradée. Après une dispute avec elle au sujet du loyer, je me suis retrouvée toute seule avec mes problèmes dans ce pays qui n’est pas le mien, avec ma famille à mille kilomètres. Il m’est arrivée de me retrouver à pleurer dans mon lit, à me demander ce que je fichais là, pourquoi je m’étais infligée de partir si loin. 

Vivre aux Pays-Bas a aussi été un vrai choc culturel. Dans les magasins, on ne retrouve pas les mêmes produits qu’en France. J’ai dû beaucoup m’adapter. Par exemple, ici, le déjeuner consiste en une tranche de pain avec du fromage, il n’y a pas de plat chaud. Tout est différent ici : pour ouvrir un compte en banque, pour payer ses impôts…Et évidemment, tout est écrit en néerlandais. Cela crée parfois de la solitude, même si je suis bien entourée.

À lire aussi : Comprendre le racisme ordinaire en six leçons

L’expatriation, une vraie expérience humaine

Pour autant, je ne regrette pas un seul instant de m’être installée aux Pays-Bas. Ici, la vie est plus douce qu’en France. Je n’ai pas besoin de voiture pour me déplacer, j’ai un vélo, comme la majorité des gens. Amsterdam est certes une capitale mais à taille humaine. Je ne m’y sens jamais submergée comme cela m’arrive quand je suis à Paris. Et en même temps, tout est accessible : je peux revenir en France en moins de trois heures de train.

J’adore aussi que ce soit une ville très internationale. Je m’y suis fait des copines et des collègues venant des quatre coins du monde : d’Inde, d’Espagne, d’Angleterre, des Etats-Unis, du Honduras… C’est vraiment génial, toutes ces rencontres ouvrent nos esprits. de manière générale, Amsterdam est une ville très ouverte et tolérante, je m’y sens vraiment en sécurité. Quand je sors le soir, je n’ai pas peur, même si je suis seule dans les transports ou sur mon vélo.

Ce qui m’a marquée aussi ici, ce sont les différences dans le monde professionnel. En France, j’ai toujours trouvé que les relations étaient très verticales avec la hiérarchie, que tout est très strict, ce qui ne permet pas vraiment de dialogue. Ici, il est commun de tutoyer son employeur, on ne se serre pas la main, tout est plus informel. Aux Pays-Bas, c’est beaucoup plus simple d’obtenir une promotion. On n’attend pas de nous qu’on ait dix ans d’expérience et deux masters pour nous donner le poste. Il suffit de faire ses preuves, qu’on ait de bons résultats, pour qu’on nous fasse rapidement confiance. C’est vraiment très appréciable. 

En revanche, dans la sphère privée, les Néerlandais sont accueillants… mais pas trop non plus. Je trouve que les Français sont un peu plus chaleureux. Les Néerlandais aiment planifier leurs soirées, rien n’est décidé au dernier moment, ce qui peut causer quelques incompréhensions quand on n’est pas habituée…  Ici, rien n’est vraiment spontané, ce qui est parfois un peu difficile pour se faire des amis. J’ai la chance d’avoir un copain néerlandais, qui m’a intégrée à son groupe d’amis et m’a familiarisée avec leurs coutûmes. Mais hélas, ce n’est pas le cas de tout le monde. Ici, les locaux restent ensemble, et les expats aussi. 

Copie de [Image intérieure] Carré (21)

Ma vie est désormais à Amsterdam

Pour le moment, je ne m’imagine pas du tout revenir en France. Évidemment, je ne sais pas de quoi demain sera fait mais pour le moment, j’imagine ma vie ici. Malgré les difficultés administratives et la barrière de la langue, j’ai ici une vraie qualité de vie que je ne retrouverai pas en France. De plus, j’ai désormais un compagnon ici, et même si lui, ça ne le dérangerait pas de vivre en France, pour moi c’est non. Je suis très heureuse de retourner chez moi, dans ma famille, pour revoir mes proches, mais ça me suffit. 

Si l’expérience à l’étranger vous tente, je vous recommande de tenter, même si c’est juste pour quelques mois ou le temps de vos études. C’est tellement enrichissant d’un point culturel, et on apprend beaucoup sur soi-même… C’est en partant à Amsterdam que je me sens aujourd’hui proche de mon pays, j’ai aussi une relation plus profonde avec mes parents, mes frère et soeur. On s’appelle tous les jours, ne serait-ce que dix minutes, alors que ça n’était pas le cas quand j’étais en France. 

Être à l’étranger m’a aussi permis de me rendre compte de la chance que l’on a de vivre en France. Je ne dis pas que c’est le meilleur pays au monde, loin de là, mais il y a aussi beaucoup de choses positives : la protection sociale, l’éducation… J’aime encore plus mon pays depuis que je n’y suis plus. Et il ne faut pas se risquer à dire du mal de la France devant moi ! C’est un très beau pays, ce sera toujours le mien, même si je n’y vis plus.

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Les Commentaires

1
Avatar de Azala
23 février 2024 à 16h02
Azala
Chouette article ! Je trouve toutefois un peu dommage de ne pas avoir davantage de détails, notamment sur la manière dont les choses se passent quand on est malade ou au chômage, en tant qu'expat'. Idem sur l'éducation, évoquée rapidement à la fin de l'article, pourtant la question des enfants est posée et Fanny indique ne pas vouloir rentrer en France malgré l'ouverture de son compagnon à cette idée.
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