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Le manga « A Sign of Affection », avec une héroïne sourde, analysée par une personne concernée

Depuis le 27 mai, vous pouvez retrouver le manga A Sign of Affection dans toutes les bonnes librairies. On a demandé à Mélanie Deaf son avis sur ce titre qui met en scène une héroïne sourde !

En partenariat avec Akata (notre Manifeste)

La surdité est une situation sur laquelle nous sommes mal informées, car elle est plutôt invisibilisée dans l’espace public français. Peu d’objets culturels mettent en avant des personnages malentendants, et quand ils le font, il peut arriver que ce soit de manière maladroite.

Alors quand un manga met en scène une protagoniste qui ne perçoit pas un seul son, ça a le mérite d’attirer notre attention ! Pour vous faire saliver, sans vous spoiler, sachez qu’A Sign of Affection raconte les premiers sentiments amoureux de Yuki, une étudiante de 19 ans plutôt timide, à l’égard de Itsuomi, un bel étudiant ténébreux qui parcourt le monde pour découvrir le plus de cultures possibles.

Le monde de Yuki va être totalement chamboulé à la rencontre d’Itsuomi : l’étudiante qui s’empêche d’aller vers les autres par peur de devoir communiquer ou oraliser va découvrir une tout autre perception de sa condition à travers les yeux du jeune homme. Elle comprendra en premier lieu que non, ça ne devrait pas être à elle de s’adapter en permanence au monde des entendants !

La rencontre entre les deux personnages du manga a sign of affection

Pour en discuter de la manière la plus pertinente possible, nous avons demandé à Mélanie Deaf, professeur de français et sourde de naissance, de nous donner son avis sur ce manga, mais également sur la représentation de la surdité et des personnes malentendantes en France.

A Sign of Affection décrypté par une personne sourde

Après sa lecture du manga, Mélanie nous explique qu’à son sens il n’y a pas d’énormes différences entre la mise en avant de la surdité au Japon et en France. En revanche, elle pointe du doigt le manque d’empathie des Français et Françaises à l’égard des personnes sourdes… Selon Mélanie, les gens ont des difficultés à comprendre la surdité ou ne savent pas se comporter face à elle :

« Lorsque je suis dans la rue et que je croise une personne entendante, en discutant et en lui disant que je suis sourde, tout de suite cette personne va prendre peur et s’enfuir…

Mais je pense que c’est surtout parce que ce handicap n’est pas assez reconnu en France ou même ailleurs. Les entendants ne connaissent pas la culture sourde. Ce manga est un moyen de montrer que cela ne fait pas peur. »

Justement à propos de la représentation des signes, évidemment, Mélanie note une différence avec les signes français, qui sont japonais dans A Sign of Affection. En effet, pour celles qui ne le sauraient pas, chaque langue des signes est différente dans le monde et selon les pays, « ce qui en fait sa richesse » !

J’en profite pour la questionner à propos de situations concrètes qui sont illustrées dans le manga et assez courantes dans la vie de tous les jours. Dans le premier chapitre, l’héroïne, Yuki, se retrouve confrontée à un inconnu qui lui demande son chemin dans une langue étrangère, ce qui semble l’angoisser. Dans ce genre de situation, elle semble régulièrement utiliser son téléphone, pour taper ce qu’elle veut dire. Est-ce une pratique fréquemment utilisée par les personnes sourdes ?

« Actuellement, avec le port du masque, je n’ai pas le choix… ou bien il m’arrive de mimer. Alors qu’avant, je n’avais aucun souci à me faire comprendre puisque j’ai pris l’habitude d’oraliser mes conversations depuis que je suis petite.

Après, c’est vrai qu’utiliser son téléphone est un bon moyen pour communiquer avec les personnes sourdes. »

Mélanie Deaf me confie que plus jeune, elle hésitait à se rendre dans des lieux publics comme les bars ou les restaurants. Elle ne comprenait pas comment les entendants, les inconnus, se comportaient avec les sourds. Aujourd’hui c’est différent, Mélanie se dit que ce n’est pas toujours aux sourds de s’adapter aux entendants : il faut qu’il y ait un équilibre.

Elle m’explique qu’il ne faut pas hésiter à utiliser d’autres moyens de communication, comme le téléphone, pour communiquer avec les personnes qui présentent un trouble de l’audition. C’est vrai que c’est bien mieux que de les ignorer !

Un autre point sur lequel je décide d’appuyer est la lecture sur les lèvres. Tout au long du manga, les proches de Yuki font attention de toujours parler face à elle pour qu’elle puisse lire sur leurs lèvres, voire se rapprochent de son visage pour être sûre qu’elle ne loupe pas un mouvement, ce qui a tendance à la mettre mal à l’aise dans le second chapitre.

Est-ce quelque chose qui vous permet réellement de mieux comprendre son entourage ? Les personnes malentendantes ou sourdes se retrouvent-elles souvent face à des personnes qui rapprochent leurs visages très proches du leur ? Mélanie Deaf me raconte que son entourage sait comment s’adapter à elle :

« S’approcher du visage n’est pas une bonne solution, car quelqu’un de sourd a seulement besoin de lire sur les lèvres. Il suffit que la personne entendante parle normalement (juste pas trop vite ni trop lentement), qu’elle n’articule pas trop (l’exagération est souvent pire à comprendre), qu’elle se mette bien en face et c’est tout.

Cela m’est déjà arrivé que des inconnus ou des connaissances s’approchent de mon visage pour parler et cela me met vraiment mal à l’aise. Dans ces cas-là, maintenant je n’hésite pas à leur dire qu’il faut qu’elle se tienne normalement. »

La rencontre entre les deux personnages du manga a signe of affection

 

Pour Mélanie, A Sign of Affection montre une partie de la culture sourde au monde : l’accessibilité, la communication, la langue des signes, les appareils, etc. C’est donc une excellente initiative de la part de la maison d’édition Akata, qui n’en est pas à son premier coup de projecteur sur des handicaps, quels qu’ils soient ! Notamment avec la série à succès Perfect world, qui narre une histoire d’amour entre Itsuki et Tsugumi, lequel ne peut plus marcher et se déplace en fauteuil roulant suite à un accident. Si vous décidez de suivre les aventures de ces deux tourtereaux, sachez que le douzième et dernier tome est sorti ce 27 mai 2021.

Par ailleurs, on note également, parmi les titres proposés par Akata, le manga Running Girl, une histoire de vie incroyable à propos d’une lycéenne unijambiste prénommée Rin qui se lance dans la préparation des jeux paralympiques de Tokyo.

En résumé, chez Akata vous trouverez de quoi vous informer sur des parcours de vie plutôt invisibilisés tout en vous divertissant. A Sign of Affection est un exemple remarquable de ludicité ; comme quoi, se mettre un tant soit peu dans la peau d’une personne touchée par la surdité tient parfois à un simple manga !

Nous avons une super nouvelle, le tome 2 de A Sign of Affection a déjà une date de sortie prévue en France…

Vous pourrez le retrouver en librairie dès le 8 juillet prochain !

À lire aussi : 3 mangas écrits par des femmes à commander d’urgence à votre libraire

Les Commentaires

5
Avatar de Juayju
2 juin 2021 à 08h06
Juayju
Toujours sur ce thème il y a aussi Hidamari ga kikoeru qui présente plusieurs personnages atteints de différents types de surdité et qui ne le vivent pas de la même manière
0
Voir les 5 commentaires

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