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Source : Peter Glaser / Unsplash
Société

La FFF ouvre une enquête pour harcèlement sexuel et moral après les révélations d’un ex-arbitre

L’ancien arbitre Nicolas Pottier s’est livré dans un entretien à So Foot sur le système de l’arbitrage dans le football français, entre copinage et homophobie systémique. Il a par ailleurs révélé avoir porté plainte pour « harcèlement sexuel et moral dans le cadre privé et professionnel » et « viol contre X ». La FFF s’est saisie du dossier.

Jeudi 8 juin 2023, la Fédération française de football a annoncé ouvrir une enquête interne après les accusations de « harcèlement moral et sexuel » formulées dans le magazine So Foot par l’ancien arbitre Nicolas Pottier, président du district de Mayenne et à la tête de l’arbitrage amateur pour la FFF. Ce dernier y explique avoir porté plainte le 14 février pour « harcèlement sexuel et moral dans le cadre privé et professionnel », ainsi que pour « viol contre X » concernant des faits qui seraient advenus en mai 2009 après un match qu’il arbitrait.

Un système homophobe et archaïque

Dans les pages du magazine So Foot, Nicolas Pottier reproche au système d’arbitrage de la FFF de fonctionner au copinage et de reposer sur un climat d’homophobie systémique. L’ex-arbitre estime avoir été pénalisé tout au long de sa carrière pour avoir assumé ouvertement son homosexualité, perçue comme « un problème dans le milieu ». Il se dit « victime d’une machination » l’ayant empêché d’évoluer professionnellement, malgré des débuts à 29 ans en première division, et met en cause un « système opaque, pervers et dépassé ».

La question de l’homophobie dans le football (et dans le sport plus généralement) est régulièrement mise sur le tapis. Pourtant, les instances du football s’illustrent par leur inaction.

Mi-mai, plusieurs joueurs français avaient par exemple refusé de porter des maillots floqués du drapeau arc-en-ciel. Il arrive aussi trop souvent que certains matchs soient émaillés de chants homophobes venus des gradins. Dans un communiqué, le collectif de lutte contre l’homophobie dans le sport amateur et professionnel Rouge Direct réclamait en mai une « vraie politique de lutte contre l’homophobie dans le football, comme en Angleterre ou en Allemagne entre autres », et dénonçait alors l’« inaction des instances du football ».

La FFF attendue au tournant

Concernant les accusations de harcèlement et de viol, la FFF s’est saisie du dossier, déclarant diligenter « immédiatement en qualité d’employeur une enquête interne confiée à un cabinet extérieur spécialisé, Alcens ». Elle se dit par ailleurs prête à se constituer partie civile dans le cadre de la procédure judiciaire à la suite de la plainte pour viol. Une réaction dont se félicite Nicolas Pottier.

La Fédération prévoit aussi de désigner prochainement « une personnalité qualifiée et indépendante pour conduire une mission d’analyse (…) de la politique fédérale de l’arbitrage, afin d’en renforcer, le cas échéant, l’efficacité ».

Selon Le Huffpost, un autre signalement a été fait jeudi auprès du procureur de la République par la FFF concernant le comportement de Daniel Galletti, ancien président de la Commission des arbitres de la Ligue de Paris Île-de-France. Comme le relate So Foot, ce dernier est accusé d’avoir « proposé des notes avantageuses à des jeunes arbitres, parfois mineurs, en échanges de faveurs sexuelles ».

Ce n’est pas la première fois que la FFF est épinglée pour des cas de violences sexistes et sexuelles en son sein. Quelques mois plus tôt, le ministère des Sports avait ordonné un audit de la FFF, dont les résultats avaient souligné « les dysfonctionnements profonds » du football français « en matière de lutte et de prévention des violences à caractère sexiste et sexuel ». Son ancien président, Noël Le Graët, avait d’ailleurs fini par démissionner fin février, visé par des plaintes pour harcèlement sexuel. Plusieurs enquêtes journalistiques avaient démontré le rôle de la FFF dans l’occultation des accusations d’abus, de chantages et de harcèlement sexuel dont il faisait l’objet des décennies durant.


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