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J’ai très mal vécu mon IVG mais je m’en remets petit à petit

Mathilde a 22 ans, et elle a eu recours à une IVG quand elle est tombée enceinte. Loin de regretter ce choix, elle a malgré tout été traumatisée par cette intervention dont elle se remet petit à petit.

Tu es enceinte et tu ne sais pas trop quoi faire ni vers qui te tourner ? Tu songes à avoir recours à une IVG mais tu es inquiète à l’idée de prendre cette décision ? Voici des articles :

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Cela va faire bientôt deux ans que je suis avec mon copain.

Au début de notre relation, à partir du moment où on a décidé que ce serait sérieux entre nous, j’ai rapidement décidé de choisir une contraception autre que le préservatif.

Mon choix de contraception

J’avais déjà eu une mauvaise expérience avec la pilule au lycée.

Même si elle avait fortement amélioré la situation avec mon acné, j’avais pris beaucoup de poids, des poils noirs étaient apparus sur des zones où de base je n’avais que du duvet, et je suis devenue beaucoup plus sensible émotionnellement.

J’avais donc décidé depuis longtemps de me tourner vers une contraception non-hormonale et la plus sûre semblait donc être le DIU au cuivre.

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Ni une ni deux je me suis rendue chez ma sage-femme repérée sur Gyn&Co afin de me faire poser ce petit objet libérateur.

La pose s’est super bien passée, je n’ai quasiment rien senti, et même par la suite je n’ai eu que très peu de douleurs, à part au moment des règles où elles étaient légèrement amplifiées.

À lire aussi : Panique autour de la pilule contraceptive : le point avec des expertes

Quand je suis tombée enceinte

En juin ou juillet 2018, 10 ou 11 mois après la pose du DIU, j’ai commencé à remarquer quelques signes.

Ma poitrine avait grossi et était plus sensible, j’avais des nausées le matin et au cours de la journée, et mes règles semblaient tarder à arriver.

Ce dernier point ne m’a pas trop alarmée puisque je n’ai jamais eu un cycle très régulier.

On plaisantait régulièrement avec mon copain sur le fait que j’étais peut-être enceinte. Puis, cette idée devenant un peu trop pesante, on s’est dit que faire un test de grossesse ne ferait pas de mal…

C’est mon copain qui a été à la pharmacie acheter le test. La pharmacienne lui a indiqué que si mes règles étaient prêtes à arriver, il était possible que le test soit faussé et affiche un positif alors qu’en réalité il ne se passait rien là-dedans.

J’ai donc fait ce test le lendemain matin et, comme ce que l’on redoutait, il est apparu positif. J’ai tout de même décidé d’attendre la fin du week-end afin de voir si ce n’était qu’une fausse alerte…

À lire aussi : Deux femmes qui sont tombées enceintes jeunes témoignent

Le week-end est passé, et bien sûr mes menstruations n’ont jamais pointé le bout de leur nez.

Le lundi nous sommes retournés acheter deux nouveaux tests, j’ai fait les deux le mardi matin, les deux étaient positifs. Plus de doute possible.

Pendant ma journée de travail j’ai donc contacté ma sage-femme pour connaître la marche à suivre. Je m’attendais à un « on va vous faire une prise de sang pour vérifier tout ça » mais sa réponse a été bien différente.

Elle m’a de suite demandé si je souhaitais « le garder ». Après ma réponse négative elle m’a indiqué l’unique centre de ma ville de province qui pratique les IVG.

Mon expérience au centre médical pour mon IVG

J’ai contacté le centre, qui n’accueillait les patientes que la semaine. Il a donc fallu que je pose un jour pendant mon stage et j’ai décidé d’en parler à ma maîtresse de stage car cela me stressait un peu.

Pour être tout à fait honnête… je me suis effondrée dans son bureau.

Sa réaction a été très bienveillante elle m’a indiqué la démarche à suivre pour poser un jour, m’a dit de ne pas m’inquiéter pour ça, que ça allait bien se passer.

J’ai donc eu un rendez-vous au centre le mardi suivant. Je m’y suis rendue avec mon copain qui avait pris sa matinée pour l’occasion, le personnel qui nous a accueillis a été très agréable.

Les sages-femmes que j’ai rencontrées ont été très bienveillantes, m’ont expliqué en détail comment ça allait se passer, mais le premier problème est apparu assez rapidement durant le rendez-vous.

Ma « grossesse » était assez récente pour pouvoir avorter par voie médicamenteuse, j’étais donc soulagée. La professionnelle m’a dit qu’elle allait retirer mon DIU, et qu’en plus cela provoquait souvent une fausse couche « naturelle ».

À lire aussi : L’IVG rend stérile, et autres idées reçues rétrogrades sur la contraception et l’avortement

Mais au moment de le retirer, elle s’est rendue compte qu’il était parti trop loin et que les fils étaient inatteignables. Pas le choix, il fallait passer par le curetage (ce si joli mot).

Le curetage de l’utérus est une intervention qui consiste à prélever le tissu interne de l’utérus dit endomètre. Il est effectué grâce à une curette (une sorte de petite « cuillère »).

On m’a ensuite expliqué comment ça allait se passer et il a fallu que je choisisse mon type d’anesthésie.

Je partais plutôt sur une générale à la base, pour être tranquille, mais cela impliquait de passer une nuit à l’hôpital, de mettre plus de temps à m’en remettre, etc.

J’ai donc suivi les conseils de la sage-femme et j’ai opté pour l’anesthésie locale, qui nécessite quelques petites piqûres dans le col de l’utérus.

Le jour de mon IVG

Je suis arrivée vers 9h à l’hôpital, comme on me l’avait demandé. Après un peu d’attente, on m’a conduite à ma chambre.

Là j’ai attendu pendant longtemps les indications. Une aide-soignante passait de temps à autres, me parlant sèchement, et s’attendant à ce que je sache quoi faire alors qu’on ne m’avait donné aucune indication.

Au bout d’un moment, elle est venue me dire de prendre certains des cachets posés devant moi. J’ai donc avalé les petits comprimés qui allaient déclencher de fausses contractions afin de dilater mon col pour simplifier l’intervention.

Après quelques dizaines de minutes les douleurs ont commencé. Très importantes. Je tremblais.

La psychologue qui faisait le tour des chambres pour rassurer les patients et patientes s’est rendue compte que l’aide-soignante ne m’avait pas donné les anti-douleurs qui allaient avec ce fameux cachet, d’où la douleur très peu soutenable !

J’ai donc pu à ce moment-là prendre les anti-douleurs, ainsi qu’un petit liquide qui permet de détendre les patients avant d’entrer en salle d’intervention.

Le curetage, la pire expérience de ma vie

Pour faire simple : j’ai souffert tout du long.

J’y allais pourtant sans appréhensions, n’ayant jamais eu de problèmes lors de mes rendez-vous gynéco.

À lire aussi : Comment se passe un rendez-vous gynéco : le guide ultime

La gynécologue qui réalisait l’intervention ne m’a pas dit un mot de toute la durée, j’ai su que c’était terminé car je l’ai entendue parler à l’aide-soignante, mais moi, apparemment, pas la peine de m’en informer.

Le DIU était parti se loger tout au fond de mon utérus, elle a donc eu beaucoup de mal à le retirer et m’a triturée pendant de très longues minutes…

Et bien sûr, l’anesthésie ne touchant que le col, j’ai tout senti.

Je ne saurais pas décrire précisément cette expérience, il y avait ce flou ambiant à cause des médicaments, du sang sur le sol des patientes précédentes, la douleur, l’absence de communication, la totale.

Une fois de retour dans ma chambre j’ai vite appelé mon copain pour qu’il me sorte de là. Le personnel de l’hôpital m’a laissée partir, je note que l’heure de surveillance suivant l’intervention n’a pas du tout été respectée.

L’après-midi, je n’ai fait que dormir.

L’après-IVG

Bien sûr l’histoire ne s’arrête pas là. Deux semaines après l’IVG, il faut revenir pour savoir si tout a bien été retiré.

Le contrôle a été réalisé par un homme gynécologue qui a souhaité savoir quel moyen de contraception je souhaitais utiliser par la suite.

À lire aussi : Tout savoir sur la contraception, quand tu débutes ta vie sexuelle

Après lui avoir répondu que je ne souhaitais pas qu’il me repose un DIU, car je préférais le faire avec ma sage-femme habituelle, il m’a demandé ce que j’utiliserais comme contraception en attendant.

Le rendez-vous avec ma sage-femme avait lieu moins d’un mois après, j’avais donc décidé d’utiliser des préservatifs jusque-là.

Et voilà la réponse que j’ai obtenue de la part de ce cher gynécologue :

« Le goût du risque. »

Cette dernière phrase a bien fini de me dégoûter de ce centre !

Après ça j’ai remis un DIU, mais ce fut une mauvaise idée parce que mon corps n’était pas prêt aussi vite après cette expérience traumatisante pour lui.

Me réparer psychologiquement après mon IVG

Ma tête aussi avait du mal à s’en remettre. Mes douleurs m’inquiétaient, j’avais peur que quelque chose soit « cassé », que je ne puisse pas avoir de bébé le jour où j’en voudrais un.

Une amie nous a annoncé sa grossesse, j’ai fondu en larmes. Il fallait que je me sorte ça de la tête, que je m’en remette.

Les douleurs se sont répandues dans mon vagin, mon périnée, mes ovaires. Les relations sexuelles sont devenues très difficiles, mettre un tampon ou une cup était impensable.

Imaginer que quelque chose s’approche de cette zone me contractait.

J’ai donc été consulter mon médecin généraliste pour commencer, il m’a prescrit une échographie (qui n’a rien révélé d’alarmant). J’ai vu ma sage-femme ensuite, pour retirer mon DIU.

À ce moment-là j’ai senti un poids en moins, j’ai donc compris qu’il était temps de retirer ce poids en plus.

J’ai donc consulté une psychologue et une sexologue. C’est cette deuxième qui m’a le plus aidée, elle m’a rassurée sur le fait de pouvoir un jour avoir un bébé.

C’est une sexologue sage-femme, son expertise était donc plus facile à écouter que celle de la psychologue qui, bien que très agréable, ne pouvait pas me rassurer sur des points purement biologique.

Elle m’a donné des exercices pour rééduquer mon périnée et maintenant ça va mieux. Tout n’est pas encore parfait mais j’ai beaucoup moins de douleurs et je me réconcilie petit à petit avec mon corps.

Mon point de vue sur l’IVG après mon expérience

J’ai pendant pas mal de temps détesté l’IVG, mais je ne pouvais pas me résoudre à me dire que c’était ce choix qui était la cause du problème.

Cette « grossesse » tombait mal, je suis encore étudiante, nous habitions en coloc, et puis nous n’avions tout simplement pas envie d’un enfant pour le moment.

Si je mets ces guillemets autour de ce mot c’est bien parce que pour moi je ne considère pas avoir vécu une grossesse. En effet, des cellules ont commencé à se développer dans mon utérus mais c’est tout.

J’ai mis du temps à me le faire comprendre mais maintenant je suis en paix avec ce point-là.

Après avoir retourné le problème dans tous les sens j’ai compris que mon problème ne venait pas de l’IVG en elle-même mais du personnel du centre. Cela dit, je pense même que ce n’est pas entièrement de leur faute.

Il n’y a qu’un centre dans ma ville, ces gens doivent gérer beaucoup de cas en une seule journée, c’est un peu à la chaîne et j’imagine que pour tenir la cadence on ne peut pas passer une heure à expliquer tout à chaque patiente.

Ma conclusion est donc qu’il faut donner plus de moyens aux centres d’IVG pour qu’ils ne traitent pas les gens comme de simples numéros !

À lire aussi : Des femmes témoignent des violences gynécologiques et obstétricales

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Les Commentaires

22
Avatar de Nastja
25 septembre 2019 à 01h09
Nastja
@jjul Supposée comme tu dis mais bon rien ne m'empêche d'aller faire un stock et de les revendre sur le marché noir. C'est un peu le double standard qui me saoule.
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Voir les 22 commentaires

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