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Panique autour de la pilule contraceptive : le point avec des expertes

J’arrête la pilule est un ouvrage à charge contre la pilule contraceptive, accusée de causer de nombreux décès. De quoi donner de belles sueurs froides aux personnes qui l’utilisent ! Mais est-elle si dangereuse que ça ?

Ce week-end, vous avez peut-être vu tourner une vidéo publiée par le média BRUT : une interview de l’auteure du livre J’arrête la pilule, Sabrina Debusquat. Et peut-être même que vous avez entendu parler de ce livre ailleurs.

https://twitter.com/brutofficiel/status/906048973802094592?ref_src=twsrc%5Etfw&ref_url=http%3A%2F%2Flacoupedhygie.fr%2Findex.php%2F2017%2F09%2F10%2Fpostverite%2F

J’ai regardé le site de l’auteure, qui explique sa démarche au regard de la pilule, les questionnements auxquels elle a fait face comme beaucoup de jeunes femmes aujourd’hui, et son enquête ayant duré un an pour trouver des réponses.

Elle y explique globalement que la pilule serait dangereuse pour la santé des femmes car elle favoriserait le cancer du sein, les embolies pulmonaires, les AVC. Selon elle, de nombreuses femmes décèdent des « effets secondaires » de la pilule chaque année.

J’ai aussi lu plusieurs publications qui remettaient son enquête en question comme par exemple cet article du blogueur La coupe d’hygie.

Sur sa page Facebook, Martin Winckler a également fait une mise au point affirmant qu’il avait finalement refusé de préfacer le livre, auquel il était pourtant associé en tant que conseiller technique au départ :

« Les raisons sont simples : je ne suis pas d’accord avec sa position (« La pilule, c’est le mal ») ni avec son attitude, qui tend essentiellement à mettre toutes les contraceptions hormonales dans le même panier et à disqualifier ou inquiéter les femmes qui les utilisent.

Et encore moins avec ses raccourcis (qui font fi de la réalité scientifique). »

À lire aussi : Martin Winckler parle des examens gynécologiques dans sa dernière vidéo

Pourquoi se questionner sur la pilule ?

Il est pourtant vrai que la prise de la pilule génère chez certaines femmes des questions. Sabrina Debusquat énumère les suivantes, celles qu’elle s’est posée, sur son blog :

« Comment fonctionne la pilule exactement ? Qui l’a inventée ? Est-elle dangereuse pour la santé et l’environnement ?

Pourquoi sommes-nous si nombreuses à ressentir une baisse de désir suite à sa prise alors que nos médecins disent « c’est dans vos têtes » ? Existe-t-il d’autres solutions aussi efficaces et simples d’emploi ?

Et puis… Pourquoi la pilule pour homme n’existe pas encore ? Quels sont les espoirs pour la contraception du futur ? Comment faire face aux effets secondaires post-pilule ? »

Sophie Riche, sur sa chaîne Youtube, a fait une vidéo au moment où elle a arrêté la pilule, pour expliquer pourquoi, comment, et les effets que ça avait eu sur elle.

Se questionner sur la pilule n’est donc pas illégitime : c’est plutôt sain de savoir comment marche ce qu’on met dans notre corps !

Et la contraception masculine n’avance en effet pas très vite.

À lire aussi : Où en est le Vasalgel, le futur de la contraception masculine ?

J’arrête la pilule, un livre alarmiste ?

En regardant cette vidéo sur BRUT et en lisant un peu ce qu’avance Sabrina Debusquat, j’ai ressenti un petit malaise.

Comme l’impression que la pilule oestroprogestative, dont elle parle dans son interview, est le diable en personne et que quiconque la prend est susceptible d’en mourir sous peu. La première phrase de cette interview, c’est tout de même celle-ci :

« Aujourd’hui, on a plus de femmes qui vont décéder à cause de leur pilule chaque année qu’à cause de violences conjugales. »

Or, les violences conjugales, c’est une femme qui en meurt tous les trois jours. Cette affirmation, si l’on s’y arrête, donne clairement envie de jeter ses plaquettes au plus vite.

Alors pour m’éviter une crise de panique inutile, j’ai contacté des professionnelles de la santé pour leur poser les questions que cette vidéo a fait naître dans mon esprit.

La pilule tue-t-elle plus de femmes que les violences conjugales ?

Ce chiffre lui-même a été admis comme étant faux par Sabrina Debusquat, suite à une erreur de calcul et d’interprétation, erreur qu’elle corrige dans son blog dans une partie sur les modifications qui seront apportées à la seconde édition du livre.

Danielle Gaudry, gynécologue et militante féministe de longue date, m’a livré son interprétation :

« On ne peut pas comparer la pilule à un danger comme les violences conjugales.

J’ai vu des complications exceptionnelles, j’ai vu des femmes qui ne supportaient pas telle ou telle pilule, ou la contraception hormonale en général : il faut les entendre, ça ne convient certainement pas à toutes les personnes.

Mais la pilule ne tue pas une femme tous les trois jours. »

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Quel est le lien entre pilule et cancer du sein ?

Ce chiffre était avancé sur la base du nombre de décès dus à un cancer du sein qui serait lié à la pilule, selon des estimations faites par Sabrina Debusquat.

Et au-delà de la comparaison alarmante, on est en droit de s’interroger sur ce lien. Véronique Sehier, co-présidente du Planning Familial, admet que le questionnement est légitime :

« On peut trouver des informations contradictoires sur le sujet, des études qui disent une chose puis l’autre…

D’où l’importance de réaliser des études indépendantes et de donner un accès plus large à l’information sur la contraception. »

Cependant, comme elle, Danielle Gaudry rappelle un fait :

« On a des études qui montrent le contraire : les produits contenus dans la pilule à certaines doses sont classés comme produits cancérogènes de catégorie 1.

Par contre, le nombre de cas de cancers du sein des femmes ayant pris la pilule ne montrent pas une augmentation incidente. C’est très faible comme chiffre.

Et il faut dire aussi que la pilule évite les cancers de l’ovaire et réduirait aussi le nombre de cancers du côlon. Donc à ne montrer que les risques et non pas les bénéfices, on tronque la vérité. »

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Contre-indications ou effets secondaires de la pilule

Cela ne signifie pas que la pilule soit adaptée à tout le monde pour autant. Danielle Gaudry précise qu’il existe bien des contres-indications pour certaines personnes :

« Concernant la pilule oestroprogestative, selon les dosages et types de progestatifs il existe des contre-indications absolues.

Par exemple les problème de coagulation avec des antécédents de phlébite personnelle ou répétées dans la famille, antécédents d’AVC, diabète compliqué, cancer du sein, hypertension…

À propos de la pilule avec seulement un progestatif, il y a très peu de contre-indications : une phlébite en cours, l’acné majeure, mais ce ne sont que des contre-indications rares. »

Elle précise aussi qu’il faut bien faire la différence entre une contre-indication stricte comme celles-ci, et des effets secondaires indésirables qui peuvent toucher certaines personnes :

« En termes d’effets secondaires, on peut avoir mal au sein, des saignements intermittents, des maux de tête, une reprise d’acnée, une prise de poids…

Là, il faut être à l’écoute quand on reçoit une femme en consultation et à partir de là adapter, discuter avec elle de ce qu’elles ont d’abord envie de faire, et puis les conseiller. »

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Savoir s’écouter et se faire entendre lorsqu’une contraception ne convient pas

La pilule n’est donc pas foncièrement dangereuse si on respecte les contre-indications ! Encore faut-il en être informées correctement, d’où les attentes de Véronique Sehier en matière d’information :

« Ça nécessite plusieurs choses : le renforcement de la formation médicale et paramédicale, mais aussi des campagnes régulières d’informations sur la contraception, qu’on donne le numéro vert national : sexualité contraception IVG… »

À lire aussi : Tu vois des pubs anti-IVG sur Facebook ? Ce n’est pas un hasard

L’important, pour ces deux professionnelles, est de rappeler qu’une contraception ne fera jamais l’unanimité ! Danielle Gaudry explique :

« Il n’y a pas de contraception idéale convenant à tout le monde : chaque individu a des réactions et des besoins différents. Il faut l’admettre, l’entendre, et à partir de là choisir un mode de contraception adapté. »

Véronique Sehier complète :

« Cela implique de prendre le temps d’écouter la demande de la patiente, d’expliquer bien l’ensemble des méthodes, de rappeler que si l’une ne convient pas on peut en changer ! »

Car effectivement, il y a bien d’autres méthodes que la pilule ou le stérilet.

Autour de la contraception et des différentes options

Pour t’informer davantage sur les différents moyens de contraception existants, tu peux appeler le n° vert « Sexualités, contraception, IVG » évoqué plus tôt : 0800 08 11 11.

Tu peux aussi consulter le site du gouvernement, Choisir Sa Contraception.

Il y a aussi quantité de ressources sur madmoiZelle :

J’en profite pour vous demander si vous pensez à d’autres idées reçues (ou pas) que vous aimeriez voire vérifiées sur la contraception ? Dites-moi tout en commentaires !


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Les Commentaires

35
Avatar de cecile0187
12 avril 2019 à 19h04
cecile0187
Je suis un peu scandalisée du succès que cette nana a : elle fait quand même des conférences avec le professeur Joyeux, qui est ouvertement un anti-pilule, anti-IVG et anti-vaccins. Du coup, je ne suis pas franchement certaine de ses motivations !
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Voir les 35 commentaires

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