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Le Planning Familial & vous — Témoignages

Le Planning Familial aide de nombreuses personnes depuis maintenant des années. Des madmoiZelles témoignent sur tout ce qu’il leur a apporté, tout le soutien, les renseignements et les aides dont elles ont ainsi pu bénéficier.
Ce 4 avril 2017, on apprend avec tristesse le décès d’Evelyne Sullerot, sociologue, féministe et co-fondatrice du Planning Familial. Elle s’est éteinte des suites d’un cancer à l’âge de 92 ans.

L’occasion de remettre en avant cet article rappelant que le Planning Familial est encore et toujours aussi utile que nécessaire.

— Publié le 4 décembre 2015

*Certains prénoms ont été modifiés.

Les madmoiZelles ont témoigné en masse pour raconter tout ce que le Planning Familial a fait pour elles, et à quel point sa présence et ses actions sont indispensables.

Une contraception anonyme et adaptée pour tou•te•s

Les débuts de la vie sexuelle se font parfois à l’insu de sa famille, par pudeur ou par « obligation». Et pour une vie sexuelle saine et sereine, les madmoiZelles ont plébiscité le Planning Familial.

A., 16 ans, avait besoin d’une contraception mais ne pouvait pas en parler à ses parents. C’est au Planning qu’elle a obtenu les informations qui lui manquaient, une contraception adaptée ainsi qu’un suivi sérieux :

« J’y suis allée pour la première fois en juin dernier, juste avant mon anniversaire.

Cela faisait alors quatre mois que j’étais sexuellement active, et il y avait déjà eu deux craquements de préservatifs qui m’avaient conduite à ingérer deux pilules du lendemain. Mon cycle a été complètement foutu en l’air, j’ai eu deux fois deux semaines de stress, deux tests de grossesse (négatifs, heureusement !)…

Je ne voulais plus vivre cette angoisse, donc j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai appelé le Planning pour prendre un rendez-vous.

En effet, venant d’une famille très catholique et conservatrice, il était hors de question d’en parler à ma mère, mon père ou ma sœur, et aller consulter un gynéco « classique » me semblait compliqué.

J’avais un emploi du temps très chargé mais la standardiste s’est débrouillée pour trouver un créneau convenable.

J’ai donc eu une première consultation pendant laquelle j’ai discuté avec la gynéco de mes antécédents familiaux, de ce que je voulais (j’aurais préféré quelque chose de non-hormonal, mais le DIU au cuivre n’étant pas une très bonne idée pour les règles abondantes ce fut finalement un stérilet hormonal) et des tests à faire.

Mon copain suivait tout ça d’un œil attentif mais lointain : je suis allée seule au planning, j’ai fait le dépistage seule et j’ai failli m’évanouir seule dans le métro (la pose en elle-même s’est bien passée, mais sur le chemin du retour la douleur était horrible).

À lire aussi : Petites galères et grandes joies : le DIU (« stérilet ») raconté par 12 lectrices

Un mois et demi plus tard, j’ai à nouveau eu des contractions et les fils me semblaient dépasser plus que d’habitude ; j’y suis donc retournée pour une vérification.

Il y avait une discussion en groupe avant, et elle m’a appris plusieurs choses, notamment sur le diaphragme ou sur la prise de pilule en continu. La bonne ambiance et l’absence de tabous qui y régnaient m’ont beaucoup plu.

Après un peu d’attente et un examen, le médecin (la même que la dernière fois) a confirmé que le stérilet n’était plus en place. Elle me l’a alors enlevé et m’a demandé si j’avais eu des rapports non protégés depuis, ce par quoi je souhaitais remplacer le stérilet…

J’ai choisi un implant pour ne pas repasser par la période pénible post-pose, et parce que son efficacité ne dépend pas de ma volonté (têtes en l’air de tous les pays, unissez-vous !).

Petit instant frime : au moment de partir, elle m’a demandé comment j’allais régler avant d’ajouter :

 Ah oui, c’est gratuit pour vous, c’est vrai ; vous êtes tellement responsable que j’en oublie que vous êtes mineure !

À part un gros bleu qui a duré trois semaines et de légers saignements pendant à peu près la même durée, aucun désagrément à signaler ; je ne retournerai donc pas au Planning avant la fin de l’année pour la consultation de routine qui a été prévue, et c’est presque avec joie que j’irai tant l’accueil et l’équipe sont au top. »

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Le Planning familial accueille gratuitement et anonymement les mineures, un point souligné et loué par de nombreuses madmoiZelles. Elles y ont trouvé un accueil et de quoi vivre leur sexualité sereinement sans jugement.

Alicia frémit par exemple à l’idée de la disparition du Planning, tant elle a peur de ce qui aurait pu lui arriver s’il n’avait pas existé…

«  Il a été le seul moyen de me procurer une contraception… Quand j’avais 15 ans, ma mère refusait que je prenne la pilule et je n’avais pas envie d’aller seule chez le médecin parce qu’à l’époque je n’avais pas les moyens de payer la consultation.

Du coup le Planning m’a été fort utile étant donné que j’ai pu y obtenir la pilule de façon gratuite et anonyme. En plus ils m’en ont donné une mini dosée, c’était parfait pour moi.

Si le Planning Familial n’existait pas, j’aurais peut-être eu recours à la méthode du retrait et je me serais peut-être retrouvée enceinte avec pour seule issue l’avortement…

Ou alors j’aurais été plus raisonnable et que je m’en serais tenue au préservatif, mais là encore je ne sais même pas si cela aurait été possible pour des lycéen•ne•s sans moyens financiers comme nous quand on voit le prix des paquets.

Le Planning permet aux ados de vivre leur sexualité sans avoir à demander la permission à leurs parents, qui ne devraient d’ailleurs pas avoir leur mot à dire étant donné que cela relève de l’intimité de leur enfant et non de la leur…

Mais bon, faute de changer leur mentalité, autant permettre aux ados dans le même cas que moi auparavant d’accéder à la fois à des infos sur la contraception ainsi qu’à la contraception en elle-même. »

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La famille d’Alice n’était pas foncièrement opposée à ce qu’elle ait une vie sexuelle, mais elle a du mal à parler de ces sujets-là avec eux. Le Planning était donc pour elle aussi la seule façon d’obtenir une prescription :

« Dans ma famille on s’entend très bien, mais j’ai toujours eu du mal à parler de choses très personnelles et intimes à ma mère ou même avec ma soeur…

Du coup quand j’ai eu mon premier vrai copain, une relation sérieuse avec des rapports fréquents, je me suis dit que c’était le moment de passer à un moyen de contraception autre que le préservatif.

Je venais d’arriver dans une ville inconnue pour mes études, je ne connaissais aucun bon médecin et encore moins un gynéco — d’ailleurs je n’en avais jamais consulté et j’appréhendais énormément ce premier passage.

J’ai bien tenté d’en voir un mais les seuls créneaux étaient dans des mois avec des médecins que je ne connaissais pas et dont personne ne pouvait me dire s’ils étaient bien ou non.

Il était impossible de consulter un gynéco rapidement, certains cabinet me répondaient que si je n’étais pas déjà cliente je n’aurais même jamais de rendez-vous… skins-jal

Sacrée galère.

En solution de repli je suis allée un peu au hasard chez une généraliste pour qu’elle me prescrive une pilule. Le courant n’est pas très bien passé, la docteur portait un regard que j’ai ressenti comme accusateur sur moi.

Je n’y connaissais pas grand chose et elle n’a pas vraiment pris le temps de m’expliquer comment la pilule fonctionnait.

J’ai fait une prise de sang et pris cette pilule pendant quelques mois, mais je sentais ses effets négatifs sur mon corps et mon humeur. Et surtout, il y avait cette sensation au fond de moi me disant ce n’était pas fait pour moi, ainsi que la peur certes bizarre que ça ne soit pas efficace.

J’ai décidé d’arrêter et ai repris les préservatifs avec mon copain… pas top. »

Et puis Alice a refait des recherches, et c’est là qu’elle a appris l’existence du Planning Familial.

«  Je n’ai pas eu besoin d’attendre un rendez-vous 150 ans, je n’ai pas attendu sur place et c’était gratuit !

Et puis je suis tombée sur une équipe géniale, des personnes à l’écoute qui ont répondu à toutes mes questions sans me juger, qui m’ont montré les choses, me les ont expliquées et ont surtout pris le temps pour tout cela.

Cela m’a appris à dédramatiser l’expérience gynéco que j’appréhendais tant.

Quand je leur ai expliqué mes envies et besoins sur ma contraception, elles m’ont proposé des moyens adaptés à mes attentes et notamment le stérilet. En m’expliquant que oui, les femmes qui n’ont pas eu d’enfants peuvent en avoir.

Je pensais aussi que je devrais passer par la case hôpital ou autre pour pouvoir me le faire poser mais en fait non, parce que l’une des deux personnes était qualifiée pour pouvoir me le faire sur place. Génial !

Je suis aussi passée par la case prise de sang, et elles en ont profité pour me proposer un dépistage en m’expliquant pourquoi c’était important. Une semaine plus tard, j’y suis retournée afin que la gynéco me pose le stérilet.

Je suis ressortie avec un moyen de contraception qui me convient parfaitement, j’ai parlé de cet endroit à toutes mes copines en leur disant d’oublier leurs a priori sur le Planning et que les équipes qui y travaillent sont plus que des médecins.

Ce sont vraiment des personnes formées à l’écoute qui prennent le temps de répondre aux questions.

Depuis, j’y suis retournée deux fois pour du suivi. Ce passage chez le Planning a vraiment marqué un tournant dans ma relation avec mon copain, dans la connaissance de mon corps et de mon rapport avec la dimension gynéco. »

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C’est le cas de nombreuses autres madmoiZelles qui ont témoigné de leur expérience avec le Planning, comme Louise :

« L’anonymat, la facilité d’accès et les informations neutres qui y sont données font de ce lieu un endroit sain vers lequel on sait que l’on peut de tourner en cas de problème.

Le Planning Familial a été pour moi un endroit où je me sentais simplement en sécurité et libre de faire mes choix, ça m’a vraiment fait du bien. Je ne peux qu’espérer que cette institution soit maintenue, pour nos filles, pour nous, pour tout le monde. »

LeReilly se souvient des réponses et du soutien du Planning face aux peurs qu’il avait eues avec sa copine lors d’un retard de règles :

« J’avais 18 ans.

La fille avec qui j’étais avait du retard, plusieurs semaines. Elle n’osait pas prendre un test en pharmacie, avait peur de faire la démarche, de ne pas avoir les réponses à ses questions si jamais le test s’avérait positif. Aller au planning s’est imposé à nous assez vite.

Je l’ai accompagnée jusqu’à une petite structure planquée entre deux barres d’immeubles. Un endroit improbable et compliqué à trouver. Elle a préféré que j’attende dehors, je me suis trouvé un banc.

Je me souviens qu’elle est ressortie soulagée. La personne qui l’a reçue lui a donné un test de grossesse gratuit, lui a redonné toutes les informations sur son cycle et les variables qui peuvent influer sur le retard des règles.

Elle n’était finalement pas enceinte, mais le Planning nous aura clairement apporté une grande partie des réponses que nous ne trouvions pas ailleurs. L’accueil était professionnel, chaleureux et très humain.

Il s’agit là de mon unique souvenir personnel du Planning, en grande partie par procuration… mais il reste incroyablement positif. »

Ce cas n’est pas isolé, car le Planning est un modèle d’éducation sexuelle — sinon l’unique support d’une éducation sexuelle digne de ce nom.

Une vraie éducation sexuelle, dans les établissements scolaires comme en dehors

C’est le Planning qui a fait l’éducation sexuelle de Fluffy Shark, d’abord au collège puis dans un centre :

« La première fois que j’ai entendu parler du Planning Familial, c’est quand une de ses équipes est venue faire une intervention dans ma classe au collège.

On a eu droit à des explications sur les rapports hétérosexuels, et sur l’importance de se protéger. On devait avoir peut-être 13 ou 14 ans et c’était la première fois que j’entendais parler du préservatif.

Par la suite je n’ai pas eu besoin de leurs services avant 2014 !

Je devais passer à une nouvelle pilule pour éviter des douleurs atroces et un cycle très très instable. C’est en lisant une plaquette du Planning à propos des modes de contraception que j’ai appris qu’ils posaient l’implant contraceptif.

Je garde un bon souvenir du Planning, même avec la douleur de la pose. La salle d’attente était super confortable et pleine de messages positifs sur le corps, sur la sexualité (hétéro ou non).

Je sais que, jusqu’au bout de mes droits, j’irai au Planning. Parce que je sais que je vais y trouver des gens prêts à écouter ce que j’ai à dire, qui ne vont pas me juger sur ma sexualité ou sur son absence. »

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Esther est également très reconnaissante au Planning pour les explications qu’il lui a apportées :

« Si je ne suis pas une habituée du Planning Familial, c’est grâce à lui. C’est parce que lorsque j’avais 14 ans environ, on m’y a emmenée, avec toute ma classe de collégiens et collégiennes, et qu’on nous y a expliqué la sexualité.

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Je me souviens en avoir appris sur le préservatif, plus que ce que j’avais appris en cours de SVT ; je me souviens qu’on m’a parlé d’implant contraceptif et que j’ai même pu palper un faux bras pour voir à quoi cela ressemblait une fois sous la peau.

Je me souviens qu’on m’a expliqué ce qu’étaient les maladies sexuellement transmissibles, comment et pourquoi il fallait absolument se protéger.

On m’a dit que si j’avais besoin de me faire tester je pouvais demander de l’aide, que si je tombais enceinte on serait là pour m’accompagner quelle que soit ma décision, mais que pour éviter ça il ne fallait pas hésiter à s’informer avant, pour parler contraception.

Alors non, je n’ai jamais réellement eu à faire au Planning Familial. Car le complément d’éducation sexuelle que j’y ai reçu et forcément un peu de chance m’ont permis de vivre une sexualité épanouie dès le début. »

Quand Aurore était lycéenne, elle a été chercher une contraception au Planning, et travaille maintenant en étroite collaboration avec la structure.

« J’ai été au Planning Familial alors que j’étais au lycée. Je sortais avec mon premier petit copain sérieux et on envisageait d’aller plus loin (entendez avoir des rapports sexuels).

Après quelques rapports avec préservatifs, ça ne nous a rapidement plus convenu. Nous voulions le faire « sans rien » ! Comme mes relations avec mes parents n’étaient pas au mieux concernant cette relation, je ne pouvais pas vraiment me tourner vers eux.

C’est une copine qui m’a conseillé d’aller au Planning. J’ai pris rendez-vous et ai été très bien reçue.

Après un premier entretien avec une conseillère, j’ai vu une gynécologue qui m’a auscultée très doucement et m’a prescrit la pilule que j’ai pu avoir gratuitement !

Cette visite est restée gravée dans ma mémoire, et ça fait déjà 11 ans. Je me rappelle l’absence de jugement de ces femmes et les informations très précises que j’ai pu avoir.

Aujourd’hui je suis travailleuse sociale dans une association qui accompagne des femmes victimes de violences, et j’oriente régulièrement des gens vers le Planning Familial ; je suis régulièrement en lien avec eux. J’apprécie leur positionnement et leur accompagnement !

En effet, avec leur aide j’ai pu accompagner des femmes vers l’avortement ou faire toutes les démarches qui prennent beaucoup de temps et voir la femme changer d’avis au dernier moment (alors que le Planning avait payé un voyage aux Pays Bas, la femme ayant dépassé le délai légal français) sans que cela ne pose aucun problème, le plus important étant que les concernées puissent faire leur choix le plus librement possible ! »

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Noémie a elle aussi souligné l’accompagnement des professionnels effectué par le Planning Familial :

« Quand j’ai passé mon diplôme de puéricultrice, je les ai contactés pour mettre en place un cours d’éducation sexuelle auprès d’élèves de troisième.

Très à l’écoute, les personnes que nous avons rencontrées nous ont donné des conseils au top sur comment nous positionner, ainsi que des plaquettes adaptées, des préservatifs masculins et féminins et pleins d’idées pour aborder tous les points dont nous voulions parler ! »

Parangon, étudiante en cinquième année de médecine, a vu le Planning de l’intérieur :

« J’y suis allée plusieurs fois étant ado, tant pour moi que pour des amies, avec à chaque fois un accueil chaleureux, sans jugement, des explications claires et adaptées, vraiment un service génial.

Puis l’été dernier est venu le temps de mon stage en gynéco. Le Planning Familial n’était pas un « vrai » terrain de stage, absolument pas obligatoire contrairement aux urgences gynécologiques ou au bloc opératoire, mais j’ai souhaité y passer.

Déjà parce que j’adore les consultations et tout ce qui tourne autour de la contraception, ensuite pour me retrouver de l’autre côté du décor, et rendre un peu le service que j’ai reçu étant plus jeune.

Je me suis donc retrouvée un lundi matin dans le bureau du vieux médecin chargé des IVG.

Au début, je me suis demandé quel serait son rapport avec les jeunes femmes venant parler de problèmes intimes. Et puis j’ai découvert un médecin capable de soigner, de proposer des solutions adaptées aux problèmes et aux demandes des patientes, sans jamais émettre le moindre jugement de valeur, sans jamais être paternaliste, sans dire « elle me demande la pilule mais je vais décider de lui mettre un implant, au moins elle ne viendra pas avorter », sans jamais mettre en doute ce que lui racontaient les femmes, leur ressenti.

J’ai fait des dizaines de consultations, donné des dizaines de Cytotec — le fameux comprimé qui induit les contractions de l’utérus pour expulser l’oeuf non désiré. À chaque fois c’était une histoire différente.

Effectivement j’ai vu des ados peut-être un peu inconscientes, mais surtout mal renseignées.

Et surtout, j’ai essentiellement vu des femmes lambdas, des échecs de la contraception, des retours de couches non prévus, une femme dont le premier enfant avait un cancer et qui ne pouvait se permettre d’être enceinte de nouveau… bref, autant de situations que de femmes, de tous les âges, de tous les milieux sociaux.

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Certaines ont eu besoin du délai de réflexion, d’autre non. Certaines ont voulu parler à la psychologue, d’autres non. Certaines étaient totalement sûres d’elles avant même d’arriver dans le bureau, d’autres ont changé d’avis alors qu’elles avaient le comprimé dans la main.

Toutes ont eu le choix. Toutes ont eu la liberté de choisir. Toutes ont eu la liberté de mettre ce choix en oeuvre.

Mais au-delà de l’IVG, le planning familial, c’est aussi de jeunes couples venant se faire dépister pour arrêter la capote. Une jeune femme timide qui vient demander une contraception. Cette bande d’adolescentes qui gloussent devant des dessins de vagins mais repartent en sachant comment se protéger.

Une mère paniquée qui amène sa fille de 14 ans venant d’avoir son premier rapport, et qui ne sait pas comment gérer la situation…

C’est expliquer, encore et toujours, le corps humain, la contraception, les différentes méthodes, les avantages, les inconvénients, le choix.

C’est un service gratuit.

C’est cette secrétaire adorable, cette psychologue compréhensive, cette infirmière qui explique, encore et encore, avec des mots simples, ce vieux médecin dont le détachement et l’absence de jugement m’ont d’abord semblé déconcertants avant de comprendre enfin qu’il se mettait aux services de ces femmes en se mettant en retrait.

C’est une étape-clef de ma formation.

J’y ai appris des gestes techniques mais aussi une façon de penser, d’expliquer, d’exercer. Il est toujours tentant de décider pour ses patients, en pensant mieux savoir.

Ce passage au Planning m’a ramenée à une place de conseil et d’écoute. Dans la contraception encore plus qu’ailleurs, le médecin est là pour offrir ses compétences. La femme choisit ; c’est son corps, c’est à elle d’en disposer, et c’est à nous de l’aider, pas de décider.

C’est un service complémentaire des autres services de gynéco, et tout aussi indispensable que les urgences ou le bloc opératoire. »

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Et de nombreuses madmoiZelles ont évoqué le caractère indispensable du Planning au niveau des grossesses non désirées.

Grossesses non désirées et avortement : la liberté de choisir

Louise se souvient encore de sa détresse lorsqu’elle est tombée enceinte :

« J’avais 15 ans lorsque je me suis rendue compte que j’étais enceinte.

Toute seule, dans ma salle de bains, je regardais la petite croix bleue en pleurant silencieusement pour que mes parents ne m’entendent pas. Je n’avais fait l’amour que quelques fois dans ma vie, je ne pensais pas qu’une telle chose pouvait m’arriver, pas tout de suite, pas encore.

J’avais des souvenirs flous de cette soirée où mon copain n’avait pas mis de préservatif. Je n’étais pas sûre de ce qui s’était passé.

À 15 ans, on est vite assez éméchée pour ne pas se rendre compte de ce qui arrive. À 15 ans, on a le droit de faire une erreur.

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Je suis venue voir le Planning familial avec ma meilleure amie. Nous avions dû toutes les deux faire semblant d’être malades pour pouvoir y aller.

C’était un lundi matin. J’étais terrorisée. Je suis rentrée dans le local et j’ai attendu quelques minutes. Étant mineure, je ne pouvais pas passer en même temps que les autres femmes.

Une assistante sociale est venue s’occuper de moi assez vite. Sans me juger, elle m’a demandé ce que je voulais faire. Sans réponse préconçue, elle a calmé mes angoisses.

En aucun cas elle ne m’a poussée vers une solution ou une autre : elle m’a parlé de toutes les alternatives existantes pour que je prenne ma décision en connaissance de cause. J’avais pris ma décision à la seconde même où j’avais vu le résultat : je voulais avorter, je devais avorter, un point c’est tout.

Cette assistante sociale n’a jamais eu un ton moralisateur, à aucun moment elle ne m’a dit que j’avais fait une bêtise. Elle m’a traitée comme une égale, pas comme une enfant.

Issue d’un milieu assez catholique (ma mère est Irlandaise), j’étais terrorisée à l’idée que quelqu’un puisse apprendre que j’étais enceinte.

Je fréquentais un lycée privé confessionnel, et ce n’était pas le genre d’endroit où l’on avait des réunions d’information sur la contraception (sauf si dire à des jeunes de 15-16 ans totalement esclaves de leurs hormones que l’abstinence est le seul moyen de contraception valable constitue une information).

Encore aujourd’hui, je compte sur les doigts d’une main les ami•e•s venant de ce lycée à qui j’ai raconté ce qui m’est arrivé.

Le Planning m’a permis de ne pas avoir honte d’avorter. Aujourd’hui, on considère encore ce sujet comme tabou. La suppression, en 2014, du terme « situation de détresse » de la loi Veil ainsi que de la semaine de réflexion a fait un tollé dans certains milieux conservateurs.

On ne considère toujours pas que les femmes ont le droit de choisir. Il faudrait qu’elles soient dans une situation particulièrement difficile pour pouvoir avorter.

Et quand bien même leur situation serait difficile, elles devraient ressentir de la honte et de la culpabilité.

Le Planning Familial m’a fait comprendre que je n’avais pas à culpabiliser de… ne pas culpabiliser !

En avortant, j’ai pris la meilleure décision de ma vie, et aussi la plus responsable : je ne considère pas qu’il soit sain de faire un enfant quand on n’a pas les moyens ou l’envie de s’en occuper correctement. »

Et l’aide que le Planning lui a apporté a changé beaucoup de choses pour Louise.

« Le Planning Familial est l’association qui m’a fait m’engager en politique. Sa dimension militante pour la défense des droits des femmes est ce qui fait son identité.

Au-delà de l’aide ponctuelle qu’elle apporte aux femmes, c’est une association féministe et d’éducation populaire à la sexualité, qui milite contre la domination (consciente ou non) des hommes sur les femmes.

À part cette assistante sociale du Planning, personne ne s’est demandé pourquoi mon copain d’alors avait trouvé judicieux d’avoir une relation sexuelle avec moi sans que je sois assez sobre pour réellement consentir.

À part cette assistante sociale, personne ne m’a traitée comme un être humain dans le processus de l’IVG — entre cet échographiste qui m’a fait mal en enfonçant la sonde dans mon vagin, et ce médecin qui m’a prescrit une pilule avec un dédaigneux « Comme ça, ça vous évitera de revenir tous les trois mois comme les autres ».

Aujourd’hui j’ai encore du mal à raconter mon expérience, par peur du jugement des autres.

Je n’arrive pas à oublier le chantage abject qu’un garçon de mon lycée m’a fait lorsqu’il a appris par mon ex-copain ce qui était arrivé. Je n’arrive pas à oublier les paroles d’une de mes meilleures amies de l’université, qui me dit que « quand même, toutes ces filles qui avortent, elles devraient se rendre compte qu’elles tuent ce qui deviendrait des bébés ».

Et tous ces gens me rappellent pourquoi le Planning Familial est si important : parce qu’il lutte contre la culpabilisation des femmes, pour leur droit au choix.

Parce qu’il est l’une des associations féministes qui se battent contre la culture du viol, les inégalités femmes-hommes, pour le droit des femmes à profiter de leur sexualité sans être hantées par l’idée de tomber enceinte. »

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Si Aurélie est tombée sur des personnes moins agréables que ce qu’elle espérait, elle a quand même tenu à souligner l’importance du Planning familial qui lui a permis d’avorter à 27 ans :

« Après un début d’histoire fougueux et la pratique intensive du sexathlon, bim, ça a été le craquage de capote ! Prenant la pilule à cette époque, mon premier réflexe a été le dépistage d’IST, dont les résultats étaient négatifs. Et puis la fougue de cette histoire s’est tarie mais pas la taille de mes seins.

Cependant, comme je prenais la pilule, je n’ai même pas pensé à l’éventualité d’une grossesse.

Et puis un soir, j’ai fait une raclette avec des champignons (trop bon !), j’ai vomi comme jamais et il s’en est suivi une jolie hémorragie vaginale pas comme d’habitude.

Direction les urgences gynécologiques (je sais où aller comme je suis infirmière), où on m’a fait pisser dans un pot et faire une prise de sang avant de me féliciter : j’étais enceinte d’au moins deux mois ! Ah…

Une échographie a confirmé. Le médecin m’a donné des adresses de gynéco pour le suivi de cette grossesse. Le désir de cet enfant n’a pas été évoqué.

J’ai dû dire que je ne savais pas quoi faire. On m’a expliqué que la pilule c’était 99% d’efficacité, et que j’étais le 1% d’échec : sympa. Puis on m’a balancé un post-it avec le numéro du Planning Familial de l’hôpital.

Heureusement que j’ai été bien entourée par deux de mes amies pour cette démarche, car je n’ai pas été très bien entourée au Planning. »

Une expérience qui reste très isolée, tant d’autres filles ont souligné le soutien qu’on leur a apporté au Planning. C’est le cas de Fanny, qui s’est tournée vers le Planning quand elle est tombée enceinte malgré elle :

« Je n’oublierai jamais qu’à ce tournant de ma vie, à un moment précis et que j’aurai pu mal vivre, des gens simples et humains ont été là pour moi, pour que je puisse continuer ma vie comme je l’entendais. »

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Anaïs a 18 ans, et elle a découvert sa grossesse à treize semaines et quatre jours, très près des limites du délai de quatorze semaines après le premier jour des dernières règles. C’est grâce à la réactivité et l’efficacité du Planning qu’elle a pu avorter comme elle le souhaitait.

Charlotte est justement dans la situation d’une grossesse dont elle ne veut pas, et elle a fait les mêmes constats :

« Au moment où j’écris, je suis allée au Planning Familial hier pour la première fois, pour me faire accompagner dans ma demande d’IVG.

Si on trouve toutes sortes d’informations concernant la procédure d’IVG sur Internet, il me manquait un élément crucial : concrètement, maintenant que ça m’arrive, vers qui me tourner ?

Je trouve que les équipes ont tout simplement été formidables. Pas de jugement, des réponses très claires et un accompagnement efficace.

Concrètement, je suis allée dans le centre près de chez moi sur un créneau sans rendez-vous, après avoir appelé le matin-même. Nous étions plusieurs dans mon cas, peut-être six ou sept, tandis que d’autres étaient là pour d’autres raisons.

Nous avons été reçues dans une salle à part, afin d’expliquer notre situation et formuler notre demande. Nous étions en groupe, ce qui nous a intimidé au départ, mais finalement j’ai trouvé ça pas mal de voir que je n’étais pas seule dans ce cas.

Peut-être que les équipes n’ont pas le choix de nous recevoir une par une par manque de moyen ? En tout cas nous avons pu poser toutes nos questions, auxquelles on nous a répondu très clairement.

Ensuite est venu le moment de l’échographie (seule cette fois), à l’issue de laquelle le médecin a estimé le nombre de semaines d’aménorrhée, qui détermine la possibilité d’avoir ou non recours à l’IVG médicamenteuse.

Puis les équipes nous ont informées des démarches au cas par cas.

Dans mon cas, l’IVG médicamenteuse étant possible, j’ai choisi de la faire à mon domicile. Elles m’ont donc indiqué où je pourrais faire une prise de sang (obligatoire), et m’ont donné les coordonnées de plusieurs médecins qui pratiquent l’IVG médicamenteuse à proximité de chez moi.

Il y avait également la possibilité de prendre les premiers comprimés au planning-même, mais les créneaux horaires n’étaient pas compatibles avec mes horaires de travail.

Je vais donc prendre le premier comprimé (qui stoppe la grossesse) jeudi soir, chez le médecin, et le deuxième (qui provoque l’expulsion) samedi, chez moi.

Vraiment, j’ai trouvé ce centre très accueillant. »

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Et l’accueil et l’accompagnement du Planning Familial dépassent la dimension gynécologique et sexuelle.

Un accompagnement sans jugement pour toutes les situations

Des madmoiZelles ont témoigné de l’aide psychologique et sociale que le Planning leur a apporté. Camille raconte :

« J’ai grandi dans un milieu difficile, avec un père oppressif sur tous les domaines (physique, psychologique, sexuel, financier…) envers ma mère, mes soeurs et moi.

Le Planning Familial était une des seules aides sur lesquelles je pouvais compter. Au départ je m’y rendais pour bénéficier de consultations gynécologiques à tarif réduit et anonymes (c’était un sujet tabou à la maison, je ne pouvais compter que sur moi-même).

J’y ai rencontré une gynécologue qui m’auscultait, me prescrivait la pilule et me fournissait des préservatifs quand j’en demandais. Je continue à la consulter aujourd’hui dans son cabinet, elle est extrêmement compétente et m’a beaucoup rassurée par rapport à certaines questions que je me posais sur la sexualité.

C’est elle qui m’a conseillé de demander l’aide de l’un des psychologues du centre pour m’aider à me sortir de la situation difficile dans laquelle je me trouvais à la maison.

Les horaires étaient adaptés (à la sortie des cours, des séances suffisamment courtes pour passer inaperçues) et j’ai obtenu une réduction tarifaire en expliquant ma situation, ce qui rendait un suivi régulier possible avec mon petit argent de poche d’ado.

C’était également une personne très compétente, qui m’a donné de nombreux conseils et m’a aidée à tenir le coup.

Je me rendais parfois sur le temps de midi au Planning pendant mes journées de cours pour demander conseil (par exemple pour savoir à quelle protection ma mère aurait droit si elle quittait mon père).

Les membres du personnel m’ont régulièrement proposé une séance de médiation familiale avec mes parents et mes soeurs, encadrée par un conseiller juridique et un psychologue. Mon père n’aurait jamais accepté une telle démarche mais je trouvais l’idée intéressante et la proposition sympathique.

Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de me rendre au Planning, mais j’y ai été encadrée avec beaucoup de compréhension et d’humanité — ce dont je manquais cruellement à l’époque. »

Rebecca aussi a trouvé au Planning de sa ville un soutien psychologique inestimable :

« Vers l’âge de 13-15 ans, j’étais une ado très très malheureuse, et ce sans « raison » extérieure ; bien que je ne m’entendais pas avec mon père, je n’ai jamais été maltraitée, j’ai toujours eu une famille aimante. Je me suis scarifié le corps pendant plusieurs années, j’étais à la limite du suicide.

Ma meilleure amie me regardait d’un air désemparé à chaque fois que je lui parlais de ma souffrance, elle ne savait plus quoi faire.

Ma famille aussi s’inquiétait beaucoup pour moi : je leur promettais d’arrêter, mais au lieu de me scarifier les bras je le faisais sur des parties de mon corps qui n’étaient pas visibles (cuisses, ventre, poitrine).

C’était une drogue et je ne savais pas comment en sortir.

Ma meilleure amie me suppliait de me faire aider. Je parlais aussi régulièrement avec cette autre fille qui se scarifiait, et même elle me disait que j’allais trop loin.

Je ne sais plus comment cela s’est fait, mais un jour j’étais devant la psychologue du Planning, avec cette amie qui m’y avait emmenée.

Je suis ensuite allée voire la psychologue seule une fois par semaine, pendant presque un an. J’ai continué d’y retourner régulièrement, je prenais rendez-vous quand j’en avais besoin.

Et grâce à elle, je m’en suis sortie, j’ai arrêté de me mutiler ; j’étais mieux dans ma peau, j’ai vraiment sorti la tête de l’eau. Je peux le dire : aller voir cette psychologue m’a sauvé la vie.

Je l’ai vu de mes 14 ans à mes 22 ans, de façon de plus en plus espacée.

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En parallèle je voyais aussi la nutritionniste du Planning Familial. C’est elle qui a vraiment posé les bases d’une alimentation équilibrée, que je garde encore aujourd’hui.

Le Planning m’a accompagnée tout au long de ma jeunesse. Je n’avais aucune peur ni aucune gêne d’y aller, et le fait que c’était gratuit et anonyme me plaisait énormément.

Mes parents savaient que j’y allais, mais seulement pour la nutritionniste : je ne leur ai jamais dit que j’allais aussi voir la psy. Ils ont constaté que j’allais mieux et ne m’ont pas posé plus de questions.

Je ne sais pas comment je m’en serais sortie si je n’y avais pas été. Ils m’ont plus qu’accompagnée, je pense qu’ils ont fait de moi ce que je suis maintenant. »

À lire aussi : L’automutilation : témoignage et éclairage psychologique

Des guides pour bien vivre

Flo a tenu à raconter comment depuis des dizaines d’années, le Planning Familial aide aussi les naissances, est du côté de la vie pour la rendre la plus libre et épanouie que possible :

« On réduit parfois ces centres à l’avortement, mais ils sont bien plus que ça ! En tout cas c’est grâce à eux que ma sœur est là. Eh oui, il y a aussi des naissances grâce au Planning !

Mes parents se sont mariés en 1985. Ils habitaient déjà ensemble depuis un ou deux ans et voulaient des enfants. Après environ un an de tentatives, ils se sont rendus chez un médecin reconnu.

Après plusieurs visites il a décrété que ma mère était stérile.

Ma mère a voulu un autre avis. Manque de pot, l’autre médecin qu’elle a vu était la femme du précédent… Elle n’a fait aucun examen, a encaissé son chèque et a renvoyée ma mère vers le médecin n°1.

Par le bouche à oreille, mes parents ont fini par se rendre au Planning familial. Ma mère avait pris la pilule grâce à eux avant d’emménager avec mon père. Une médecin a évalué les cycles de ma mère, puis lui a donné la date à laquelle elle avait le plus de chance de tomber enceinte.

Quelques semaines plus tard, elle attendait ma sœur aînée.

Clem est née en 1987. Après sa naissance ma mère n’a plus pris de contraceptifs pendant quatre ans. En 1991 je suis née et ma mère a repris la pilule.

Son désir d’enfant l’obsédait, et en plus son entourage la questionnait souvent à ce sujet. Plus qu’un diagnostic, mes parents ont surtout pu être écoutés au Planning Familial. Ma mère est très nerveuse, ça a dû énormément l’aider. »

De la même façon, quand Marina s’est découverte enceinte à 16 ans, le Planning l’a accompagnée pour qu’elle puisse garder son enfant comme elle le souhaitait.

« J’avais 16 ans quand j’ai eu un doute. J’avais pris ma pilule en retard quelques fois car je devais la cacher avec des tas de stratagèmes à cause de la méfiance de ma famille.

Je suis naturellement allée au Planning Familial. Et là, bim… le gynéco m’a confirmé que j’étais bien enceinte. Le monde paraissait soudain bien différent.

J’ai eu la chance d’être à cet endroit, où j’ai tout de suite été prise en charge. Deux membres du personnel m’ont fait asseoir et m’ont immédiatement expliqué les choix que j’avais et comment la suite allait se passer selon mon choix.

Heureusement ! Si je m’étais contentée d’un simple test de grossesse j’aurais été seule… et encore plus paniquée. Là j’étais sous le choc mais informée.

J’ai vu mon copain, le lui ai annoncé. Il était heureux. Il avait 18 ans. Nous avons mis une semaine à choisir, mais forte des informations que j’avais eues, j’ai pu faire le choix en connaissance de cause.

Nous sommes aujourd’hui parents d’une magnifique fille.

Si c’était à refaire, je referais tout pareil, sans l’ombre d’une hésitation.

Le Planning nous a guidés à chaque étape. Pour tout. Nous avons reçu, son père et moi, un accompagnement psychologique. Des pistes pour toutes les démarches administratives.

Nous nous sommes installés dans un petit appartement à la naissance de notre enfant. J’ai fait de très longues études tout en travaillant à côté, ce qui me permettait de gagner un peu ma vie. Nous avons réussi au niveau professionnel.

Nous nous sommes construit une vie, sans l’aide de nos familles. Et ce, en grande partie grâce au Planning qui n’a jamais dramatisé la situation, se contentant de nous guider et d’être à l’écoute sans jamais faillir.

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Ils ont d’ailleurs suivi notre fille pour les examens médicaux quelques mois après sa naissance, toujours avec un mot gentil pour le papa et sa mère. Nous encourageant en nous disant que nous étions de bons parents, et que notre fille était un bébé heureux et parfaitement entouré.

Quand la totalité du monde vous regarde de travers quand vous êtes dans la rue avec une poussette, ça n’a vraiment pas de prix.

Le Planning est indispensable. Ils nous ont donné le bon départ dans notre aventure de vie. Et c’est en partie grâce à eux que nous avons réussi contre vents et marées à tenir, notamment dans les moments d’épuisement.

Élever un enfant tout en travaillant et faisant ses études n’est pas des plus aisé.. mais grâce à leurs conseils avisés et justes, nous savions que ça n’allait pas être facile, mais que ça serait beau. Et c’est ce qu’il s’est passé.  »

À lire aussi : Être maman et étudiante – Témoignage

En conclusion, le Planning Familial…

Sophie explique :

« Pour moi, le Planning Familial, c’est l’équivalent du coup de fil à un ami. Un ami qui serait calé pour répondre à toutes les questions que je me pose là tout de suite maintenant, par téléphone, sans délai.

J’y suis allée une première fois à 17 ans, quand j’ai voulu prendre la pilule. Et c’est le Planning Familial que j’ai appelé le jour où, à 23 ans, j’ai fait pipi sur un bâton qui a eu le mauvais goût de me répondre « positif » alors que ce n’était pas du tout ce que je voulais lire.

Parce qu’un lundi matin, même en étant informée, je ne savais pas du tout où je devais appeler pour pouvoir avorter !

Et quand tu ne sais pas, appelle Tatie Planning : on m’a donné des numéros de téléphone, on m’a rassurée et on m’a dit de surtout rappeler si aucun service ne pouvait me prendre, on m’a fait sentir que je n’étais pas toute seule. Et ça, ça fait un bien fou.

Finalement, le Planning, c’est juste deux moments de ma vie. Mais deux moments où tous les gens à qui j’ai eu affaire ont été parfaits, et où tout aurait été tellement plus compliqué s’ils n’avaient pas été là ! »

SallyVonHolle tient à remercier les personne qui font du Planning une structure si indispensable :

« Je voudrais les remercier pour tout le travail de dingue que ses salariés et bénévoles font tous les jours pour toutes les femmes ! Merci encore ! Vous êtes mes héros du quotidien ! »

Par conséquent, les élections qui arrivent font peur à nos madmoiZelles, à commencer par Cécile :

« J’habite en PACA et je suis donc concernée en premier plan par les mesures que veulent prendre le Front National et plus particulièrement Marion Maréchal-Le Pen. Et j’ai peur.

J’ai peur tout d’abord pour moi car je ne sais pas où j’irai en cas de besoin. J’ai peur pour les gentilles dames du Planning de ma petite ville de lycéenne qui n’auront peut-être pas assez d’argent pour pouvoir continuer à faire leur incroyable travail.

J’ai peur pour toutes celles et ceux qui ont ou auront l’âge que j’avais lorsque mes copines et moi avons eu besoin de leur aide et qui n’auront personne pour les aider ou simplement répondre à leurs questions.

Alors je vais aller voter ces deux dimanches, car ces gentilles dames du Planning m’ont énormément aidée, et maintenant, elles ont besoin de mon aide. »

C’est également l’intention de Louise :

« Dans les quelques jours qu’il reste avant les élections régionales du 6 et 13 décembre, j’irai parler à mes ami•e•s, ma famille, toutes mes connaissances du danger qu’une liste FN arrive à la tête d’une région, ce qui est très probable.

Parce que les droits des femmes ne sont jamais acquis, nous devons les défendre contre ceux qui veulent les renier. »

À lire aussi : Marion Maréchal-Le Pen refusera de subventionner les plannings familiaux si elle est élue en région PACA

– Un très grand merci à toutes les madmoiZelles qui ont témoigné !

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Les Commentaires

10
Avatar de melomania
5 avril 2017 à 00h04
melomania
Je me sens seule, car perso j'ai eu une très mauvaise expérience avec le Planning Familial... Ma première expérience d'abus sexuel de la part d'un médecin gynécologue, en fait. Juste
0
Voir les 10 commentaires

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