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Deux femmes asiatiques qui portent fièrement le drapeau arc-en-ciel de la communauté LGBT // Source : Ezrin Nazan de Ezrin Nazan
Société

Fratries queer : iels ne sont pas solo dans leur famille à être LGBT+

Si le cliché voudrait qu’il n’y ait qu’un seul enfant LGBTQIA+ dans une famille, la réalité est tout autre. Nombreux sont celles et ceux à être entourés de frères, soeurs, et adelphes queer comme eux, quitte à parfois être en majorité dans leur famille. Décryptage.

« Je pensais qu’on était la seule famille un peu chelou avec mon frère, genre deux enfants queer sur deux ça fait beaucoup, mais en vérité on est bien plus qu’on ne le pense », s’exclame Emma, jeune femme lesbienne, dont le frère est également gay, en apprenant le nombre de témoignages reçus à l’annonce de cet article. En effet, ce sont plus de 70 personnes qui nous ont raconté évoluer au sein d’une fratrie comprenant plusieurs adelphes (mot non-genré pour parler indifféremment de frère ou soeur) queer. Pour la sociologue de la famille Gabrielle Richard, aucune surprise :

« Nous n’avons aucune statistique pour définir la proportion de ce type de fratrie en France. Néanmoins, sur le plan de la recherche, si on recroise les études, les jeunes entre 15 et 24 ans sont plus susceptibles d’être LGBT+ que leur aînés. La logique veut donc que le phénomène de plusieurs enfants queer au sein d’une même famille ne fasse qu’augmenter au fil des années. »

Quand la foudre queer tape plusieurs fois dans la même famille

Est-ce plus compliqué, ou au contraire plus facile d’être plusieurs queer dans une même famille ? Pour beaucoup, tout dépend des parents. Elio, jeune personne non-binaire ayant deux frères gays témoigne :

« Le premier coming out a été passé sous silence, je l’ai fait en deuxième, ma mère ne l’a pas hyper bien pris, deux sur trois ça faisait beaucoup pour elle. Ensuite mon deuxième frère a fait son coming out et j’ai eu ma mère en pleurs au téléphone, disant que ‘trois enfants homo, c’est beaucoup à avaler’. »

Pour la sociologue Gabrielle Richard, la situation peut s’avérer effectivement compliqué dès le premier coming out :

« Dans notre société, nos institutions étant cis-hétéronormées, on suppose que tout le monde est par défaut cis hétéro. La famille ne fait pas exception. Les parents projettent que leur enfant le sera. Être queer, c’est déjà opérer une rupture. On suppose que cela n’arrivera qu’une seule fois au sein d’une même famille. »

Les réactions à l’annonce d’un deuxième coming out peuvent s’avérer bien plus complexes que l’on pense.

La sociologue Gabrielle Richard est l’autrice de l’essai Faire famille autrement, aux éditions Binge
La sociologue Gabrielle Richard est notamment l’autrice de l’essai Faire famille autrement, aux éditions Binge.

Un coming out à double tranchant pour celles et ceux qui suivent

On pourrait penser en premier lieu que des parents ayant déjà fait face au coming out d’un de leur enfant seraient plus informés et donc plus tolérants pour un deuxième. En réalité, ces coming out sont à double tranchant. « Quand mon frère a fait son coming out à la famille, je n’étais pas encore out. Je me suis directement dit ‘Mince, un pédé ça peut passer mais deux ça va être possible, les gens du village vont trop parler’ », relate Valentin, jeune homme gay.

No, qui est lesbienne avec des frères gays, s’est quant à elle demander si sa queerness venait vraiment d’elle ou si elle procédait peut-être d’une volonté d’imitation du reste de sa fratrie :

« Le plus dur, c’était le coming in (expression qui désigne la prise de conscience de sa propre homosexualité et/ou transidentité, ndlr), finalement. Tu crois que t’es lesbienne parce que tes frères sont gays et que c’est vraiment un truc, comme j’ai fait de l’italien parce que mon frère a fait italien. J’ai eu beaucoup de difficultés à accepter que t’as quand même le droit de ne pas être hétéro, même si tu viens te rajouter à la pile. »

Cette peur d’imiter son adelphe et donc de se sentir moins légitime est très fréquente. Si le coming out du premier s’est en plus mal passé, les suivants peuvent ressentir beaucoup de difficultés à faire l’annonce à leurs parents, décrypte Gabrielle Richard :

« On sait que les personnes qui cherchent à faire leur coming out sont à l’affût de signes d’ouverture. Ce qui est forcément parlant, c’est le coming out d’un·e adelphe et comment il a été perçu. On pourrait considérer que c’est un signe facilitateur. Hors, ce n’est pas souvent dans ces termes que ça se joue. Pour les second·es qui font leur coming out, il y a cette idée que ce n’est pas possible pour les parents qui aurait fait déjà l’expérience d’un enfant queer. On emploie des termes liés au deuil, ce qui est horrible, quand les parents font face au coming out d’un enfant, il y a une idée de rupture, de déchirure. Si c’est difficile pour un premier enfant, le deuxième viendrait appuyer sur cette rupture, ça peut s’avérer très compliqué. »

Heureusement, la solidarité est très souvent de mise entre frères, sœurs ou adelphes.

À lire aussi : Océan documente comment faire famille autrement, en dehors du schéma cishétéro

Une adelphité à toute épreuve

Avec deux enfants queer sur deux, voire plus, dans certaines familles, les questions LGBT+ font partie du quotidien, que les parents soient ouverts sur la question ou non. « C’est un plaisir que ma sœur évolue dans les mêmes cercles que moi, qu’on s’entende sur nos lectures et points de vue même si pas toujours. C’est aussi génial de pouvoir échanger sur nos deux expériences du lesbianisme qui varie par exemple avec l’âge ou le passing. C’est super enrichissant », détaille Charlotte, à propos de sa sœur lesbienne comme elle. Pédagogie auprès des parents, échanges sur des questions communautaires qui font du bien, sensation de ne pas être seul·e face à des proches homophobes : les avantages à avoir un adelphe queer dans sa famille font beaucoup de bien. À la sociologue Gabrielle Richard de conclure :

« Avec ce sujet, on est à cheval avec l’idée de la famille d’origine et la famille choisie. Si un adelphe fait son coming out, on peut se dire que certes, on a été élevé ensemble, mais que son frère / sœur / adelphe connaît aussi les mêmes dynamiques de doute. C’est la possibilité d’avoir un·e allié·e fort·e dans des contextes familiaux pas toujours évidents. »


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