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3 livres à ne pas manquer ce mois-ci ! // Source : Unsplash
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Coming out, grève du sexe, féminicides… 3 livres à ne pas manquer ce mois-ci !

Une fois par mois, Madmoizelle décrypte pour vous une sélection de livres à ne surtout pas manquer. Cette semaine, au programme : « 125 et des milliers », un splendide projet éditorial, porté par Sarah Barukh, qui rend un visage à 125 femmes victimes de féminicides, « Coming Out », par Elise Goldfarb et Julia Layani, recueil de témoignages extraits du podcast éponyme, et « La chair est triste » par Ovidie qui y raconte son cheminement vers une « grève du sexe » qu’elle mène depuis 4 ans. 

3 livres à lire absolument ce mois-ci

« 125 et des milliers » redonne autant de visages aux victimes de féminicides

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Impossible de lire ce texte d’une traite, tant on a le regard brouillé par les larmes. Et la colère. 125 et des milliers (Harper Collins) conçu et dirigé par la romancière Sarah Barukh, rassemble les textes de 125 personnalités – Julie Gayet, Delphine Horvilleur, Leïla Slimani, Andréa Bescond, Virginie Grimaldi, Marlène Schiappa… – racontant 125 victimes de féminicides.

125, comme le nombre de féminicides à déplorer chaque année. Soit une femme tuée par son partenaire tous les 2,5 jours. Derrière ces chiffres, dont on scrute, nauséeuse, le décompte semaine après semaine – 35 féminicides à date -, il y a des vies et des familles brisées. Des femmes aux parcours et rêves différents dont on découvre les histoires avec ce livre hommage.

Celle de Chloé Solari, – racontée par Agnès Martin-Lugand -, enceinte de 8 mois, assassinée de 5 balles le 4 août 2019 par son ex-conjoint alors qu’elle venait récupérer chez lui leur fils de 8 ans. Se sentant menacée, elle avait sollicité ce jour-là l’aide de la police. Refus.

Celle de Shaïna Hansye, 15 ans – racontée par Myriam Levain – poignardée à mort le 25 octobre 2019, par son petit ami qui a ensuite brûlé son corps. Celle de Yasemin Cetindag – racontée par Anne Révah -, étranglée et poignardée le 23 décembre 2020 par son ex-conjoint contre qui elle avait porté plainte pour menaces de mort réitérées et qui avait écopé d’un simple rappel à la loi.

En parallèle de ces portraits, on suit le cheminement de la porteuse de ce projet, Sarah Barukh, qui fut elle-même victime de violences conjugales.  Son récit, découpé en plusieurs chapitres, mais aussi les entretiens qu’elle a menés avec de nombreux experts – juge, psychiatre, policière, avocate, philosophe… – ponctuent ce recueil et invitent à une réflexion collective sur les mécanismes communs de ces féminicides, mais aussi sur le rôle de la société.

Un magnifique projet éditorial aussi terrible que nécessaire d’autant l’intégralité de ses bénéfices sera reversée à l’Union nationale des familles victimes de féminicides (UNFF). 

*125 et des milliers, ouvrage collectif dirigé par Sarah Barukh, Harper Collins, 544 pages, 20 €. 

« Coming out », recueil de témoignages extraits du podcast d’Elise Goldfarb et Julia Layani

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« Personne ne nous l’a dit, quand nous étions petites. Personne ne nous a dit qu’une vie homosexuelle ou trans était possible. Dans les années 90-2000, personne n’était gay à l’école. Personne n’était gay en colo. (…) Personne n’était gay au gouvernement, dans les églises, les mosquées ou les synagogues. Personne n’était gay, en fait. En tout cas, personne ne le disait ouvertement » écrivent Elise Goldfarb et Julia Layani, dans une vibrante (et splendide) préface à leur ouvrage Coming Out, paru le mois dernier chez Stock.

Ce livre réunit de nombreux témoignages issus du podcast éponyme qu’elles ont lancé en 2020 sur Spotify et dont le but est de créer, comme elles l’écrivent, « un véritable catalogue de coming out dans lequel tout le monde pourrait se reconnaître, peu importe son métier, sa couleur de peau, son genre, son milieu social d’origine et même son âge ».

On y retrouve les récits de personnalités telles Eddy de Pretto, Xavier Dolan, Augustin Trapenard, Pomme, Bilal Hassani, Aloïse Sauvage, Jeremstar mais aussi ceux d’anonymes.

Au-delà du récit de leurs coming out, ces témoignages retracent des cheminements intimes et professionnels bouleversants qui se sont heurtés à l’homophobie et où il est autant question de rejets, de douleurs ou de solitude que de fierté, d’espoir et de confiance.

Un livre à mettre entre toutes les mains avec l’espoir qu’un jour, il ne soit plus nécessaire. 

*Coming Out par Elise Goldfarb et Julia Layani, Stock, 207 pages, 18€90. 

« La chaire est triste, hélas« , Ovidie raconte sa grève du sexe

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Avec La chaire est triste, hélas – paru le 16 mars chez Julliard – Ovidie livre un texte électrisant, tout en même temps intime et corrosif, dans lequel elle raconte la trajectoire qui l’a amenée à s’extraire de la sexualité hétérosexuelle depuis quatre ans.

Du récit de cette « grève du sexe », l’autrice, réalisatrice, et documentariste – à qui l’on doit notamment l’excellent documentaire Tu enfanteras dans la douleur (2019) – n’entend faire ni essai, manifeste ou « leçon de féminisme ». Mais plutôt un texte « exutoire », façon journal intime, porté par une écriture tendue d’où jaillissent des flots de colère, ici libérés.

Rejetant cette « vie entière tournée intégralement vers le désir des hommes et l’attente d’une validation par leur regard », Ovidie décortique les chemins et bouleversements de sa « sologamie », s’interrogeant sur sa valeur sociale en tant que femme et évoquant notamment le monde post #Metoo, les tentatives de construction d’une société qui ne soit plus hétéronormative, mais aussi les viols dont elle a été victime, la maternité, la fausse couche, le patriarcat, les monceaux d’injonctions faites aux femmes, les grands plaisirs de la masturbation ou son « autosexualité ».

D’une plume que l’on croirait trempée dans la lave, formant régulièrement des punchlines savoureuses telle « je ne suis pas mal baisée parce que je suis féministe : c’est absolument l’inverse : je suis féministe parce que je suis mal baisée » – Ovidie signe un texte bouleversant qui ne peut pas laisser indifférent, que l’on soit, ou non, raccord avec son cheminement.

Un livre coup de gueule, d’autant plus retentissant qu’il est traversé par des doutes que l’autrice ne cherche pas à cacher. L’ouvrage, qui s’inscrit dans la continuité de sa série documentaire pour France Culture (Sur)vivre sans sexe (2020) ouvre le bal d’une nouvelle collection aux éditions Julliard.

Intitulée « Fauteuse de trouble » et dirigée par Vanessa Springora, elle réunira des textes articulant sexualité, révolte, intime et émancipation.

Un très beau programme à surveiller de près.

*La Chair est triste hélas, par Ovidie, Julliard, 176 pages, 18€.


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.

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