France, 2022. On ne dirait pas comme ça, mais cette histoire se passe sur notre territoire, et elle peut fortement mettre sur les nerfs, pour rester polie.
Elle annonce sa grossesse, il lui suggère d’avorter
Chez nos confrères de RMC, Mathilde, conseillère en assurance, explique ce qui lui est arrivé l’année dernière, en janvier 2021.
Tout juste embauchée dans une entreprise avignonnaise et encore en période d’essai, elle découvre sa grossesse et décide de l’annoncer à son employeur. Mais, comme elle le raconte au micro du média, la réaction de ce dernier n’est pas celle attendue :
J’ai dit : « je suis enceinte » Et là, il a buggé pendant deux minutes, il y a eu un grand silence dans le bureau. Il m’a répondu : « moi avec ma femme, ce genre de problème, on le résoudrait ». Je lui ai demandé de quelle façon, il m’a dit « un accident ça se résout ». Je lui ai dit : « donc là, grosso modo, vous êtes en train de me suggérer d’avorter ». Il a continué en disant « vous ne vous rendez pas compte, vous me foutez dans la merde ».
Mathilde au micro de RMC
L’histoire ne s’arrête pas là. Au lendemain de ce rendez-vous avec son employeur, Mathilde est de nouveau convoquée : sa période d’essai est annulée, et elle est sommée de quitter l’entreprise le jour même.
Est-ce que c’est l’annonce de sa grossesse qui a fait précipiter son départ ? Selon son ancien patron, qui a pu être contacté par RMC, ça ne serait pas la seule raison. D’après lui, le travail de son ancienne employée ne le satisfaisait pas entièrement. Néanmoins, il admet tout de même que la grossesse était un facteur supplémentaire, et qu’il a agi « comme un chef d’entreprise » pour régler ce qu’il considère comme « un problème ».
Cet employeur est-il condamnable ?
Pour Mathilde, cet évènement ne l’a pas aidée à vivre une grossesse sereine :
Mes premiers mois de grossesse, je ne les ai pas appréciés comme j’aurais dû les apprécier. J’ai eu la sensation pendant 2-3 mois de foutre ma vie en l’air parce que je voulais garder mon enfant. Les six premiers mois de ma grossesse, j’ai eu beaucoup de mal à me dire que j’allais aimer mon enfant, car ma vie pro est partie en vrille. Maintenant, je suis très heureuse, j’ai appris à relativiser, mais sur le coup j’ai très mal vécu ce qu’on m’a dit.
Mathilde au micro de RMC
Des recours seraient possibles, d’après une avocate en droit du travail, Maître Delphine Lopez. Selon la loi, et plus précisément l’article L. 1132-1 du Code du travail, il est possible de mettre fin à une période d’essai sans justification, mais il est formellement interdit de le faire pour une grossesse ou une situation de famille. Même si Mathilde n’a pas de preuves écrites de son entretien lunaire avec son ancien employeur, Maître Delphine Lopez précise :
Lorsqu’il y a discrimination, la charge de la preuve pèse essentiellement sur l’employeur. C’est à la salariée d’apporter des éléments qui la laissent penser qu’il y a discrimination et c’est à l’employeur en revanche de prouver qu’en réalité cette rupture est liée à une insuffisance professionnelle, une inadéquation de la personne avec le poste.
Avec ce mécanisme d’inversion de la charge de la preuve, on peut espérer voir aboutir les actions qu’on peut mener devant la juridiction prudhommale.
Maître Delphine Lopez pour RMC
Mathilde envisage aujourd’hui d’entamer une procédure aux prudhommes. Si elle gagne, elle pourrait soit être réintégrée à l’entreprise, soit obtenir des dommages et intérêts qui équivaudraient à un minimum de 6 mois de salaire brut.
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Crédit photo image de une : glowonconcept
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Les Commentaires
On ne m'a pas sortie immédiatement, mais on m'a répondu "ah bon, tu vas pas rester alors" (j'étais en CDD pour 6 mois).
Ah tiens, pourquoi je ne resterais pas ?
Le CDD c'est bien passé car j'ai quasi pu le terminer, à 1 semaine près.
Peu de temps avant de partir, j'ai vu une annonce en ligne : mon poste, celui que j'occupais en CDD, mais en CDI. Pour MON employeur. Ça fait mal. J'ai broyé du noir et j'ai décidé d'agir de façon très simple : postuler. Comme je passais par le circuit interne, et que ce circuit est suivi, ils ne pouvaient pas faire comme s'ils ne l'avaient pas vu.
Ça a jeté un pavé dans la marre. Le chef a fait un petit tour chez les RH, je ne sais pas ce qu'ils se sont dit mais en ressortant il n'était plus question de "ma grossesse qui faisait que je n'allais pas rester hein voyons". Ils ont trouvé une autre personne, qui était déjà chez eux, pour me remplacer. Ça a été leur porte de sortie pour ne pas me garder.