Dans le débat public, cette affaire est moins souvent évoquée que celle concernant Gérald Darmanin, par exemple. Pourtant, elle n’en est pas moins violente.
À 52 ans, l’actuel président du CNC, Dominique Boutonnat est accusé d’agression sexuelle sur son filleul âgé de 20 ans.
Nommé représentant de l’État pour France Télévisions
La plainte, déposée par la victime présumée, a abouti à une enquête puis au renvoi le 26 septembre dernier de Dominique Boutonnat devant le tribunal de Nanterre pour agression sexuelle.
Dans ce contexte, nombreuses étaient les voix s’élevant pour demander la destitution du président du CNC, reconduit pour un second mandat le 20 juillet 2022 par Emmanuel Macron, malgré les accusations dont il faisait déjà l’objet. Des voix qui pointaient notamment le fait que le producteur d’Intouchables ou encore de Polisse a été un grand donateur de la campagne du président ainsi qu’un ancien condisciple d’Édouard Philippe à Sciences Po.
Pourtant, c’est tout l’inverse qui s’est produit : non seulement Boutonnat n’a pas été congédié de ses fonctions, mais il en a acquis de nouvelles. Le 17 octobre, il a été nommé représentant de l’État au conseil d’administration de France Télévisions sur décret du ministère de la Culture.

Les détails glaçants de l’affaire
Médiapart a eu accès à la synthèse de l’enquête menée par la justice. Dans un article du 14 novembre, le média relate des faits relevant d’une grande violence, qui se seraient déroulés les 4 et 5 août 2020. La juge d’instruction chargée du dossier a qualifié ces derniers de « suffisamment caractérisés », concluant que le patron du CNC est suspecté d’avoir utilisé « l’emprise » qu’il exerce sur son neveu pour l’agresser sexuellement.
Si Dominique Boutonnat nie en bloc ces accusations, il a admis avoir photographié son filleul nu et avoir échangé avec lui des baisers « en signe d’affection ». Selon le producteur, le jeune homme, de trente ans son cadet, était « entreprenant ». Il a alors déclaré l’avoir « maladroitement smacké afin de le mettre à l’aise. »
Boutonnat nie en bloc, l’enquête le contredit
Cependant, l’enquête de la justice a abouti à des conclusions remettant en question la version du producteur. Parmi les éléments à charge, on compte une conversation téléphonique avec son filleul datant du 9 août. Cette fois, Boutonnat y admet avoir été nu dans le lit du jeune homme et déclare :
« Ça c’est passé parce qu’effectivement on est très proches et que… et que voilà, il s’est passé quelque chose de bizarre à ce moment-là, qui est lié à ta sexualité aussi. Et moi j’ai beaucoup d’amour pour toi et ça s’est concrétisé comme ça parce qu’on était ivres. »
Autre élément accablant : la fouille du téléphone de Dominique Boutonnat a révélé qu’il avait effacé les photos de son filleul nu, ainsi que les messages où il lui demandait de ne rien dire de cette nuit. Enfin, les enquêteurs ont trouvé une vidéo pornographique gay dans son historique Twitter, comme le révèle Médiapart. Pourtant, Boutonnat nie l’avoir consultée. Selon le parquet, une affirmation aussi « peu crédible » confirme le fait que « ses contestations de faits (…) ne peuvent être crues. »
Quid de l’exemplarité érigée en valeur par nos dirigeants ?
Des voix continuent de s’élever pour protester contre le maintien du producteur à la présidence du CNC, ainsi que sa récente nomination à France Télévisions. Dénonçant « une nouvelle plutôt embarrassante », le Syndicat des Journalistes de France Télévisions a réagi à cette annonce dans un communiqué publié le 19 octobre :
« Cette nomination intervient totalement à contretemps du calendrier judiciaire. Nos dirigeants affichent souvent l’exemplarité comme l’une des valeurs du service public. Le SNJ demande à Dominique Boutonnat de se mettre en retrait et de ne pas exercer de responsabilités à France Télévisions avant la fin de son procès.
Pour l’heure, rien n’indique que cette demande sera entendue. En mars 2021, Boutonnat avait été honoré du « trophée d’honneur du Film Français », quelques jours après l’annonce de sa mise en examen.
À lire aussi : Dominique Boutonnat, patron du cinéma français, sera jugé pour agression sexuelle sur son filleul
Crédit de l’image à la Une : © Vincent Baillais / Creative Commons
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Les Commentaires
Il y a aussi l’affaire Bigorgne (Bigorne ? Je sais plus son nom), ce proche du pouvoir qui a versé de la MDMA dans le verre d’une collaboratrice et dont le parquet refuse de considérer qu’il s’agit d’une tentative de viol.
Ils me dégoûtent tous, les agresseurs comme leurs complices silencieux, quelle bande de grosses merdes franchement