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Ambre Andrieu
Cheveux

Au-delà de la polémique, Ambre Andrieu (Miss Aquitaine) nous conte son amour pour son afro

Après la polémique autour de sa coiffure pendant Miss France, Ambre Andrieu aka Miss Aquitaine a pris le temps de nous parler de son rapport à ses cheveux, son afro, et le temps qu’il lui a fallu pour en prendre soin et l’aimer.

Quelque jours après la fin de Miss France et une polémique autour de sa coiffure plus tard, Ambre Andrieu va bien. Elle est heureuse d’avoir pu prendre la parole pour réagir aux inquiétudes autour du traitement de son afro sur le tournage, et raconte :

« Je suis très fière de ce que j’ai fait ! Je me suis éclatée, j’ai laissé transparaître ma personnalité… Même si j’avais une coiffure un peu olé-olé, je suis heureuse d’avoir pu être moi-même.

Toute cette aventure a été incroyable, y compris cette grande conversation autour de mes cheveux ! Moi, à sept ans, j’aurais rêvé de voir une polémique autour d’une afro, de voir des gens dire “On veut voir une Miss avec ses cheveux naturels”. »

Car la jeune femme de bientôt 23 ans a eu besoin de temps pour apprécier pleinement sa chevelure, dans un monde qui lui faisait croire qu’elle ne pouvait pas l’arborer fièrement. Elle raconte à Madmoizelle son parcours capillaire.

« J’ai longtemps eu un rapport catastrophique à mes cheveux »

Avec le sourire, la représentante de l’Aquitaine explique que cette polémique autour de ses cheveux a beaucoup fait rire ses proches, qui ont vu la jeune femme de bientôt 23 ans passer du désamour de son afro naturelle à la défense sans relâche de sa beauté. Elle se souvient :

« J’ai des cheveux crépus, mais j’ai aussi beaucoup, beaucoup de cheveux ! Ma mère a commencé à me les défriser assez tôt, parce qu’elle avait du mal à les gérer.

C’est important de comprendre que les mamans ne sont pas toujours accompagnées dans gestion de nos cheveux, même si elles ont la même texture capillaire. À cela s’ajoute qu’on leur a répété longtemps que les cheveux frisés et crépus n’étaient pas beaux, qu’il fallait se les lisser et se les défriser à tout prix… Souvenons-nous qu’il n’y a pas si longtemps, les défrisants étaient vendus en grande surface et qu’il n’y en avait aucun à base de produits naturels ou peu agressifs !

J’ai longtemps eu un rapport catastrophique à mes cheveux. Parce qu’on m’a fait croire qu’ils n’étaient pas beaux, j’ai commencé à mes les lisser très jeune, alors qu’ils n’étaient pas du tout faits pour ça ! Ils étaient fourchus, cassés…

C’était un enfer : je ne savais pas comment faire, et quand on les lissait, ils étaient pire.  »

Quand Ambre en a assez de les lisser, elle décide, lors d’un rendez-vous chez le coiffeur, de demander à se raser la tête. Tout simplement.

« Je les ai gardés rasés avec une sorte de crête pendant un an, mais on me confondait souvent avec mon grand frère… J’ai décidé de les laisser repousser, puis je suis rentrée au lycée. »

Elle laisse donc repousser ses cheveux, et choisit de les porter en tresses, avec des rajouts. Si elle porte cette coiffure protectrice, c’est principalement parce qu’elle a du mal à supporter la vue de ses cheveux au naturel. Elle détaille :

« Je ne voulais pas les voir : quand je devais défaire mes tresses, je retournais immédiatement chez ma coiffeuse le lendemain.

Pendant tout ce temps, mes cheveux ont poussé. Et puis, un jour, à 17 ans, j’ai eu un flash. J’étais étudiante, dans un appartement dont il fallait payer le loyer, les factures… Et je me suis dit “Bon, je vais pas dépenser 150€ par mois pour me faire tresser toute ma vie… Parce que mes cheveux, je les aurai tout ma vie ! Et je ne vais pas la passer à refuser de les regarder”. »

« J’ai un gros problème avec les gens qui touchent mes cheveux sans mon consentement »

Ambre andrieu

Apprendre à aimer ses cheveux

Comme de nombreuses femmes noires qui choisissent de porter leurs cheveux en afro, le parcours a été long pour Ambre Andrieu. Et ce, en partie à cause du regard des autres :

« J’ai mis un peu de temps à les assumer. Les gens me regardaient beaucoup ! Je suis grande, et avec mon afro, on me fixait beaucoup du regard dans la rue, dans les transports… Même au sein de ma famille, on me disait d’aller me coiffer, parce que personne n’y était habitué.

Mais je me forçais à tenir : je me disais que dans 20 ans, mes cheveux seraient encore là et qu’il fallait que je les aime, que je les assume. Je les défendais aussi bec et ongle, en affirmant qu’ils étaient beaux et que je m’aimais comme ça. Petit à petit, j’ai vu le regard des autres changer. Mes proches ont commencé à me soutenir, à me dire que c’est comme ça que je “me ressemble” le plus.

Depuis, je vois l’évolution du regard des gens. En 4 ou 5 ans, j’ai vu de plus en plus de filles laisser leurs cheveux afro au naturel, à voir ça valorisé ! »

Ambre_andrieu_afro
Ambre Andrieu, crédit photo : Florian Kresse

Cette évolution, elle la constate aussi au regard de son parcours de candidate aux concours de Miss. Pendant les compétitions régionales, elle explique qu’à ses débuts, les coiffeurs pouvaient avoir des réactions blessantes devant sa chevelure :

« Au début, c’était compliqué. En régional, il n’y avait pas de coiffeur spécialisé, et certains ne voulaient carrément pas toucher mes cheveux, les regardaient d’un drôle d’œil… Je me préparais toute seule.

Ca pouvait être blessant. Mes cheveux n’ont rien fait de mal, je suis née avec. Il m’est même arrivé de faire des élections avec les cheveux lissés exprès, pour prouver aux autres que ça ne m’allait pas : c’est avec mon afro que je gagnais des écharpes ! »

Sur la question du concours Miss France, elle salue par ailleurs la présence d’une coiffeuse spécialisée en cheveux texturés : dans d’autres cadres, notamment celui du mannequinat, il lui est arrivé de devoir se coiffer seule. Pour aider les prochaines candidates aux cheveux frisés ou crépus à se sentir bien, elle précise qu’il pourrait être utile d’avoir plus de personnes spécialistes sur le plateau.

Les micro-agressions autour des cheveux des femmes noires

En parlant de ses cheveux et du comportement des autres, Ambre Andrieu met l’accent sur un point d’importance : celui du racisme ordinaire, et celui des micro-agressions que subissent les femmes noires, notamment quand des inconnus touchent leur cheveux de manière non-consentie.

« J’ai un gros problème avec les gens qui touchent mes cheveux à n’importe quel moment. Personne n’a le droit de le faire, et pourtant, dans certains contextes — notamment quand je sors en boîte par exemple — certaines personnes se permettent de toucher mes cheveux avec leurs mains sales !

C’est insupportable, et ce n’est pas normal ! J’en ai d’ailleurs fait un post Instagram, dans lequel je reprenais toutes les phrases du racisme ordinaire autour de moi, et beaucoup de gens se sont excusés. »

Créer des soins pour les cheveux

Sur la question des soins de ses cheveux, la future ingénieure raconte avoir grandi en Aveyron, dans un endroit où aucun produit de soin capillaire adapté n’était accessible.

« Il n’y avait rien pour mes cheveux, à part les produits défrisants que ma mère allait chercher à Toulouse ! À l’époque, c’était introuvable. Heureusement, petit à petit, cela devient plus accessible.

Si je continue mon parcours en tant qu’ingénieure en chimie, c’est aussi dans l’espoir de pouvoir faire des produits de soin pour les cheveux !  »

« J’ai toujours voulu voir une fille avec une afro sur la scène de Miss France »

Quand on l’interroge sur les indignations que sa coiffure a soulevées, elle répond avec ambivalence, mais toujours avec une conclusion positive.

« J’étais un peu attristée. Je revenais fière de ce que j’avais fait, de ce que j’avais donné dans cette compétition, et je ne voulais pas uniquement entendre “Ta coiffure était moche” !

J’avais très envie de porter mes cheveux naturels pour l’émission… Du moins jusqu’à ce que je connaisse les coulisses du tournage ! Quand je me suis présentée, j’ai compris que passer d’une afro à s’attacher les cheveux en trois minutes, ça n’allait pas être possible. Le rythme de la compétition était tellement élevé que je n’ai même pas eu le temps de me regarder une fois dans un miroir — même si c’est un concours de beauté !

J’essaie de me tourner vers le positif et de me dire qu’au moins, j’ai ouvert une conversation. Moi, j’ai toujours rêvé de voir une fille avec une vraie afro sur la scène de Miss France. Quand j’étais enfant, j’avais besoin de représentation !

J’espère que les petites filles qui ont l’impression d’être obligées de se lisser les cheveux pourront se dire grâce à ça que leurs cheveux naturels sont beaux. Et puis, on peut parler de sujets plus profonds : ce n’est pas Miss France le problème, ce sont les métiers de l’image en général, et on peut faire changer les choses ! »

Dans tout ce discours, Ambre Andrieu reste attentive à ne pas basculer dans l’injonction, ou faire culpabiliser les femmes qui se lisseraient les cheveux ou choisiraient de ne pas les porter au naturel. Elle prend grand soin de rappeler :

«Moi, je trouve ma chevelure naturelle magnifique et je la porte tout le temps. Mais n’oublions pas que nous pouvons faire plein de choses avec nos cheveux, malgré les stéréotypes !

Ce n’est pas un problème de les lisser, de les modifier : ne nous laissons pas enfermer dans quoi que ce soit, et profitons de tout ce qu’il est possible de faire avec nos chevelures ! »

Un grand merci à Ambre Andrieu d’avoir répondu à nos questions et de nous rappeler à l’occasion que derrière chaque polémique, il y a aussi des parcours de vie et des personnes qui ont des choses à raconter qui méritent plus qu’un tweet.

Si vous voulez continuer à suivre ses aventures, n’hésitez pas aller voir son Instagram ici !

À lire aussi : Miss Aquitaine clarifie sa coiffure controversée : « C’était un concours de circonstances »

Crédit Photo : Guillaume Petit


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