Le 31 octobre 2019
Il y a un an, j’ai pris la décision de raser mes cheveux frisés. Et je ne regrette pas du tout de l’avoir fait !
Mon rapport compliqué à mes cheveux frisés
J’ai toujours eu un rapport compliqué à mes cheveux frisés.
Défrisage depuis que j’ai 7 ans, tresses et tissages à répétition entre mes 13 et 17 ans et lissages hors de prix pour avoir une chevelure parfaite de 17 à 19 ans.
Je voulais à tout prix cacher mes cheveux car je les trouvais moches et difficiles à entretenir. J’avais peur d’être jugée en les montrant alors que je n’ai pas souvenir d’avoir reçu des critiques négatives à l’époque où ils étaient encore naturels.
C’est comme si, dès l’enfance, je m’étais persuadée toute seule que c’était moche.
Du coup, je voulais absolument rentrer dans le moule et avoir les mêmes cheveux que « tout le monde » pour contrecarrer d’éventuelles remarques.
Après réflexion, je me suis rendu compte que je me mettais des barrières toute seule à cause du manque de représentations des cheveux afros, frisés et crépus.
C’est vrai qu’il y a eu des améliorations depuis, mais il reste du chemin à parcourir.
Pourquoi j’ai décidé de me raser la tête
Mon dernier lissage remontait à 6 mois, mes racines naturelles se voyaient de plus en plus. Je perdais beaucoup de cheveux à force de les maltraiter. Ça m’effrayait.
Tous les mauvais aspects du lissage m’apparaissaient un à un. À ce moment-là, je voulais repartir de zéro, découvrir mes cheveux et les assumer enfin (aussi économiser de l’argent, on ne va pas se mentir).
Ça a commencé par une envie de changement. J’ai donc commencé par me couper quelques centimètres sans me douter que je raserai tout 3 jours après.
Deux jours plus tard, je me suis perdue sur YouTube. J’ai atterri sur des vidéos de filles qui ont osé sauter le pas (dont celle de Gaëlle Garcia Diaz qui m’a définitivement convaincue) et qui l’ont vécu de façon hyper positive.
À les entendre, c’était une libération : elles se sentaient plus femmes que jamais. En plus, plus besoin de se coiffer le matin, et apparemment sentir l’eau sur son crâne, c’est la meilleure chose.
Bref, petit à petit l’idée mûrit dans ma tête : pourquoi pas moi ? Qu’est-ce qui m’en empêche finalement? (Spoiler : rien)
C’est décidé, je vais le faire… Il ne reste plus qu’à le dire à mes proches.
« T’es sûre que tu veux tout couper ? »
Le soir-même, j’en fais part à ma mère qui essaie gentiment de m’en dissuader (sans trop insister non plus) :
« T’es sûre que tu veux tout couper ?
Tu ne veux pas laisser quelques centimètres au moins ?
Tu vas faire comment si tu veux trouver du boulot ? »
Sa réaction se classe du côté des « pas très enthousiastes », comme pas mal de personnes de mon entourage, à savoir quelques amis et mon copain tout frais depuis 2 mois.
Oui, j’avoue, j’ai eu (un poil) peur qu’il prenne la fuite après l’annonce, mais finalement il a compris mes motifs au bout de quelques jours. C’est même lui qui m’a rasée (avec une pointe de seum quand même) à l’aise sa tondeuse à barbe… pas vraiment adaptée.
D’autres personnes ont eu un avis plus partagé, du style :
« On verra bien le résultat, j’espère pour toi que t’auras une belle forme de crâne. »
Heureusement il y a eu quelques enthousiastes (très très peu) qui m’ont encouragée à le faire en m’assurant que ça m’irait super bien. Mais peu importe les avis positifs ou non, j’étais déterminée à le faire parce que c’est mon opinion qui comptait.
Le regard des autres sur une femme au crâne rasé
Ça fait 3 jours que j’attends, je ne tiens plus place tellement j’ai hâte. Mes cheveux étaient presque devenus un poids dont je devais me débarrasser.
J’ai pris soin de programmer le rasage avant ma rentrée en première année de licence d’histoire. Probablement pour marquer un changement et apparaître comme une personne nouvelle dans cet environnement inconnu.
D’abord, j’ai commencé par me couper les longueurs progressivement pour faciliter le travail à mon copain apprenti coiffeur. Ça a été l’occasion de tester des coiffures improbables plus moches les unes que les autres (c’était très marrant en vrai).
Quand mes cheveux ont été suffisamment courts, on a dégainé la tondeuse. Une fois la coupe terminée, j’étais hyper contente du résultat : absolument aucun regret.
Dans mon entourage, les avis étaient plutôt positifs. Mon copain a bien aimé le résultat et s’y est rapidement habitué. Ma famille et mes amis ont été agréablement surpris également.
Bref, la transformation en « couille » (surnom affectueux qui m’a suivie pendant des mois) était un succès.
Mes nouveaux amis de la fac ne m’ont fait aucun commentaire sur ma coiffure (normal ils ne m’avaient jamais connue autrement), donc aucun jugement.
Pour ce qui est des inconnus dans la rue, je me suis rendu compte que je n’attirais plus le regard des même personnes. Avec ma nouvelle tête de couille, j’avais l’impression de plaire à des personnes plus vieilles que quand j’avais les cheveux longs…
Comme quoi, aux yeux de certains, avec 3 poils en moins sur la tête, on n’est pas la même personne.
Mes petites découvertes de la vie avec le crâne rasé
Pour la première fois de ma vie, j’ai eu froid à la tête en été. J’ai donc dormi avec une grosse écharpe en guise de bonnet la première nuit. Ensuite, j’ai découvert la sensation de l’eau qui ruisselle sur le crâne et c’était vraiment GÉNIAL.
Quand les premiers centimètres sont apparus j’avais l’impression d’être un paillasson humain, puis un kiwi. C’était marrant.
J’ai aussi découvert les joies de l’insolation parce que j’ai osé sortir sans casquette un jour de plein soleil (je vis dangereusement).
À part ça, c’était vraiment cool… parce qu’il n’y a rien a faire en fait.Tu sors du lit, tu te brosses les dents, tu t’habilles et hop, t’es prête à partir. Pas besoin de passer 30 minutes à essayer de dompter ta mèche rebelle, donc ça permet un réel gain de temps au quotidien.
Pareil pour les soins : plus besoin d’acheter des produits hors de prix pour sauver tes pointes décédées, juste besoin d’un shampooing, à la limite.
Il a quand même fallu m’adapter à ma nouvelle tête, et au début c’est pas évident.
Je me souviens que dans la nuit qui a suivie le rasage, je suis passée dans ma salle de bain et j’ai buggé quelques secondes devant le miroir. J’avais l’impression d’être un évadé de Prison Break, mais finalement je m’y suis vite faite.
Le maquillage m’a aussi beaucoup aidée dans cette réappropriation de moi-même (même si je n’ai aucun problème à sortir sans). Comme l’attention est directement portée sur le visage, j’ai eu envie de mettre mes traits et mon regard en valeur avec des make up extravagants.
Finalement, je me sentais plus femme que jamais. On n’a pas forcément besoin de maquillage pour se sentir femme, mais pour ma part, il prend une part importante dans ce sens.
Un an après le crâne rasé…
Ça n’a pas toujours été simple (ça ne l’est toujours pas d’ailleurs). C’est bien connu, qui dit rasage de crâne dit phases de repousses sombres et difficiles, à base de coupes qui n’ont aucun sens.
Perso, j’utilise souvent des foulards un peu stylés pour cacher la misère et ça passe crème.
Je suis aussi passée par la case coiffeur pour tailler mon début de buisson. Bref, c’est pas toujours une partie de plaisir, mais ça reste quand même sur une super expérience à vivre !
Un an et demi après, je ne regrette absolument pas (je ne regretterai sans doute jamais).
Les avantages sont tellement nombreux, ils effacent totalement le négatif. Je suis fière de qui je suis, fière d’avoir des cheveux naturels et sains même s’ils ne sont pas vraiment dans la norme.
Si tu envisages de sauter le pas, ne réfléchis pas, fonce ! C’est vraiment une expérience enrichissante à vivre pour se trouver (ou se retrouver) et se réapproprier progressivement sa crinière.
Me raser la tête m’a permis de savoir ENFIN à quoi ressemblent mes cheveux, et je suis agréablement surprise du résultat. C’est même mieux que ce que j’espérais.
Dans mes souvenirs d’enfance, ils étaient super crépus, très difficiles, sans aucune boucle. J’avais tout faux.
Maintenant que je les entretiens ils sont sains, ont une belle frisure et se démêlent très bien. Comme quoi, quand on les aime, ils nous le rendent bien !
À lire aussi : Je suis une fille au crâne rasé, voici ce que ça m’a appris
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Tu viens peut-être de sauver la vie de mes cheveux