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Culture

Que vaut « Ripley », la mini-série Netflix avec Andrew Scott ? Notre critique

Disponible ce 4 avril sur Netflix, la mini-série « Ripley » est une nouvelle adaptation du polar de Patricia Highsmith, publié en 1955. Après plusieurs films, ce format prend le temps de  plonger dans la psychologie de l’un des plus grands imposteurs de l’univers du thriller, et à l’acteur Andrew Scott de déployer, encore une fois, tout son talent.  

Pourquoi fallait-il une nouvelle adaptation du « Talentueux Mr Ripley » ? Voici notre  première pensée en apprenant les prémisses du projet il y a déjà plusieurs années. Jusqu’à ce  que les noms du casting nous parviennent : Andrew Scott dans la peau de l’escroc Tom Ripley, Johnny Flynn dans le rôle de Dickie Greenleaf, et Dakota Fanning dans celui de  Marge Sherwood. Trois acteurs.rices que l’on apprécie grandement, disons-le. Mais seront-ils  capables de nous faire oublier le trio Matt Damon-Jude Law-Gwyneth Paltrow de l’adaptation  hollywoodienne d’Anthony Minghella de 1999 ?  

Pour amorcer le printemps, Netflix s’offre cette mini-série en huit épisodes (d’environ une  heure chacun), confirmant sa stratégie de développer des récits à succès sur plusieurs heures.  En février, c’était le cas d’ « Un jour », treize ans après sa première adaptation au cinéma. Le  pari semble gagnant. La plateforme a rarement proposé une production et une réalisation léchées comme celle-ci, surtout dans le registre du thriller. Le personnage créé par Patricia  Highsmith est apparu dans cinq de ses romans entre 1955 et 1991. Seuls Alain Delon (« Plein  Soleil », en 1960, de René Clément) et Matt Damon (dont on parle juste au-dessus) avaient  pour l’instant incarné l’anti-héros du premier livre.  

Andrew Scott, énigmatique Mr Ripley  

Ici, l’histoire débute une nuit de 1961, à Rome. Un homme tire un corps sans vie dans les  escaliers d’un grand immeuble. Flashback, six mois plus tôt. La série prend le temps de nous  présenter le personnage principal. Dans la version new-yorkaise d’une chambre de bonne,  Tom Ripley vit d’escroqueries en se faisant constamment passer pour un autre, jusqu’à ce  qu’un détective l’informe qu’un certain Mr. Greenleaf demande à le voir. Pensant qu’il est un  ami de son fils, ce dernier lui propose de financer son voyage sur la côte amalfitaine pour le  ramener à sa famille. L’engrenage est lancé. 

En regardant la série, la comparaison avec le film américain est indéniable. Pourtant, le  showrunneur Steven Zaillian (surtout scénariste, dont « Gangs of New York » et « The  Irishman » pour Scorsese) a tout fait pour s’en détourner. La trame est fidèle au roman de  Patricia Highsmith : à New York, Tom Ripley est un escroc minable avant d’être envoyé en  Italie où il devient un sociopathe. Zaillian bénéficie d’un long terrain pour développer un  personnage complexe. Il s’avère surtout que le choix d’Andrew Scott, qui parle « des  scénarios les plus extraordinaires » qu’il ait lus de sa vie, convainc immédiatement. Loin de  l’image du hot priest de la saison 2 de « Fleabag » ou d’un scénariste solitaire dans le récent  « Sans jamais nous connaître », l’Irlandais nous rappelle sa subtile capacité à endosser le rôle  de vilains, comme celui de Moriarty dans « Sherlock » (2010-2017) ou le second antagoniste  de « 007 Spectre » (2015).

Ripley-mini-série

Exit les critères d’âge et de ressemblance

L’acteur est pourtant bien plus âgé (47 ans) qu’est supposé l’être Tom Ripley. Johnny Flynn (« Lovesick », « Emma » sur Netflix), alias Richard  Greenleaf, a lui aussi dépassé la vingtaine. Mais peu importe, cela fonctionne. 

Pour se distinguer de l’œuvre de Patricia Highsmith, Netflix n’a pas choisi d’ancrer son  histoire dans le village fictif de Mongibello, mais à Atrani, qui existe bel et bien. En  déployant la rencontre et le rapprochement de Tom Ripley avec Richard « Dickie » Greenleaf,  la série ne met pas non plus de mot sur cette relation et laisse place à l’ambiguïté. L’obsession  naissante de l’anti-héros pour l’héritier se caractérise par sa nécessité de posséder tout ce dont  il dispose, d’un simple stylo à son goût pour l’art. Caravage s’invite d’ailleurs presque comme  le troisième personnage principal de la série.  

Tom Ripley envie tout de Dickie Greenleaf : son statut social et son argent, son charisme, sa  sociabilité, mais n’aime pas son arrogance. C’est dans ce jeu d’expression et de faux-ami que  Scott captive. Peu importe que l’on ait lu le roman ou vu une adaptation précédente, on  semble redécouvrir les péripéties de Ripley et ses réinventions : la preuve d’un scénario  finalement écrit et d’un bon acteur, plus convaincant que l’était Matt Damon. Face à lui,  Marge Sherwood, la petite amie de Dickie, trouve, elle aussi, toutes ses nuances grâce à Dakota Fanning (que l’on avait un peu perdue de vue depuis « Once Upon a Time… in  Hollywood ») et la profondeur qu’elle méritait. 

La première partie tragique de la série se termine à San Remo dès le troisième épisode,  laissant le temps à l’enquête policière de se construire, et à un meurtrier, bientôt récidiviste  (mais n’ayant pas prémédité son acte), de fuir en prenant l’identité de sa victime. Point positif,  la série s’est débarrassée de certains personnages secondaires vus dans le film de 1999 pour  coller au récit de Highsmith. L’arrivée de l’inspecteur Pietro Ravini donne lieu à des face-à faces passionnants où la mise en scène prend tout son sens et rattrape certaines longueurs (les  scènes de crime) avec une réalisation assez académique. 

Thriller en noir et blanc 

Un gros détail ne fera pas l’unanimité. La série a été totalement filmée en noir et blanc, loin  du film solaire de 1999. Steven Zaillian explique l’avoir « toujours imaginée en noir et  blanc ». « Je n’ai jamais vu cette histoire comme une carte postale colorée et ensoleillée, mais  plutôt comme une histoire à suspense inquiétante », souligne-t-il. Malgré un esthétisme  incontestable de ces deux teintes, il faut plusieurs épisodes pour s’y habituer. Fallait-il  vraiment faire ce pas de côté pour faire comprendre aux spectateurs.rices qu’il s’agit d’un  thriller ? Les scènes tournées près de Naples auraient gagné à être vues en couleur, renforçant  le quotidien rêvé de Dickie Greenleaf. C’est finalement dans la deuxième moitié que ce choix  prend son sens, accompagné de plans serrés sur des objets ou des regards tels un film noir. 

Le rythme épisodique, bien découpé, renforce le suspense. Même lorsque l’on croit que Tom  Ripley pourrait tomber, il n’en est rien. De la côte amalfitaine, à Palerme, Rome et Venise, villes presque vides (le tournage a eu lieu pendant la pandémie), l’épopée du meurtrier tient  en haleine et réussit sa mission, avec un mystère toujours, celui de ne jamais montrer les  failles d’un anti-héros ne laissant jamais entrevoir de regrets. Ripley n’est plus un petit  fraudeur ne parlant pas un mot d’italien, mais un fin stratège au charisme indéniable, et  quasiment bilingue. En cela, « Ripley » s’avère sûrement la meilleure adaptation du premier  roman consacré au personnage apparu sous la plume de Patricia Highsmith il y a soixante neuf ans. À condition d’accepter de passer du temps avec les silences d’Andrew Scott. 

« Ripley ». 8 épisodes disponibles sur Netflix le 4 avril. Avec Andrew Scott, Dakota Fanning,  Johnny Flynn, Maurizio Lombardo…


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