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Une TikTokeuse fait un haul SHEIN // Source : Capture d'écran TikTok
Actualité mode

Peut-on interdire SHEIN pour le bien de la planète ?

Depuis le 4 mai 2023 circule une pétition baptisée « Interdire la marque SHEIN en France », en réponse à l’ouverture d’une boutique éphémère de l’enseigne d’ultra fast fashion à Paris du 5 au 8 mai. Alors qu’elle vient de franchir les 100 000 signatures, on peut se demander dans quelle mesure cette solution serait possible.

Notre planète brûle, et l’on produit toujours plus de fringues. C’est ainsi qu’on pourrait résumer la position de l’industrie de la mode face à la catastrophe écologique. Parmi les pires symptômes de ce problème systémique trône SHEIN, qui a ouvert du 5 au 8 mai 2023 une boutique éphémère à Paris. Soit une période très courte pour créer une peur de manquer l’événement (Fear Of Missing Out pour les plus anglicistes ou FOMO pour les intimes) et donc provoquer un désir urgent d’achat chez le grand public. Mais aussi peut-être une manière pour le géant chinois de l’ultra fast fashion de tester les eaux avant une potentielle ouverture de point de vente physique plus pérenne. En réaction à ce pop-up store, une pétition a été lancée le 4 mai 2023, sobrement baptisée « Interdire la marque SHEIN en France ».

Pourquoi et comment cette pétition veut interdire SHEIN d’exercer en France ?

Dix jours plus tard, elle vient de franchir la barre des 100 000 signatures grâce à son texte percutant et sourcé :

« SHEIN est une marque d’ultra fast fashion chinoise qui propose des vêtements très bas de gamme, contenant des substances toxiques pour la santé interdites en Europe, à des prix défiants toute concurrence, visant particulièrement un public adolescent grâce à un marketing digital agressif.

[…] Avec près de 8 000 nouvelles références par jour, SHEIN tourne à plein régime au péril de nos écosystèmes et de notre santé.

[…] Sur la période 2021/2022, la croissance de SHEIN était de 100 %.

[…] L’ONG Greenpeace a réalisé des tests par un laboratoire indépendant sur 47 produits commandés aléatoirement sur le site SHEIN. 15 % d’entre eux contenaient des produits chimiques dangereux qui enfreignent les limites réglementaires de l’UE. »

À travers cette campagne, le collectif à son origine souhaite générer un mouvement citoyen massif :

« Le but de cette pétition est d’atteindre un million de signatures, afin de demander au Gouvernement Français un référendum interrogeant les Français·e·s sur la nécessité d’interdire SHEIN en France. »

En quoi SHEIN fait tant de mal à l’industrie de la mode, aux humains et à la planète ?

Face à ces engouements antagonistes, pour SHEIN de la part d’une grande partie du grand public français d’un côté, et contre ce mastodonte de la part de personnes averties, le média pour une mode durable The Good Goods a interviewé Yann Rivoallan, président de la fédération française du prêt-à-porter féminin, pour tenter de comprendre dans quelle mesure il serait possible d’interdire ses activités. L’expert évoque notamment pourquoi le fait que l’entreprise lève des fonds supplémentaires s’annonce comme une très mauvaise nouvelle pour la planète et les autres acteurs de l’industrie de la mode :

« D’une part car les volumes de textiles requis vont, eux aussi, doubler – textile de mauvaise qualité dans des volumes démentiels, donc une croissance de pollution proportionnelle – d’autre part car SHEIN récupère les parts de marchés des autres marques. De très nombreux acteurs vont disparaître, notamment ceux qui agissent bien. »

Concrètement, comment pourrait-on stopper SHEIN en France ?

Contre SHEIN, plusieurs pistes évoquées par la pétition sont reprises par Yann Rivoallan. D’abord, celle de la toxicité avérée des produits, d’après le rapport de Greenpeace : « On pourrait donc durcir les contrôles pour pouvoir stopper en partie l’approvisionnement », explique le président de la fédération française du prêt-à-porter féminin. L’autre possibilité serait de proscrire l’entrée sur le marché des entreprises de mode qui produisent trop de vêtements : « On devrait interdire la possibilité de mettre en ligne plus de 1 000 nouvelles références par jour. »

En attendant que les gouvernements français et européens s’impliquent peut-être contre SHEIN, on peut continuer à s’informet et informer autour de soi, mais aussi cultiver ce que l’expert définit comme « la notion de durabilité émotionnelle » :

« Le plaisir de garder longtemps le vêtement avec vous, le plaisir en fin de compte de s’offrir le luxe d’avoir un vêtement qui durera dans le temps, vieillir avec vous, nous ressemble, avant d’être de pouvoir transmettre et/ou revendre, avec la fierté de dire ‘Je suis sobre, fier·e et heureux·se d’avoir des vêtements qui ont tant d’années’, de transmettre des valeurs. »

Selon Yann Rivoallan interrogé par The Good Goods, un nouveau modèle doit donc se trouver, en plus de la volonté d’arrêter l’ultra fast fashion :

« Je crois clairement à cette économie de la post-croissance, car le monde d’ultra abondance dans lequel on vit semble s’essouffler. On entre dans une économie plus circulaire, plus sobre, la recherche personnelle d’une plus grande sérénité, un meilleur équilibre environnemental. Pour la planète, nous n’avons pas le choix. Il faut entrer dans une démarche personnelle de réduction, et d’un accompagnement étatique à “devoir” le faire. »

Signer la pétition contre SHEIN


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Les Commentaires

13
Avatar de Mayushi
29 mai 2023 à 23h05
Mayushi
@Arilya Je sais bien que les normes en Asie ne sont pas les mêmes qu'en Europe mais on parle pas juste de ça ici. Ce sont les commanditaires le problème (les marques qui importent ces produits, qui elles sont parfois européennes) et les instances européennes sont complices en n'effectuant pas les contrôles nécessaires aux frontières. C'est bien facile de pointer du doigt l'Asie qui ne fait que répondre à des demandes inatteignables de la part des entreprises Occidentales. Et oui quand on veut un t-shirt à moins de 1 dollar à la sortie de l'usine ça passe par 36 chemins, c'est forcément de l'exploitation humaine et du non respect des normes environnementales.
La même chose existe en Europe de l'Est et même au Royaume-Uni au passage (cf l'excellent reportage d'Arte "Fast Fashion | Les dessous de la mode à bas prix", on y découvre une marque qui fait du "Made in UK" en exploitant des ouvrier.ère.s en payant £3 de l'heure en espèces, c'est moins que ce qu'on paye à Pékin légalement et plus de 3 fois moins le salaire minimum du Royaume-Uni. Pourtant ça passe pas aux infos ça, mais juste dans des longs documentaires.
Le dénominateur commun dans cette histoire ce n'est pas la Chine ou l'Asie mais bien les entreprises du secteur quelles qu'elles soient, Shein ou autre. Je constate juste que Shein est nommé systématiquement dans tous les médias de masse depuis ces derniers mois, tout comme on nomme TikTok à tout va ou même Huawei. Nier qu'il y a un biais anti-chinois c'est avoir des œillères. Est-ce que Shein c'est mauvais ? Je ne dis pas le contraire, mais il faut pointer du doigt la Fast-Fashion en tant que système plutôt que de pointer du doigt Shein en tant qu'entité. L'article cite Shein 15 fois.
6
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