Publié le 16 août 2018, en partenariat avec Pocket Jeunesse (notre Manifeste)
Toute situation peut t’amener à interagir avec des gens.
Oui, je sais, c’est triste, mais c’est inévitable. J’ai une propension à ne pas aimer les gens, et à éviter tout échange en me terrant profondément dans mon appart’.
Interagir avec les autres, un passage obligé
Cependant, et je suis désolée de te l’apprendre, cette solution n’est pas viable sur le long terme.
Il est des circonstances dans lesquelles faire connaissance avec d’autres personnes est indispensable.
En soirée, lors de la rentrée, pendant un événement qui rassemble du monde comme une assemblée générale associative ou un meeting… Je suis régulièrement confrontée à des moments où je ne connais que très peu de monde voire personne, et où il faut bien que j’arrive à lancer une conversation.
Sauf que je ne sais pas rentrer en contact avec les gens. Je ne connais pas non plus les codes sociaux et suis incapable de les maîtriser.
Comment entrer en contact avec les autres quand on ne comprend rien aux codes sociaux ?
Dans Trouver les Mots de Julie Buxbaum, David, le héros, ne comprend pas non plus les conventions sociales.
Alors, lorsque j’ai entendu parler de ce livre, je me suis dit que je n’étais certainement pas la seule à rencontrer ce problème, et de fait, pas la seule à avoir bien besoin de conseils. J’ai donc proposé d’en faire un article, idée qui a plu au sein de la rédac’, jusqu’à ce que je me lance devant mon traitement de texte.
Et là, plus rien.
Ben oui, j’avais proposé de répondre à une question… à laquelle je n’ai pas de réponse. J’ai donc longuement réfléchi, j’ai cherché des conseils sur Internet, et écouté les astuces de mes collègues.
Grâce à cela, j’ai réussi à synthétiser les informations qui semblaient revenir ou être le plus importantes, et me voici, grande introvertie, prête à te raconter ce que j’en ai retenu, et ma réponse à la question « Comment parler à des inconnues lorsqu’on ne maîtrise pas les codes sociaux ? ».
Avant d’aborder quelqu’un
J’ai essayé d’organiser tous ces tips en plusieurs catégories, et j’ai trouvé logique de le faire dans l’ordre dans lequel je pourrais être amenée à parler à des inconnus.
Tu peux adapter ces conseils à la situation que tu veux, ils sont faits pour ! Imaginons que c’est la rentrée, et que je suis en amphi pour la première fois. Ou bien que je vais à une inauguration, dans une salle avec buffet remplie de monde. Ou encore que je débarque à un anniversaire de pote de pote.
Bien, pour éviter de rester seule — ce qui n’est pas grave en soi —, il va falloir que j’aborde quelqu’un et que je lance une discussion. Mais avant cela, je vais m’y préparer.
Pour bien parler aux autres, prendre le temps de se mettre dans un bon état d’esprit
Je respire. Ça va aller. Je vais juste aller parler à des gens. Autant que possible, je me mets dans un mood positif. J’essaie d’avoir l’air ouvert, de sourire… Bref, de donner envie aux autres personnes présentes d’échanger avec moi. Je suis là, alors autant en profiter.
Je donne également un grand coup de pied dans mes préjugés. C’est moi qui ai besoin d’aller parler à d’autres, alors je ne vais pas commencer à les juger avant même de leur avoir dit un mot. Non, j’essaie d’être ouverte aux rencontres et aux bonnes surprises.
Pour rester dans cet esprit d’ouverture… J’évite autant que possible de regarder mon portable. Je sais, c’est hyper tentant, surtout quand je suis toute perdue et que je me sens ridicule. Mais ça crée une barrière entre les autres et moi.
En plus, parfois il y a de gentilles personnes prêtes à aider des solitaires à s’intégrer aux groupes. Mais si je reste sur mon téléphone, ces personnes peuvent croire que je suis occupée, et ne pas oser venir me déranger. Ce serait un comble !
Observer la salle, pour mieux s’adresser à quelqu’un
Je vais partager une astuce qui m’a été donnée par Clémence Bodoc, notre ex-rédactrice en chef. Son tuyau, c’est de s’extraire un peu du groupe, en se mettant dans un angle de la salle, par exemple.
De là, elle peut observer à peu très tout le monde, et repérer comment les gens interagissent, voir s’il y a d’autres personnes seules comme elle ou apercevoir quelqu’un qui lui donne envie d’aller vers lui ou elle.
Elle m’a d’ailleurs précisé qu’il est possible d’appliquer cette technique en se rapprochant du buffet s’il y en a un. Il y a souvent du monde par là, donc il est plus facile d’entrer en contact, ne serait-ce qu’en croisant un regard ou en échangeant un sourire. Et avoir un verre à la main ou quelque chose à grignoter permet de se donner une contenance !
La technique des trois anecdotes, pour savoir quoi dire aux gens
Cette technique me vient de la youtubeuse Leena Norms. Dans une de ses vidéos, elle raconte avoir une astuce pour éviter de parler de la météo, sans pour autant devoir se lancer dans un grand échange méta-physico-philosophique qu’elle ne maîtriserait pas, et qui pourrait s’avérer ennuyeux pour tout le monde.
Pour avoir des idées de sujets de conversation, elle se remémore donc avant d’entamer une discussion trois anecdotes qui lui sont arrivées récemment, trois sujets qu’elle maîtrise et qui peuvent servir de base.
Elle précise d’éviter de choisir de parler d’un épisode de sa série préférée, par exemple, puisque tout le monde ne regarde pas les mêmes. L’idée est de ne pas lancer un sujet trop « niche », qui trouverait peu d’adeptes, surtout si je ne connais pas les personnes auxquelles je vais m’adresser.
Mais des anecdotes ou des informations rigolotes qui parlent à presque tout le monde peuvent donner un élan à un échange. Trois me semble être un bon chiffre : plusieurs possibilités de rebondir si mon sujet ne marche pas, et pas trop à préparer ou à retenir. Mais je peux toujours adapter !
Faire un peu de forcing
Une fois cela fait, je dois me bouger les fesses. J’ai peut-être échangé un regard avec quelqu’un, mais la personne ne va pas forcément faire le premier pas : c’est aussi à moi d’y aller !
Quand je ne suis pas encore tout à fait sûre de moi, je m’avance vers plusieurs personnes qui sont déjà en train d’échanger (pas besoin de rebondir sur leur discussion, comme cela), et je fais parfois un peu forcing
pour m’intégrer à un groupe.
Lorsque les gens qui discutent sont en cercle, c’est parfois difficile de se faire une place, alors je n’hésite pas à me faufiler, quitte à glisser quelques « pardon » discrets pour qu’on me laisse un peu d’espace. Une fois là, je peux me lancer dans les choses sérieuses.
Pendant l’échange
Ça y est ! J’ai capté un regard, un sourire, ou osé me raccrocher à un groupe. À présent, j’essaie d’entrer dans la conversation, avec une ou plusieurs personnes. Là aussi, j’ai quelques astuces assez simples.
Ne pas chercher à être pertinente pour parler aux autres
Le danger, quand je rencontre des gens pour la première fois, c’est que j’ai envie de paraître sous mon meilleur jour, d’avoir l’air intelligent, pertinent, de frapper dans le mille.
Sauf que ça peut générer plus de stress qu’autre chose chez moi, et je peux même devenir antipathique en n’étant pas juste… moi-même.
J’essaie donc d’être aussi sincère que possible. Et j’abandonne l’idée d’être pertinente à tout prix. C’est en plus très difficile, et ça peut rapidement donner lieu à des débats complexes ! Le mieux, pour débuter, et pour me mettre en confiance, c’est lorsque je reste contextuelle.
Si on est à une inauguration, je vais parler de la cérémonie. Si je suis à un anniversaire, je vais lancer une discussion autour de la personne qui fête le sien, ou de la déco. Des trucs basiques.
J’essaie de ne pas avoir peur des small talks, quitte même à parler de la météo ! Parce qu’il faut bien débuter quelque part, et qu’il n’y a selon moi rien de honteux à commencer par des détails.
Écouter, poser des questions et relancer
Parfois, l’échange peut prendre un tournant que je ne maîtrise pas, ou alors je ne me sens pas très inspirée pour parler. Ce n’est pas grave, parce que paradoxalement, ce n’est pas forcément nécessaire dans un dialogue.
L’écoute de l’autre est très importante. La plupart des personnes aiment être écoutées et entendues. Prêter une oreille attentive donne déjà souvent une image plutôt positive de moi aux gens que je rencontre.
Lorsque quelque chose m’intéresse, je n’hésite pas à poser des questions. Autant que possible, je formule des questions ouvertes : si la personne en face de moi a envie de parler, je lui laisse ainsi le libre champ. Juliette, notre rédactrice témoignages, en est aussi convaincue :
« J’ai compris que les gens adorent parler et s’écouter (souvent, en tout cas). Si tu ne sais pas quoi dire ou que tu crains de balancer des gaffes, tu peux t’en tenir à des questions. Ça te permet de prendre du temps pour comprendre comment les gens parlent, ce qui les intéresse et de te mettre à l’aise avec eux.
Pose un max de questions, rebondis sur ce que les personnes disent. Elles parlent de voyage ? Demande-leur où elles sont allées, où elles aimeraient voyager ! Elles parlent de leur université ? Demande-leur comment est l’ambiance et ce qu’elles ont fait avant ! Si elles parlent de cuisine, demande-leur comment elles ont appris à cuisiner, ce qu’elles aiment faire et quels conseils elle donneraient pour commencer.
Écouter les gens c’est plus facile que d’engager la conversation. »
Avoir des opinions et être honnête, pour une meilleure conversation
Je disais plus tôt que je n’avais pas honte d’avoir recours aux small talks pour lancer un échange. Ça me permet d’éviter des sujets trop controversés ou des débats que je ne maîtrise pas.
Cependant, ça ne m’interdit en rien d’avoir des opinions, et de les affirmer ! Et justement, mes idées peuvent devenir une autre base de dialogue. En tous cas, je veille à ne pas acquiescer sans réfléchir à tout ce que dit mon interlocuteur ou interlocutrice, parce que je tiens à rester honnête et à être moi-même.
D’ailleurs, je trouve généralement plus intéressantes les personnes qui ont des avis, même ceux qui diffèrent du mien, que celles qui ne se positionnent jamais. Du temps que nous pouvons être dans l’écoute, le respect et l’échange, ça me va !
Comment faire pour s’éclipser
Parfois, au bout d’un moment, la conversation m’ennuie. Ou je n’ai plus envie de parler, le sujet ne m’intéresse pas, je commence à fatiguer… Bref, pour x ou y raison, échanger commence à me pomper de l’énergie. Dans ce cas, je n’hésite pas à… partir.
Faire des pauses dans les interactions sociales
Si ma fatigue est juste passagère, je m’accorde des pauses. Être sociable ne doit pas devenir une épreuve désagréable ! En tant que fumeuse, je vais parfois juste faire une pause clope. Mais si je veux être vraiment tranquille, je peux aussi aller aux toilettes.
Important à savoir : les toilettes ne me jugent jamais. Alors si j’ai envie de rester là-bas 10 minutes, ou plus, je peux sans problèmes. C’est le moment de checker mon téléphone si j’en ai envie, par exemple. D’ailleurs, si je suis dans une soirée où je ne connais personne, eh bien personne ne remarquera mon absence.
Autant en profiter !
Faire une pause clope ou aller me resservir un verre peut aussi être un bon prétexte pour changer d’interlocuteur, si simplement j’ai envie de parler à quelqu’un d’autre.
Clôturer la conversation (sans forcément chercher d’excuses)
Parfois j’ai besoin de plus que ça, et j’ai juste envie de partir de l’événement où je me trouve. Dans ce cas, je n’ai qu’à… partir. Personne ne me le reprochera.
Par politesse, je sors parfois une excuse, plus ou moins vraie. Je n’ai pas à avoir honte de mentir en disant que j’ai quelque chose d’autre après, par exemple, si cela m’aide à quitter le lieu et ne blesse personne.
Enfin, je ne cherche pas toujours à me justifier. Parfois, un « je vais y aller, moi », ou « il faut que je parte » suffit, et il ne m’est jamais arrivé qu’on me demande pourquoi.
Ne pas se forcer à parler avec les autres
C’est donc heureuse, et dans le meilleur des cas en ayant fait de jolies rencontres, que je peux rentrer chez moi, et me terrer devant une série.
Parfois j’ai passé une super soirée, parfois moins, mais l’important est de ne pas me forcer.
Je n’aime pas les gens, et rien ne m’oblige à les aimer. Ma seule règle est de les respecter. Mais avant tout, je fais en sorte de me respecter moi-même.
Tous ces conseils peuvent difficilement être appliqués en même temps. Les retenir intégralement relèverait du même exploit que d’apprendre par cœur les conventions sociales, et comme je te l’ai dit, j’en suis incapable.
Alors je garde en tête leur esprit, et lorsque je me sens coincée, j’en utilise quelques uns. Avec le temps, je sais que je m’améliorerai.
Selon les situations, tu peux en utiliser un, ou plusieurs, les adapter ou n’en utiliser aucun ! C’est toi qui vois.
Bon, si tu es dans un mood solitaire, tu peux aussi simplement rester chez toi et bouquiner tranquillement.
Allez, bonnes rencontres. Et si tu as d’autres techniques à partager, je suis preneuse, viens me les donner dans les commentaires !
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