Insuffisant. Le verdict d’Oxfam France est tombé, et il est très clair quant à l’implication d’Emmanuel Macron et de son gouvernement pour œuvrer véritablement en faveur de l’égalité.
Il s’était pourtant présenté comme un candidat féministe il y a cinq ans. Pourtant le bilan sur la question des droits des femmes n’est pas particulièrement brillant, comme le montre le rapport de l’ONG.
L’égalité, un enjeu pris au sérieux par l’État ?
Le budget alloué à l’égalité femmes/hommes a quasiment doublé entre 2016 et 2022, passant de 27 à 50 millions d’euros.
Symboliquement, ça parait plutôt une belle progression, non ? Plutôt une goutte d’eau : l’égalité femmes/hommes constitue 0,25% du budget de l’État en 2022.
Le rapport d’Oxfam souligne aussi la place des femmes dans ce gouvernement où les deux tiers des ministres sont… des hommes. D’autant que parmi les cinq ministres régaliens, on ne compte qu’une seule femme, Florence Parly, ministre des Armées.
Emmanuel Macron avait promis un ministère des droits des femmes, il aura fallu se contenter d’un Secrétariat d’État, d’abord dirigé par Marlène Schiappa, puis par Elisabeth Moreno. Tout un symbole là aussi, puisque selon Oxfam, un secrétariat d’État a « traditionnellement moins de marge de manœuvre et d’influence politique ».
Une justice « à petits pas »
L’année d’investiture d’Emmanuel Macron coïncide avec un événement majeur dans le combat féministe. À l’automne 2017, l’affaire Weinstein crée une onde de choc qui se propage dans le monde entier. Ce qu’on appelle encore aujourd’hui la « libération de la parole » – et qui constitue davantage une prise de conscience des violences sexistes et sexuelles qui touchent les femmes – va infuser durant les cinq années à venir (et indéniablement bien au-delà).
Quatre lois ont été dédiées à la lutte contre les violences faites aux femmes, constate Oxfam. Elles portent notamment sur l’allongement du délai de prescription concernant les crimes sexuels sur mineurs ou encore la généralisation des dispositifs de protection des femmes victimes de violences.
Une « politique de petits pas » pour l’organisation Oxfam qui juge que si un engagement de 360 millions d’euros d’investissements pour la lutte contre les violences a été pris lors du Grenelle de 2019, il reste inférieur aux besoins selon les associations, mais aussi difficilement évaluable.
Le rapport montre aussi des moyens largement insuffisants, en ce qui concerne les places d’hébergements et les dispositifs de protection pour les femmes victimes de violences conjugales. Si le nombre de « téléphones grave danger » a augmenté, ils restent encore là aussi trop peu suffisants.
Oxfam pointe aussi les données récoltées par le centre Hubertine Auclert sur l’accueil des femmes victimes de violences conjugales dans les commissariats pour illustrer le manque de formations des personnels : relevé des infractions lacunaires, refus de plaintes, comportements peu bienveillants à l’égard des victimes.
Un gouvernement qui « n’a pas pris la mesure du changement sociétal impulsé par les mobilisations des femmes », résume Oxfam, en rappelant enfin les choix de nommer Gérald Darmanin, Éric Dupont-Moretti à des postes de ministres, ou encore la défense de Nicolas Hulot.
Égalité au travail, quand le compte n’y est pas
Le congé paternité allongé à 28 jours, en vigueur depuis le 1er juillet 2021, pourrait aisément redorer le blason d’un bilan plutôt terne. Mais sans caractère obligatoire, il en faudra plus pour inciter les pères à s’emparer de cette mesure et donc à vraiment faire avancer l’égalité au sein de la cellule familiale.
Et ce n’est pas le seul point qui inquiète le chapitre sur les inégalités économiques du rapport d’Oxfam : les femmes restent moins représentées dans les postes à responsabilités et cantonnées aux emplois précaires.
La crise sanitaire a indéniablement mis en exergue ses inégalités, au travail, comme dans la sphère familiale :
« Le recours accru au télétravail a pénalisé les femmes et risque de faire reculer l’égalité professionnelle. Pour éviter un “effet cicatrice”, des mesures de rattrapage sont indispensables. »
En imposant des quotas à la direction des entreprises, la loi Rixain veut renforcer la présence des femmes dans des bastions de pouvoir souvent aux mains des hommes. Est-ce suffisant pour insuffler un vrai changement ? La mesure doit « s’accompagner d’un changement culturel profond », estime Oxfam.
Droits sexuels et reproductifs : le coup d’accélérateur en fin de quinquennat
Allongement du délai d’IVG, ouverture de l’accès à la PMA pour les couples de femmes et les femmes célibataires, engagement sur l’endométriose, contraception gratuite jusqu’à 25 ans…
Dans la dernière année du quinquennat, plusieurs mesures ont été engagées pour les droits sexuels et reproductifs des femmes et permettent de conclure sur un bilan plus encourageant, constate Oxfam, qui n’élude pas que ces avancées « très attendues » aient été « laborieuses », notamment à cause de « positionnements contradictoires de la majorité présidentielle. »
Reste que la loi sur l’éducation à la vie sexuelle et affective au collège et au lycée n’est toujours pas appliquée. Les trois séances prévues chaque année n’ont pas toujours lieu de façon systématique.
10 mesures pour les 5 ans à venir
Oxfam France présente une série de 10 engagements pour les 100 premiers jours du prochain quinquennat :
- le milliard d’euros pour la seule lutte contre les violences conjugales
- la création d’une coordination nationale de lutte contre les violences faites aux femmes
- des tribunaux et des brigades spécifiques aux violences faites aux femmes
- la constitutionnalisation du droit à l’IVG
- la garantie de l’éducation à l’égalité et à la vie affective et sexuelle pour chaque enfant, ainsi que la lutte contre l’industrie pornographique
- la garantie de l’accès à des services de santé pour toutes
- la création d’un Grenelle de l’égalité salariale
- l’adoption d’une loi pour l’émancipation économique des femmes
- l’allongement du congé paternité obligatoire
- la mise en place d’une réelle diplomatie féministe
À lire aussi : Biais sexistes, manques de moyens : Marine Turchi éclaire les dysfonctionnements de la justice face aux violences sexuelles
Crédit photo : European Parliament, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons
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Les Commentaires
Je suis entièrement d'accord avec toi , j ai espère me tromper mais ya pas de chance que il l arrive tout seul