La télé-réalité est un univers violent et sans pitié.
Devant la caméra les candidats se déchirent, s’insultent, en viennent parfois aux mains.
Et le calvaire ne s’arrête pas là pour certains d’entre eux.
Alors qu’il y a quelques semaines, Nehuda, ancienne candidate des Anges de la télé-réalité, accusait sur les réseaux sociaux son ancien compagnon Ricardo de violences et de racisme, c’est au tour de Marvin Tillière, déjà connu pour ses rixes verbales avec diverses communautés sur Instagram, d’être accusé de violences et de harcèlement sur son ancienne compagne Maéva Martinez.
Marvin Tillière condamné pour harcèlement et menaces de mort
Les candidates de télé-réalité sont nombreuses à subir les propos sexistes des hommes de programmes tels que Les Marseillais, Les Anges ou encore Koh-Lanta.
Elles sont même nombreuses à avoir elles-mêmes intériorisé les comportement des mâles de leurs équipes, et répètent parfois des schémas misogynes imposés par une société inlassablement patriarcale.
Pratique intensive de la girl on girl hate, slut shaming et autres joyeusetés, les candidats ET candidates de télé-réalité sèment les graines du sexisme dans un terreau déjà bien fertile.
Et on savait que Marvin Tillière, dont les contenus ont déjà été supprimés par Instagram pour homophobie, notamment à la suite des dénonciations de l’entrepreneuse lesbienne Elise Goldfarb, était le pur produit de cet univers profondément misogyne.
Plusieurs fois, le jeune homme qui s’est fait connaître dans Secret Story 10 a tenu des propos violents qui ont choqué la Toile.
Mais le plus grave vient d’être dévoilé par son ex-compagne Maéva Martinez, qui a porté plainte pour harcèlement moral et menaces de mort.
En effet, d’après la jeune femme qui s’est exprimée sur le plateau de l’émission Au jour d’aujourd’hui sur YouTube, Marvin l’aurait cyber-harcelée jours et nuits pendant des mois.
La jeune femme a donc porté plainte et espère que sa démarche servira d’exemple, donnera du courage aux autres femmes victimes de violences sexistes et sexuelles
.
Elle explique :
« Porter plainte, ça a été très difficile. Pendant la plainte, je n’ai fait que vomir. C’était horrible de dire les choses. Il faut se faire aider, il faut se faire accompagner. »
Après que Maéva a déposé plainte, Marvin a été jugé le 29 mars dernier.
Il est désormais condamné à six mois de prison avec sursis par le procureur de la République et doit verser 13.500€ à Maéva pour préjudice d’image, préjudice moral ainsi que pour couvrir les frais d’avocat.
Par ailleurs, il a l’interdiction formelle d’entrer en contact avec la jeune maman, sous peine d’emprisonnement immédiat et doit se faire suivre par un psychologue et un psychiatre pendant deux ans.
Une condamnation qui vient d’abord souligner le courage de Maéva Martinez à comparaître devant la justice et encouragera peut-être les personnalités féminines de télé-réalité à oser porter plainte contre leurs potentiels bourreaux.
Parce qu’il faut le dire : elles sont rares, les jeunes femmes à porter plainte.
Nehuda, connue pour ses emportements et sa relation toxique avec Ricardo, le père de sa petite fille, a par exemple maintes fois évoqué les violences physiques et morales subies au sein de son couple sur les réseaux, sans jamais porter l’affaire devant les tribunaux.
Rien d’étonnant à cela, car les victimes de violences conjugales ont souvent peur d’aller jusqu’au bout des démarches judiciaires.
Peur de ne pas être entendues, peur d’être blâmées, peur des représailles…
Il faut dire qu’elles ont longtemps été silenciées et méprisées, ces femmes victimes de violences conjugales, comme l’explique Zoubir, un policier qui s’est fait connaître dans l’émission Les Princes et les Princesses de l’amour.
Les violences conjugales, encore sous-estimées
En effet, Sam Zirah, youtubeur, animateur et auteur spécialiste en télé-réalité, a convié trois chroniqueurs, parmi lesquels Djinda, Zubir et Angèle dans son émission Au jour d’aujourd’hui pour discuter de l’affaire Marvin Tillière.
Un programme récurrent pour l’animateur très prolixe, qui a à cœur de couvrir toute l’actualité de la télé-réalité et de la faire analyser par des spécialistes et par les candidats des émissions eux-mêmes.
Une intention louable et informative dont les limites viennent toutefois d’être atteintes.
Et cette limite s’appelle Djinda.
La chroniqueuse people de l’émission trouve en effet que la peine encourue par Marvin est « sévère ».
Elle explique :
« Je pense qu’il a pris pour l’exemple. Je ne remets pas en cause ce qu’il a pu faire. C’est très, très grave mais il a vraiment pris pour l’exemple. Ce que je trouve vraiment dur, c’est d’être suivi par un psychiatre pendant deux ans, je trouve que ça fait quand même beaucoup. Ça fait cher payé pour une personne comme Marvin. »
Des propos alarmants et lassants, qui sous-estiment la gravité du harcèlement. Mais peut-on incriminer la chroniqueuse pour cet avis peu construit et non renseigné ?
Le policier et chroniqueur Zoubir donne un début de réponse dans l’émission :
« Avant, quand j’étais policier, on en recevait des plaintes pour harcèlement moral et violences conjugales et c’est quelque chose qui n’est pas assez pris au sérieux. Il n’y a pas souvent de suites. Le harcèlement moral, notamment sur les réseaux, ils disent qu’il n’y a pas d’éléments matériels pour caractériser la chose. […] Tu penses que c’est « pour l’exemple » mais c’est parce qu’on est pas habitués à prendre au sérieux ce genre de plaintes en France. Mais c’est aberrant. Ça ne devrait pas être normal. »
Voilà une intervention qui vient quelque peu panser la blessure causée quelques secondes auparavant par les propos de Djinda. Et qui donnent un début de réponse au comportement de cette dernière.
Comme l’explique l’ancien flic, la police — et la société — a longtemps considéré le harcèlement et les violences conjugales avec peu de sérieux.
Il n’est donc pas étonnant que Djinda, sous l’influence d’une société qui l’a biberonné à la misogynie, trouve cette peine un peu « sévère », écrasant par la même toute notion de sororité et manifestant une faible compréhension des enjeux de l’émission.
Par ailleurs, la jeune femme fait part de son scepticisme quant au suivi psychiatrique auquel Marvin est contraint.
Ici, la prise en charge psychiatrique du prédateur est donc vue comme une punition, quand elle devrait être considérée comme une prise en charge normale et salutaire, visant à soigner l’agresseur.
Si les réactions de la chroniqueuse de Sam Zirah révèle un problème toujours actuel et profondément ancré dans notre société, abordons l’actualité sous un angle positif : la condamnation de Marvin Tillière est un véritable symbole pour la télé-réalité.
Elle démontre que les candidats au comportement violent encourent des peines réelles.
Mais une question demeure : quand cessera t-on de caster des figures masculines problématiques, sexistes et violentes à la télévision ?
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