Selon une enquête publiée par Streetpress lundi 4 mars, le très influent président du syndicat UNSA Police, Olivier Varlet, aurait fait des pieds et des mains pour protéger son ami Yves Milla, policier également, condamné pour des faits de violences sur sa femme et ses fils.
Coups, menaces de mort et violences sexuelles
Interrogée par Streetpress, Isabelle, l’ex-épouse d’Yves Milla, raconte des années de calvaire. « Il m’a menacée qu’il me pousserait au suicide s’il perdait la garde des enfants, que ça ne lui poserait aucun problème de me supprimer ou de le faire faire. »
C’est suite à un entretien de son fils avec l’assistante sociale de son collège, qu’Isabelle trouvera la force de porter plainte après des années de silence. Pendant cet entretien, Damien, 12 ans, raconte que son père pose son arme de service sur la table pendant les devoirs. À cette pression psychologique s’ajoutent des violences physiques : « Il me donne des claques, des coups-de-poing dans le ventre et quand il est vraiment fâché, il nous étrangle et nous fait monter très haut sur le mur. » L’assistante sociale décide d’appeler Isabelle, immédiatement, et l’accompagne, elle et ses deux fils, chez les gendarmes. Pas au commissariat, ou son mari est bien implanté et intouchable, selon Isabelle.
Face aux enquêteurs, Isabelle révèlera qu’en plus des violences psychologiques et physiques, qui sont l’objet de sa plainte, elle aurait subi des violences sexuelles à répétition. Notamment des viols, en 2009 et 2016, impliquant d’autres policiers au domicile conjugal. « À au moins trois reprises, selon Isabelle, son mari aurait fait venir un de ses collègues chez eux pour qu’il ait un rapport sexuel avec elle, devant lui », retrace Streetpress.
Petits arrangements entre amis
Pourtant, malgré les accusations qui pèsent sur lui, le policier bénéficie d’une protection féroce. Le numéro un du syndicat UNSA, Olivier Varlet interrogé par les enquêteurs, se place en figure de proue de la lutte contre les violences intra-familiales et réitère son soutien sans faille pour son ami : « L’affaire de mon ami Yves Milla ne correspond pas à ce que [je peux] voir lors de conseils de discipline impliquant des collègues violents. Si j’en ai, on les fout dehors. » Il va même jusqu’à ajouter, non sans indécence : « J’aurais rêvé d’avoir un père comme Yves. »
La condamnation d’Yves Milla pour violences intrafamiliales en 2023, se soldera par une mutation discrète, relate StreetPress :
Le 15 octobre 2023, il prend un nouveau poste obtenu dans le cadre d’une « mutation dans l’intérêt du service ». Une mesure qui s’applique normalement quand la conduite d’un fonctionnaire, sans être fautive, est préjudiciable au fonctionnement du service, un différend avec un collègue, par exemple. Dans le cas d’Yves Milla, il s’agirait plutôt d’un tour de passe-passe, organisé selon plusieurs sources par son ami Olivier Varlet, pour lui éviter la commission administrative paritaire interdépartementale (Capi) de Moselle, un conseil de discipline au sein duquel il risquait jusqu’à la révocation.
Pour le protéger de l’orage, Yves Milla n’a pas été muté n’importe où : il est nommé à la direction des ressources humaines des finances et des soutiens (DRHFS), une direction placée sous l’autorité directe du directeur des ressources humaines de la police, juste en dessous de la Direction générale de la police nationale (DGPN). « La DRHFS c’est le grand manitou RH de la police. Tout transite par là et le directeur est un interlocuteur privilégié des syndicats. Donc si tu veux faire éviter un conseil de discipline voire une sanction à l’un de tes apôtres, tu le fous à la DRHFS et tu négocies directement l’étouffement du dossier », explique un haut responsable syndical.
« Résultat : Milla part à Paris en prenant plus d’argent à la fin du mois et il s’extrait du jugement de ses pairs au sein du Grand Est » commente auprès de Streetpress un fonctionnaire et ex-membre de l’UNSA Grand Est.
Olivier Varlet, lui, assure que son ami n’a bénéficié d’aucun traitement de faveur.
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :
- Le 3919 et le site gouvernemental Arrêtons les violences
- Notre article pratique Mon copain m’a frappée : comment réagir, que faire quand on est victime de violences dans son couple ?
- L’association En avant toute(s) et son tchat d’aide disponible sur Comment on s’aime ?
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