Live now
Live now
Masquer
pexels-ono-kosuki-port du voile amendement
Société

L’abstention atteint des sommets ? Vite, tentons une loi islamophobe !

L’amendement a été discuté ce mardi 29 juin et rejeté dans la foulée. Néanmoins, il en dit long sur qui dicte l’agenda politique aujourd’hui en France…

Quelques heures après l’adoption de la loi de bioéthique ouvrant la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires, un amendement a créé des remous dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale hier soir.

Dans le cadre du projet de loi confortant le respect des principes de la République, aussi appelé projet de loi « séparatisme », qui vient juste de revenir en deuxième lecture, les députés du Modem ont déposé un amendement visant à interdire le port de signes religieux pour le personnel des bureaux de vote, notamment les assesseurs, qui s’assurent bénévolement que les votants signent la liste d’émargement et tamponnent la carte électorale.

Un air de déjà-vu…

Cela vous rappelle quelque chose ? C’est bien normal. Il n’y a pas si longtemps, fin mars, le Sénat votait l’interdiction du port de signes religieux chez les accompagnantes de sorties scolaires dans le cadre du même projet de loi. D’apparence neutre et visant toutes les religions, l’amendement ciblait bien les mères d’élèves qui portent le voile.

Même si les députés qui l’ont porté s’en défendent, l’amendement porte déjà le doux nom d’« amendement Bardella » en référence à la séquence où l’on a vu le vice-président du Rassemblement national Jordan Bardella, lors du premier tour des élections régionales et départementales, signer la liste d’émargement face à une assesseure qui porte le voile.

Pour les défenseurs de l’amendement, il en va d’une volonté de « sacraliser » le lieu du vote, d’y faire régner une « neutralité totale »,

qu’elle soit politique… ou religieuse, d’après le député Bruno Millienne. Car oui, qu’un ou une assesseure porte un signe religieux, cela présente un risque d’« influence » sur les votants.

Un risque d’influence, vraiment ?

Rien que ça. Rappelons quand même que pour être « influencé », il faudrait déjà que les gens inscrits sur les listes électorales se déplacent dans les bureaux de vote — ce qui vu, les derniers scores d’abstention, n’est pas pleinement le cas, une personne sur trois seulement s’étant rendue au scrutin.

Cet amendement apparaît comme une manœuvre purement opportuniste pour entretenir le climat d’islamophobie ambiante, alors qu’en attendant, rien n’est proposé pour réenchanter la vision de la politique qu’ont les Français et Françaises.

Plusieurs parlementaires ont vivement réagi dont Lamia El Aaraje, qui s’est adressée directement aux parlementaires à l’origine de l’amendement et n’a pas fait mystère de son ressenti :

« Je ne sais pas dans quel pays vous vivez, mais clairement, vous ne vivez pas dans le même pays que moi. Et j’espère que vous avez honte de ce que vous dites : personnellement, vous me donnez envie de vomir. »

Sur Twitter, les réactions ont soulevé l’absurdité de l’amendement, non sans soulagement de le voir rejeté, mais en soulignant à quel point l’islamophobie dicte continuellement l’agenda politique.

D’autant que dans les faits, les assesseurs sont désignés par les candidats d’une élection, comme le rappelle Maître Eolas.

Alors, oui, l’amendement a été retoqué, mais reste qu’une fois de plus, ce sont les femmes musulmanes qui sont stigmatisées sous couvert de protéger une laïcité que certains imaginent menacée.

À lire aussi : Parce qu’elle porte le voile, Sara Zemmahi, candidate LREM, s’est vue retirer son investiture


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

7
Avatar de lazaretto
1 juillet 2021 à 15h07
lazaretto
Au risque que mon intervention passe pour du trollage, oui, il y a des tenues qui peuvent faire peur. Parfois c'est rationnel, parfois non. Ce peut être un préjugé ou un ressenti personnel, mais si cela peut être absurde, ce n'en est pas moins légitime (on choisit rarement d'avoir peur).
Je pense que dans le Sud profond américain, certaines personnes n'apprécieraient pas de voir des assesseurs en cagoule blanche (nulle part ailleurs, en fait...)

C'est le pire exemple que tu pouvais prendre ; c'est tout à fait rationnel d'avoir peur de membres du KKK ou de personnes adoptant leurs codes vestimentaires...
Ensuite, les peurs irrationnelles qui deviennent des problèmes publics et font l'objet de politiques publiques, c'est justement une des tendances dangereuses du moment.
10
Voir les 7 commentaires

Plus de contenus Société

© Charlotte Krebs
Féminisme

Mona Chollet : “Se sentir coupable ne mène vraiment à rien”

2
basic fit minia
Sport

Revivez le talk Madmoizelle et Basic-Fit sur le sport et la santé mentale

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-09-20T170330.307
Daronne

Chronique d’une daronne : grosse frayeur, mon fils, un racketteur ? 

9
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-09-19T102928.481
Santé mentale

« Toutes ces musiques ont été écrites sous antidépresseurs » : Lisa Pariente raconte sa dépression

Source : Unsplash / Tim Mossholder
Santé

« On m’avait dit qu’il ne me restait que 2 ans à vivre » : contaminée par le VIH en 1984, Pascale est l’heureuse grand-mère d’un petit garçon

2
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-08-28T102135.129
Lifestyle

J’ai arrêté le véganisme à cause de la végéphobie

68
femme-no-vert
Amours

Les lassées de l’hétérosexualité témoignent : « Les relations avec les hommes se ressemblent toutes »

47
3
Culture

« Si mon histoire peut déculpabiliser ne serait-ce qu’une seule femme, j’aurai gagné » dans Archéologie de l’intime, le tabou de l’accouchement raconté en BD

Source : Pexels.com / Pixabay.com
Sport

Jeux paralympiques 2024 : ce tatouage anodin pourrait engendrer la disqualification immédiate des para-athlètes 

1
Jeudi 22 août 2024, le parquet de Paris a requis un procès pour "viols" et "agressions sexuelles" à l'encontre de Gérard Depardieu. Dans cette affaire, la victime présumée est la comédienne Charlotte Arnould, fille d'un ancien ami de l'acteur. Pour rappel, les événements auraient eu lieu six ans plus tôt.
Société

Affaire Gérard Depardieu – Charlotte Arnould : le parquet de Paris a requis un procès pour “viols” et “agressions sexuelles” à l’encontre du comédien

La société s'écrit au féminin