Lors de sa présentation au festival de Cannes cette année, Robert de Niro a annoncé la couleur : Killers of the Flower Moon sera politique. S’il n’a pas dévoilé grand chose du processus de fabrication de son nouveau film, Martin Scorsese a révélé que la question raciale l’avait amené à une profonde remise au question, justifiant même la réécriture de tout le scénario.
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« J’ai réalisé que je faisais un film sur tous les hommes blancs«
Dans Killers of The Flower Moon, Martin Scorsese entend raconter un pan de l’histoire raciste des États-Unis à travers la série de meurtres dont a été victime la communauté autochtone des Osages, dans l’Oklahoma du début des années 1920.
Dans un entretien avec le magazine Time, le réalisateur de 80 ans a expliqué que la première version de son scénario était extrêmement fidèle au roman éponyme dont il est adapté. Or dans le livre de David Grann sorti en 2017, l’histoire est perçue et racontée à partir du point de vue d’un officier du FBI blanc nommé Tom White (on se demande si le choix de son nom est un trait d’ironie de l’auteur).
On avait de quoi redouter un film qui verse dans le trauma porn en exhibant les souffrances endurées par les Amérindiens et raconte leur histoire à travers le point de vue des leurs meurtriers au lieu d’en profiter pour, enfin, faire entendre leur propre voix.
On aurait aussi pu craindre que Killers of The Flower Moon réactualise le stéréotype raciste du white savior, qui libère des personnes racisées représentées comme passives et dépendantes de la bienveillance blanche. Ces questionnements semblent avoir traversés Martin Scorsese. Dans les colonnes du Time, le réalisateur a confié :
« Après un certain point, j’ai réalisé que je faisais un film sur tous les hommes blancs. Cela voulait dire que j’adoptais une approche de l’extérieur vers l’intérieur, ce qui me préoccupait ».
Selon Lily Gladstone, Killers of The Flower Moon a failli être une « histoire de sauveur blanc »
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Cette prise de conscience a conduit le réalisateur a revoir tout son scénario, à commencer par le rôle de Leonardo Di Caprio. Si l’acteur devait incarner Tom White, le rôle a finalement été confié à Jesse Plemons (The Power of The Dog, Judas and the Black Messiah). Le rôle a également été considérablement amoindri, tandis que l’enquête du FBI a été reléguée au second plan.
La version finalement choisie par Scorses devrait désormais raconter l’histoire « de l’intérieur » en se concentrant sur le couple formé par Di Caprio, neveu du sanguinaire William Hale (Robert De Niro) et l’actrice américaine aux origines autochtones Lily Gladstone. Dans un entretien pour Interview, celle qui incarne une Osage a confirmé que dans la première version du script, « l’accent aurait été mis sur le FBI, avec Mollie et Ernest faisant partie du scénario secondaire, au lieu du scénario central ». Dans un autre entretien pour Vulture, Lily Gladstone a assuré que le film n’était pas est une « histoire de sauveur blanc » mais celle des « Osage, qui disent : « Faites quelque chose. Voici de l’argent. Venez nous aider » ».
Pour découvrir ce film que l’on attend au tournant, rendez-vous en salle le 18 octobre (avant sa sortie sur Apple TV+).
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