Depuis que Sandrine Rousseau a prononcé cette phrase chez Madmoizelle, tout le monde y est allé de son avis.
On les a beaucoup entendus, les hurlements et les gloussements de mépris à l’idée que l’on puisse contrôler si les hommes font leur part au sein des couples hétérosexuels. Mais l’idée est-elle si extravagante que ça dans la tête des Françaises et des Français ?
C’est ce qu’a voulu vérifier l’Ifop pour Consolab. L’institut de sondage publie aujourd’hui un sondage sur la répartition des tâches ménagères dans les couples hétérosexuels.
L’idée de Sandrine Rousseau séduit près de la moitié des Françaises et des Français
« Seriez-vous favorable ou opposé à l’instauration d’un délit de non-partage des tâches domestiques, qui permettrait au sein du couple, de sanctionner le conjoint qui ne prend pas sa part des tâches ménagères ou parentales ? »
Figurez-vous que 47% des personnes interrogées voient l’idée d’un bon œil, soit presque une personne sur deux, à part quasi égale entre hommes et femmes.
« Les plus jeunes sont également les plus enthousiastes : près des 2/3 (61%) des femmes âgées de moins de 30 ans voient cette idée d’un bon œil », précise en outre l’Ifop. « C’est 22 points de plus que leurs aînées âgées de plus de 65 ans (39%). »
L’institut de sondage a aussi voulu savoir si les personnes seraient prêtes à porter plainte pour non-partage des tâches contre leur conjoint : c’est le cas pour seulement 14% d’entre elles. Demandons-nous quand même si poser la question sous l’angle de la plainte au sein d’un couple est réellement pertinent.
À quel point les femmes hétéros en ont-elles marre ?
Le sondage aborde en outre les conséquences des inégalités dans le couple et de la charge mentale qui pèse sur les femmes.
Jeter son tablier et partir quelques jours pour montrer à monsieur ce qu’il se passe quand on en a ras-le-bol et qu’on arrête de tout gérer ? Elles sont 42% à y avoir déjà songé. Faire la grève du sexe ou arrêter certaines pratiques sexuelles tant qu’il n’aura pas faire sa part ? Une femme sur cinq y a déjà pensé.
Et une rupture définitive parce que le gars a décidé de vous prendre pour sa daronne ?
« Plus du tiers des femmes âgées de moins de 30 ans ont déjà envisagé de quitter leur conjoint pour cette raison, une proportion plus élevée que pour l’ensemble des Françaises (22%, dont 10% y ont très sérieusement pensé). C’est chez les électrices de la gauche radicale que les chiffres sont les plus forts (42% ont déjà envisagé de quitter leur conjoint). »
Enfin, 16% des femmes interrogées affirment que le non-partage des tâches ménagères a joué un rôle dans la rupture de leur couple (dont 4% qui estiment que cela a joué un rôle déterminant).
Appliquer une indemnisation dans le cadre d’un divorce
Le sondage ne va malheureusement pas jusqu’au bout de la réflexion. Puisqu’il aborde justement la question de la rupture dans le couple, il aurait été par exemple pertinent de s’intéresser à l’avis des Françaises et des Français quant à l’idée d’une indemnisation après un divorce !
Au Portugal ou encore en Chine, des femmes ont obtenu une compensation financière après la séparation d’avec leur mari puisque celui-ci ne s’était pas impliqué dans le travail domestique.
Si l’idée d’un contrôle et d’une pénalisation de la répartition inégale des tâches ménagères parait insensée – a minima en termes de faisabilité –, elle devient un peu moins farfelue quand on imagine qu’elle pourrait se matérialiser dans le cadre d’un divorce, si l’un des membres devait justifier de son investissement dans la tenue du foyer. De quoi nous donner quelques idées…
Alors complètement à côté de la plaque, l’idée de Sandrine Rousseau ? Là n’est finalement pas la question. La petite phrase de la politique écoféministe permet surtout de mettre le doigt sur la conscientisation croissante des inégalités au sein du foyer, et montre bien que les femmes ne veulent plus les banaliser et les voir comme une condition inhérente au couple hétérosexuel.
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Crédit photo : Amina Filkins via Pexels
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