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les sans-abris sont priés de laisser leur chambre aux touristes
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Hôtels sociaux : les sans-abris sont priés de laisser leur chambre aux touristes

Depuis 2010, l’hébergement d’urgence est assuré par des hôtels privés. Au risque pour les bénéficiaires de se faire expulser lorsque l’établissement souhaite développer son activité touristique. Avec la reprise du tourisme post-Covid et les prochains Jeux olympiques, des milliers de familles se retrouvent de nouveau à la rue en Île-de-France.

La crise sanitaire se termine, les hôtels sociaux veulent retrouver leurs touristes. En région parisienne, plus de 56 000 personnes sans domicile fixe sont hébergées dans des hôtels privés. Durant l’épidémie de Covid, de nombreux établissements ont mis leurs chambres à disposition du SAMU social, pour continuer à percevoir des revenus. Mais les touristes reviennent, et Paris s’apprête à accueillir les Jeux olympiques. Des établissements font donc le choix de rompre leur convention pour revenir à leurs activités habituelles. Un retour à la case départ pour des familles qui bénéficiaient d’hébergements fixes et avaient pu inscrire leurs enfants à l’école du quartier, trouver un travail à proximité et créer des liens sociaux.

Des hôtels qui servaient de logements sociaux veulent revenir à leur activité à l’approche des JO

En région parisienne, 56 000 personnes vivent en hôtels sociaux, dans des chambres attribuées à plus ou moins long terme par le SAMU social. Chaque jour, le 115 reçoit entre 1 500 et 2 000 appels par jour et ne peut loger qu’environ 15 % de ces demandes d’urgence, comme le révèle Mediapart. La situation déjà critique se détériore, puisque de plus en plus de familles qui bénéficiaient jusque-là d’un hébergement en hôtel social temporaire, sont priées de quitter les lieux du jour au lendemain.

Durant la crise Covid, de nombreux établissements se sont reconvertis dans l’accueil social pour ne pas devoir mettre la clef sous la porte. Subventionnés par l’État, ces hôtels ont signé des conventions pour assurer l’hébergement des familles en difficultés. La reprise des activités touristiques aurait pourtant poussé nombre de ces établissements à mettre un terme à ces accords pour retrouver leur clientèle touristique habituelle. 

Ce phénomène s’amplifiera sûrement à l’approche des JO qui se dérouleront à l’été 2024, alors que la capitale s’apprête à organiser le plus grand événement sportif de son histoire, et à recevoir encore plus de touristes que d’habitude. En 2022, le SAMU social a déjà accusé la perte de 2 400 chambres d’hôtel. Soit 2 400 familles priées de quitter les lieux.

Hébergements d’urgence à l’hôtel, l’idée bancale des pouvoirs publics

Depuis 2010, le gouvernement mise sur l’hébergement d’urgence dans des structures hôtelières privées, plutôt que sur la mise en place de solutions long terme. En échange, ces établissements perçoivent environ 18 euros par occupant, un montant qui ne fait pas le poids par rapport aux tarifs en vigueur dans le secteur privé. 

Cette politique précarise les 300 000 personnes, dont 2000 enfants, qui vivent actuellement sans domicile fixe en France. Les hôtels peuvent à tout moment rompre leur convention pour s’adonner à des activités jugées plus lucratives, aux dépens des ménages qui occupent des chambres depuis des mois ou des années. Lorsque le couperet tombe, ces familles sont replacées en fonction des disponibilités, parfois très loin de leur lieu de travail, de l’école de leurs enfants, de leurs proches. Au risque de tout perdre par manque de moyens logistiques leur permettant d’honorer leurs rendez-vous et leurs impératifs quotidiens.

Tout recommencer dans une nouvelle ville d’hébergement que l’on devra quitter à tout moment est impossible. Sans compter que toutes les communes ne voient pas d’un très bon œil l’hébergement de ces personnes fragiles. Certaines municipalités compliquent volontairement l’accès à la scolarité des enfants, ou aux moyens de transport qui permettrait à ses familles de se déplacer librement.

Un logement digne, ce n’est pas qu’un toit, c’est un lieu sécurisé et pérenne qui permet aux individus de mener leur vie professionnelle et scolaire sereinement et dans des conditions optimales. Investir dans la bonne volonté du secteur privée pour régler la question des hébergements d’urgence, c’est refuser à ces ménages déjà fragilisés d’envisager l’avenir à moyen et long terme.

Crédit photo de Une : pixelshot via Canva


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