Le 12 août 2022, la troisième saison de Mes premières fois est sortie sur Netflix. Cet article est dédié à nos chères lectrices qui auraient raté les deux premiers trains et seraient passées à côté de cette série créée par Mindy Kaling et située tout en en haut du panier de ce que Netflix propose de meilleur.
Véritable bonbon acidulé ultra divertissant, drôle et facile à binge-watcher, Mes premières fois est aussi une série politique et profonde par bien des aspects. Voici les raisons qui en font une véritable pépite, élue meilleure série adolescente de Netflix par le magazine Forbes.
Tout ce qu’on aime, mais en mieux
Si vous êtes à la recherche d’une série terriblement réconfortante, vous êtes au bon endroit. Le plot de Mes premières fois est aussi débile que la série est plus maligne qu’il n’y paraît : Devi, une ado indienne vivant en Californie décide de changer son statut d’intello invisible pour devenir populaire. Tous les ingrédients du programme adolescent feel–good sont là : un lycée, la vie d’une ado, ses amis et sa famille, des scènes de fête et de pyjama parties, un triangle amoureux et un beau-gosse tellement beau-gosse que c’en est irréaliste.
Sur le papier, la série nous invite à nous lover dans notre zone de confort. Seulement, à partir de cette base composée des poncifs du genre (dont on ne se lassera décidément jamais), elle apporte en toute discrétion et en toute humilité une originalité, une intelligence et une écriture remarquables, qui en font finalement bien plus qu’une teen-série parmi d’autres.

Une masterclass d’écriture
En plus d’être un divertissement très accessible, Mes premières fois est extrêmement bien écrite. Tout au long des trois saisons, on ne trouve aucun temps mort ou de cliffhanger paresseux. Chaque épisode ne dure que vingt ou trente minutes et semble passer à une vitesse folle au rythme de dialogues intelligents, malins et pétillants. Sur Internet, la plupart des spectateurs de la série témoignent l’avoir dévorée en un week-end (et je rajoute mon propre témoignage, ici on relate).
On se surprend souvent à rire à voix haute et… à pleurer. Car, oui : derrière son apparente légèreté, Mes premières fois donne des leçons de scénarios dramatiques qui promettent d’offrir de grands moments d’émotion.
La représentation du deuil
Parmi les qualités les plus surprenantes de Mes premières fois, il y a la justesse avec laquelle la série traite du deuil. Malgré l’attitude d’évitement affichée par une Devi survoltée et trop bavarde, on apprend que l’héroïne a perdu son père, brusquement décédé d’une crise cardiaque un an plus tôt.
En apparence, tout va bien pour Devi, toujours déterminée à atteindre ses objectifs et à résoudre ses problèmes de cœur et d’amitié à coup de stratagèmes et de manigances. Mais rapidement, la mise en scène nous fait comprendre qu’ignorer ce traumatisme ne permettra en rien de le résoudre. Ce déni donne lieu à des séquences d’une grande beauté, notamment lorsque les jambes de Devi cessent tout simplement de fonctionner, ou que son père apparaît sous forme de flash-back ou de présence bienveillante quand elle a besoin de lui.
La série n’expédie pas ce deuil. Elle prend le temps de laisser advenir ces différentes étapes dans tout ce qu’elles peuvent avoir de bizarre, de bouleversant ou de déconcertant, faisant à nouveau preuve d’un réalisme remarquable.

Un casting inclusif et largement féminin pour une série féministe
Quand on fait le bilan, on se rend compte que dans Mes premières fois, il y a surtout des meufs. Devi est un personnage rayonnant. Il faut à peu près douze secondes pour s’identifier à elle. Remplie de paradoxes, Devi est tellement control freak qu’elle en devient maladroite. Elle résume bien toutes les contradictions qui peuvent nous traverser quand on est une jeune femme. Elle doit jongler entre les normes (de féminité, de blancheur, etc), ses envies, les attentes de ses proches, et la gestion de ses traumatismes…

Pourtant, les personnages secondaires n’ont rien à lui envier. Des meilleures amies Eleanor et Fabiola, à la cousine Kamala ou la mère Nalini, le casting presque exclusivement féminin propose des portraits de femmes d’une richesse rares. Du handicap au coming-out, en passant par la question du mariage ou encore de la carrière, la série traite d’enjeux féminins et féministes importants en évitant les stéréotypes.

La double culture, un vrai sujet
ENFIN une série qui traite correctement d’origines, d’identité, de galère culturelle ! La série fait la part belle à la culture indienne, dans de nombreux moments de dialogues, de mariage, de repas, en famille… Pourtant, les questionnements qui traversent Devi sont d’une telle pertinence qu’il est difficile de ne pas s’identifier à elle, quelles que soient les origines desquelles on est soi-même issue.
Contrairement à d’autres programmes (et notamment les films français qui adorent présenter les cultures d’origine comme un lieu qui ne rime qu’avec oppressions et souffrances), Mes premières fois engage un rapport autrement plus intéressant et complexe, à l’image de cette réalité.

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Crédit de l’image à la Une : © Netflix
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