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Je suis lente dans un monde qui va vite, et ça me va bien, au fond

Tu as l’impression que le monde tourne un peu vite pour toi ? Je te rassure, Queen Camille a mis deux heures à écrire cet article, c’est une personne lente au quotidien, et elle le vit très bien.

Le 16 avril 2019

Avant de commencer à écrire cet article, j’ai bu un café, je me suis installée sur un canapé, j’ai mis des coussins dans mon dos, un plaid sur mes genoux, j’ai ouvert 15 onglets sur la lenteur puis… il a fallu se lancer.

Depuis toujours, je suis lente. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai appris à aimer ça.

La lenteur, un frein à ma vie

Je ne vais pas vous faire croire qu’être mou du genou soit un avantage incontestable au quotidien. Ma lenteur m’a souvent porté préjudice dans un monde où tout doit aller très vite.

Mon premier souvenir de lenteur remonte à mes 7-8 ans, quand je faisais de l’équitation.

Mon père m’accompagnait au club au fin fond de la montagne ardéchoise et il m’attendait jusqu’à la fin du cours pour ne pas se taper un double aller-retour dans les virages gerbants du trajet.

Au moment de panser le poney et de lui curer les sabots, je le revois s’exciter et me prendre le cure-pied des mains pour le faire à ma place, « sinon on est là jusqu’à demain ».

À l’école, j’étais bonne élève mais je me rappelle avoir dit très souvent à mes parents que je n’avais pas eu le temps de finir un contrôle. Entre chacun de ces examens stressants, je passais mon temps libre à réviser… à mon rythme.

À lire aussi : Le stress des examens : comment l’appréhender et l’éviter ?

Jusqu’à la fin de mes études supérieures, j’ai envié ces gens qui enregistraient les infos en lisant deux fois leurs fiches (je passais des journées à les apprendre par cœur) et qui avaient le luxe de se relire à la fin d’une épreuve écrite.

Dans le domaine scolaire et professionnel, j’ai toujours été victime de mon perfectionnisme. Je suis loin de considérer cet aspect de ma personnalité/de mon fonctionnement (rayer la mention inutile) comme un atout…

Car s’il est chouette de vouloir faire les choses bien, c’est autre chose de pinailler sans fin sur des détails qui ralentissent l’accomplissement de la tâche globale !

Il y a bien certainement une histoire de confiance en soi là-dessous, car j’ai compris avec les années que le perfectionnisme n’est qu’une façade sophistiquée du doute, et qu’il peut se muer en procrastination.

Bien sûr, cela présente l’avantage d’avoir de hauts standards et de ne pas se reposer sur ses lauriers en recherchant la performance.

Mais cela devient un véritable handicap si on ne me laisse pas le temps nécessaire pour ce faire.

Me dépêcher, la ligne droite vers l’échec

À moins de posséder un haut niveau de maîtrise dans une discipline, tout le monde s’accorde sur le fait qu’il est difficile de faire les choses vite et bien.

Pour moi, c’est tout bonnement impossible.

Me dépêcher, c’est le meilleur moyen que je connaisse pour paniquer, prendre des décisions insensées sur un coup de tête, oublier la moitié des trucs à faire et semer quelques bourdes au passage.

Je ne voudrais pas passer pour une artiste imbue de sa propre mollesse mais je ne peux pas travailler correctement sous pression, c’est un fait.

D’ailleurs, ma lenteur n’est pas synonyme d’inefficacité ! J’ai eu une belle scolarité, je n’ai été virée d’aucun boulot, je me suis même épanouie comme une petite fleur dans le jus dans la restauration.

Être lente ne m’épargne pas d’être stressée, bien au contraire.

Loin de me mettre un coup de fouet qui me ferait accélérer, la pression me freine d’autant plus. Mon système s’éteint, mes pensées se brouillent, chaque geste est un effort.

C’est comme un réflexe de survie au stress : pour compenser, je ralentis encore plus, parfois jusqu’à la paralysie.

J’ai besoin de temps pour réfléchir, mettre en ordre mes idées, planifier mon passage à l’action. C’est non négociable, incompressible, et j’ai dû m’adapter à cet état de fait en apprenant à anticiper.

Je sais que je ne suis jamais satisfaite d’un premier jet. J’ai besoin de laisser le truc reposer, d’y repenser, d’y revenir.

Il m’arrive de culpabiliser parce que je ne vais pas « assez vite ». Dans ces cas-là, je me souviens de cette belle phrase de Lao-Tseu :

« La nature fait les choses sans se presser, et pourtant tout est accompli. »

Voilà. Je suis lente, et le monde va devoir s’y faire.

Le seul cas dans lequel je peux éventuellement accepter de me dépêcher.

La lenteur, un confort indispensable

Par contre, je suis la personne qui marche le plus vite dans le métro de TOUT le pays.

Je ne supporte pas de perdre mon temps dans ces sous-terrains pestilentiels et je maudis intérieurement les gens lents qui flânent dans cet enfer et m’obligent à dévier de ma trajectoire.

C’est le seul contexte dans lequel je trace tout le monde. Mais le reste du temps, je n’aime pas me dépêcher, et puis c’est tout. 

Mes collègues savent que si elles me proposent de descendre prendre une pause, je vais très certainement prendre quelques minutes pour finir ce que je fais, pisser un coup, chercher mon manteau, trouver mes cigarettes…

Et qu’il vaut donc mieux commencer sans moi si on est pressée !

Quand j’étais au collège et que mon bus partait à 7h12, je me levais à 5h30 pour avoir tout le temps dont j’avais besoin le matin.

Une demi-heure dans la salle de bain, une demi-heure pour préparer et avaler mon petit-dèj devant Bob l’Éponge, une demi-heure pour rassembler mes affaires et être prête à partir sans suer la moindre goutte de stress.

À lire aussi : Comment (et pourquoi) faire durer le plaisir au lit ?

Ma lenteur, c’est mon confort et je n’ai pas très envie de le sacrifier sur l’autel de la performance. 

Qui a décidé que tout devait allait vite, très vite, plus vite si ce n’est un perfide capitaliste avide de profit ? Non, je m’excuse, mais ça n’est pas ma philosophie.

Il y a peu, une amie en recherche d’emploi me lisait cette absurde annonce qui visait un candidat « enthousiaste à l’idée de gérer beaucoup de pression ».

Mais qui a vraiment envie de vivre pressé comme un citron ? Qu’avons-nous à y gagner collectivement ?

Au bout du compte, le temps n’est qu’une succession d’instants présents. les journées font toujours 24h et à la fin, on meurt.

Être lente, pour rester saine d’esprit

Il m’arrive même d’entretenir consciemment ma lenteur, histoire de rester saine d’esprit dans ce monde de fous.

En premier lieu, j’ai appris à être patiente avec moi-même, à ne pas me flageller quand je ne vais pas aussi vite que je le voudrais.

Cela m’a enseigné au passage l’art de ne pas m’irriter quand ce sont les choses extérieures qui n’avancent pas à la vitesse souhaitée.

Ma lenteur m’aide à être calme, et à le rester. Car, mis à part la vélocité avec laquelle j’effectue telle ou telle action (qui ne fait pas une grande différence à l’échelle de l’Univers), je reste impuissante à maîtriser la plupart du décor de mon existence.

Une grande partie de ce qui fait ma vie est constituée de facteurs extérieurs sur lesquels je n’ai aucune prise.

Pour ne pas en venir aux mains quand le métro décide de s’arrêter 15 min sans aucune raison alors que je suis en retard, il m’a fallu apprendre à attendre, à ralentir.

À lire aussi : Un rapport sexuel durant 20 min, c’est trop ou trop peu ?

Ainsi, la patience est une vertu que je tiens en haute estime et qui implique du lâcher-prise sur les choses qu’on ne peut contrôler. Être lente offre un avantage incontestable : celui d’être ancrée dans le moment présent.

Aujourd’hui, tout le monde prend conscience que ralentir n’est pas du luxe dans une société qui s’est peut-être un chouïa emballée en chemin.

On produit vite grâce aux machines, on se déplace vite grâce aux transports, on s’échange des infos vite grâce à l’Internet…

Mais à l’échelle humaine, rien n’a vraiment changé.

Mijoter un plat une heure prend toujours une heure, marcher un kilomètre correspond toujours à marcher un kilomètre et savoir si cette personne est faite pour toi ne se décide pas plus rapidement parce que tu captes la 4G.

Je sais que les stressés du bulbe envient secrètement mon flegme, eux qui sont sans cesse en train de se précipiter dans un futur qui arrivera bien assez tôt !

En attendant, chacun son rythme. Les choses me prennent le temps qu’elles me prennent, et si vous me trouvez trop lente, c’est peut-être que vous allez trop vite.

Et toi, est-ce que tu culpabilises d’être lente ou d’agir trop vite ? Comment as-tu fait la paix avec ton rythme ? 

À lire aussi : Comment gérer un cerveau qui va trop vite ?


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Les Commentaires

25
Avatar de NoInspiSorry
6 novembre 2019 à 21h11
NoInspiSorry
Je me reconnais tellement dans cet article... Sauf que comme d'autre que j'ai pu lire, ma lenteur m'a déjà et me porte encore occasionnellement préjudice.
Surtout en grandissant dans une famille de gens rapides, toujours pressés, bah ça passe pas. donc ça a été, à une époque, très difficile à vivre au quotidien (maintenant qu'on n'habite plus dans la même maison c'est mieux, mais quand même).
Quand on y rajoute mon incapacité à mesurer le temps qui passe genre "ah cool j'ai été rapide... ah non en fait ça m'a pris 45mn" ou "bof ça en 10mn c'est plié... ou pas, en fait j'ai mis le triple" c'est encore pire. ca m'est arrivé de me donner des heures de rendez-vous, et arriver en retard sans même savoir pourquoi. Une personne normale aurait pu se préparer en autant de temps, j'aurais dû pouvoir le faire, j'ai pas l'impression d'avoir traîné, j'ai pas fait autre chose... et pourtant je suis en retard. Et le pire c'est que je déteste être en retard !
Et alors rajoutez-y une énoorme couche d'anxiété... C'est vraiment un problème pour moi au quotidien.
Même au travail par exemple, je culpabilise toujours parce que je mets souvent plus de temps que les autres à faire les même taches, et même si je m'améliore je culpabilise énormément...
Enfin bon pas facile tous les jours, mais j'y travaille et j'avoue que lire cet article et certains témoignages me fait me rendre compte que je suis loin d'être seul alors ça aide à relativiser
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