Avoir 20 ans, chercher un boulot, un mec, passer des soirées entre amis et gérer ses problèmes familiaux… Vue et revue, la série de colocataires est devenue de nos jours un genre à part entière, dominé par le modèle Friends.
Oui, mais : la nouvelle pépite de Prime Video, As We See It, est centrée sur les vies de Violet, Jack et Harrison, trois personnes autistes vingtenaires qui vivent ensemble et cherchent leur place dans un monde qui a bien du mal à leur en faire une.
Des personnages autistes joués par des acteurs autistes dans As We See It
Produite par Jason Katims, père de Parenthood et surtout de la grande série des années 2000 Friday Night Lights, As We See It affiche les grands traits de ses prédécesseuses : des héros au cœur noble, ouverts au monde, sensibles et incompris.
À rebours de l’habitude quasi-systématique qu’a Hollywood de caster des acteurs neurotypiques dans des rôles d’autistes, comme l’a fait encore récemment la série Netflix Atypical, As We See It nous offre la possibilité d’admirer le travail d’acteurs autistes.
Ainsi, Albert Rutecki joue Harrison, un jeune homme en surpoids extrêmement timide pour qui il est difficile d’aller dehors, ne serait-ce que pour prendre le bus. Rick Glassman incarne Jack, un programmateur informatique engoncé dans sa rigidité, (pas si) secrètement angoissé par la maladie de son père.
Mais la révélation d’As We See It est bien Sue Ann Pien qui, jouant Violet, s’avère aussi flamboyante et colérique qu’émouvante dans sa volonté sans cesse répétée d’être « normale ».
Le regard neurotypique d’As We See It
On trouverait presque gênante la place accordée aux personnes neurotypiques dans cette adaptation de la série israélienne On the Spectrum. Car les trois colocataires, qui vivent les galères de la vingtaine autour des amours et du travail, sont accompagnés d’une assistante de vie, Mandy (Sosie Bacon). Mi-coach, mi-thérapeute, la jeune femme traverse également ses propres remises en question, comme lorsqu’elle se demande si elle veut devenir médecin ou continuer son travail auprès des trois héros.
L’impact sur les familles est évoqué en filigrane des huit épisodes d’As We See It, et non pas comme l’unique préoccupation — c’est encore trop souvent le cas dans d’autres œuvres. On pense à Music de Sia, par exemple, un film qui s’était attiré les foudres de la communauté autiste en cumulant deux tares : une narration centrée sur les déboires d’un personnage neurotypique et une actrice non-autiste incarnant Music, l’héroïne autiste.
À travers le regard de Sosie et de Van, le frère de Violet, on comprend les sacrifices que font les proches des personnes autistes au quotidien, mais aussi l’amour infini qu’ils ressentent envers elles. Ceci dit, la série est sans fards lorsqu’il s’agit de montrer comment le monde extérieur peut aussi utiliser, sexuellement ou émotionnellement, ces mêmes personnes autistes. Ou tout simplement les abandonner.
En cela, As We See It réussit le pari de montrer la vie de jeunes adultes comme les autres, à quelques manières de penser près. Et comme le déclare l’un des personnages à un moment-clé de la série : « En quoi c’est si génial d’être normal, après tout ? »
Regarder « As We See It » sur Prime Video
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Crédit photos : Amazon Prime Video
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